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Jean VRP de la montagne
1 juillet 2002

2002-06-11 Le GR20 du Nord au Sud P2

Le GR20 du Nord au Sud Partie 2/6

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de la partie 6.

Pour revenir à la partie 1

 Jeudi 13 Juin 2002 : 2ème étape

 Ortu di u Piobbu 1 570 m - Carozzu 1 270 m

 Altitude maximale 2 020 m - Altitude minimale 1 270 m

Dénivelé positif cumulé 621 m - Dénivelé négatif cumulé 871 m

 Douche pleine nature, douche pure,mais attention à la température !

Aujourd’hui, Nicolas à 22 ans, je l’appellerais ce soir, pour l’instant, il est un peu tôt. La nuit a semble-t-il été réparatrice. Pendant que nous prenons notre petit déjeuner, nous voyons les premiers randonneurs passer. Le fait de dormir en refuge leur fait gagner environ une heure sur nous. Il y a plusieurs groupes que nous commençons à reconnaître. Nous pouvons remarquer des personnes de toutes nationalités, Anglais, Canadiens, Québécois, Autrichiens, Allemands et un Portugais. Nous apercevons un couple d’au moins 65 ans, nous sommes sidérés de les voir ici, nous les avions vus à Calenzana. Il n'y a vraiment pas de quoi fanfaronner sur le GR lorsque que l’on voit des personnes comme cela.

Jean et Custo au Bocca Piccaia

La journée commence assez hard, de la dalle et des marches de 40 à 50 cm. D’autre part, il est préférable de garder son équilibre, car de chaque côté, il y a des genévriers piquants. Alors, dès que l’on met la main, la sanction est immédiate. Nous essayons les bâtons, mais, je ne me sens pas à l’aise au cas où la chute surviendrait, j’essayerai à nouveau plus tard. Tout au long de notre parcours, je suis obligé, pour éviter la chute, de regarder où je pose chaque pied, de ce fait, je ne peux ignorer les magnifiques fleurs dans les interstices. Certaines bleues et d’autres blanches sur fond de roche rose, agrémentent notre route. Comme hier, le soleil nous rejoint au sommet, c’est ça de gagné. Nous apercevons à quelques encablures les 4 As partis 30 minutes avant nous. Nous atteignons peu après le premier col, le Bocca Piccaia à 1 950 m, en haut duquel nous découvrons le saisissant spectacle offert par les plus hauts sommets corses. Devant nous, nous avons le Monte Cinto ainsi qu’une nouvelle fois une superbe vue au Nord Ouest de Calvi et de sa baie.

Petite descente !

Après la pause, nous continuons à nous élever jusqu’à 2 020 m pour suivre ensuite une longue ligne de crête très accidentée où serpente le chemin. Nous trouvons une succession de montées et de descentes de part et d’autre de la crête, avec des passages techniques de grande qualité qui nous font penser que le GR20 est une affaire sérieuse. Bien que le repérage rouge et blanc du GR soit convenable, ne sachant quelle direction prendre, il arrive que nous déposions les sacs, le passage devenant particulièrement technique. Nous laissons donc les sacs sur place et escaladons jusque la prochaine trace hypothétique puis, une fois la trace trouvée, revenons chercher les sacs pour poursuivre notre route. En effet, il faut parfois escalader des parties rocheuses, et avec 25 kg dans le dos, c’est assez délicat. Personnellement, je préfère ce genre de passage par les crêtes, beaucoup plus intéressant, et offrant souvent de meilleurs panoramas. Nous atteignons le deuxième col, le Bocca d’Avartoli à 1 898 m, puis Bocca Carozzu à 1 865 m et empruntons une longue descente empierrée de plus de 750 m de dénivelé où les méandres du sentier nous rapprochent lentement du refuge Carozzu. Cette descente est épuisante, elle va durer 1H30, il faut ménager genoux et chevilles. Mes genoux dégustent, quant à Custo, ce sont ses pieds, nous sommes sans cesse en déséquilibre sur des pierres instables. Nous retrouvons la végétation, après les aulnes, le buis avec ces odeurs qui nous accompagne jusqu’au refuge. Nous arrivons fatigués, mais sans dommage.

