1999-06-02 Barre des Ecrins
Barre des Ecrins (4 102 m)
Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.
Après notre traversée des Aiguilles des Cinéastes hier, ce matin, je serais bien resté un peu plus dans le duvet, il est 3h00 quand je m’en extirpe.
Trente minutes plus tard, nous sortons du refuge, et, surprise, il a neigé, pas de grosses quantités, 15 à 20 cm, mais juste ce qu’il faut pour ralentir un peu notre progression. Nous installons les crampons à la frontale et, après nous avoir encordés, nous mettons en route. Comme hier, la première cordée pour Hervé et José, et la seconde, Claude, Didier et moi-même.
Nous partons par l’arrière du refuge, le chemin empierré est plus délicat avec la neige, le pas, un peu hésitant. Nous sommes contents d’arriver sur le Glacier Blanc, la marche semble plus facile car presque sans surprise, mais le dénivelé est là. Nos chefs de file doivent être à l’affût d’une potentielle crevasse. Hervé et José, plus rapides, font la trace. Au loin, sur un promontoire rocheux, nous pouvons apercevoir, comme sur la proue d’un bateau, un faible éclairage, c’est le Refuge des Ecrins (anciennement appelé Refuge Caron), nous en prenons la direction. Le jour se lève, un réveil progressif, magnifique. Que c’est beau ! Et en plus, dans un silence absolu.
Nous passons au pied de ce promontoire et continuons à remonter le glacier en direction du Dôme. Il se distingue bien maintenant, et que dire de la Barre qui le surplombe, majestueuse !
Alors que cela fait plusieurs heures que nous cramponnons dans la neige, un peu au dessus du Col des Ecrins, le brouillard s’abat sur nous. Le soleil qui nous réchauffait disparaît et la fraîcheur s’installe. Qui dit brouillard, dit visibilité. Didier, en tant que chef de file, nous demande de nous arrêter momentanément, le temps que le brouillard s’estompe. Au bout d’une trentaine de minutes, la visibilité a encore diminué et nous sommes frigorifiés. Alors que nous devons passer sous des séracs et éviter des crevasses, Didier stoppe l’ascension, la sagesse prime. Personne ne dit mot, c’est dans le regard que l’on peut lire la déception de chacun, nous faisons demi-tour, nous sommes frustrés. Face à la montagne, il faut rester humble, et respecter les volontés de Dame Nature.
Hormis franchir la ligne imaginaire des 4 000 m, c’est le point de vue de la Barre des Ecrins qu’il me manque de voir. Le Mont Blanc et le Cervin dans le même tableau, ça doit être top quand même !
Il faudra revenir.
La descente sera ponctuée de nombreux petits arrêts pour un dernier regard.