Dur, dur

Nous nous dépêchons d’installer notre bivouac totalement à l’ombre. Puis le déjeuner sur la terrasse, la vue sur la mer est superbe, le refuge est orienté plein Ouest vers le golfe de Galéria. Au menu comme chaque jour ; soupe, fruits secs, Babybel, cake, barre de céréales. A nouveau je m’octroie une sieste d’1 heure. Au réveil, Custo est dans ses écritures. Moi je vais prendre ma douche. Génial, la douche pleine nature est un modèle unique, elle est située derrière quelques taillis de buis où un tuyau est suspendu à une branche d’arbre d'où s'échappe un filet d'eau glacée. Le sol est quant à lui revêtu d’un caillebotis en plastique. En ce qui concerne la protection contre les voyeurs, il n’y en a pas. Primaire, mais efficace et vivifiant. Custo découvre la douche après moi, il est, lui aussi étonné. J’essaie de téléphoner à Nicolas, malgré plusieurs tentatives, les portables ne passent pas, je renouvellerai mes essais plus tard voire plus loin. Ensuite, je fais ma lessive, en fait, je me limite à faire un bon rinçage.

Nous reprenons nos crayons, pendant que le gardien aménage de nouvelles aires de bivouac. Pour cela il emploie la tronçonneuse !! Cinq minutes mais dur rappel de la réalité et du monde moderne. L’heure du repas arrivant, nous prenons place à une table occupée par sept hommes, (les 7 mercenaires) âgés de 45 à 55 ans qui arrivent de Conca. La conversation s’engage, l’un d'eux est un ancien lillois devenu niçois. Il nous entonne même Le Petit Quinquin et quelques paillardes nordistes. Ils nous racontent qu’ils ont soulagé des Suisses, partis avec des sacs trop chargés. Ils ont récupéré quelques kilos de nourriture. Bref, notre soirée se passe bien, mais il faut penser au lendemain. Nous retournons donc à notre bivouac pour les derniers préparatifs avant de se coucher. Nous regrettons de ne pas avoir fait de photos de la douche et de la vue sur le golfe de Galéria. Nous n’avons pas encore pris le rythme de croisière.

Coucher de soleil de la terrasse du Refuge Carozzu

Vendredi 14 Juin 2002 : 3ème étape

Carozzu 1 270 m - Asco Stagnu 1 422 m

Altitude maximale 2 010 m - Altitude minimale 1 220 m

Dénivelé positif cumulé 760 m - Dénivelé négatif cumulé 608 m

La dalle,          pas banale

Le rituel du matin effectué, nous prenons la route. En traversant le bivouac, nous enjambons quelques randonneurs qui finissent leur nuit à la belle étoile.

La passerelle de Spanisota

Peu après le départ, nous sommes sur les traces de Jacques Calvet et sa femme. Le contact est établi lorsque nous traversons le ruisseau de Spasimata (1 220 m) par la passerelle suspendue du même nom. Elle est très sympa, elle surplombe le ruisseau d’une vingtaine de mètres. Sur la rive gauche des gorges nous empruntons des grandes dalles de pierres en dévers avec quelques passages techniques, nous laissons derrière nous le groupe PSA. Ces dalles nous allons en profiter pendant 1 heure (nous comprenons pourquoi sur les différents topos que cette étape est indiquée comme passage particulièrement délicat en cas de pluie). Après ce passage, nous quittons le Spasimata pour nous enfoncés dans la végétation, toujours des aulnes omniprésents et quelques genévriers piquants. A notre arrivée, au lac de Muvrella à 1 860 m, les 4 As redémarrent. Nous faisons notre pause au lac. Ce lac, nous en voyons le fond et il nous est bien difficile d’en évaluer la profondeur. La seule tache au tableau est en surface. Des feuilles d’aulnes flottent, ce qui donne une illusion de pollution. Nous sommes un peu déçus. Au refuge, hier soir on nous avait signalé, qu’à cet endroit les portables passaient. Je profite pour souhaiter l’anniversaire à Nicolas et donner des nouvelles au camp de base par répondeur interposé, tout le monde est au travail.

2002-06-15 050 NE218-Et ce n'est que la première étape

La pause terminée, nous nous dirigeons vers le col à une trentaine de minutes par une partie raide. Nous croisons quelques personnes et en croisant l’une d’entre elle, l’endroit étant étroit, je me mets sur le côté. La personne passe et prend appuie avec ses bâtons sur une pierre assez imposante. Celle-ci n’a que l’allure, en effet la pierre bascule et le randonneur avec. Il fait quelques pirouettes à travers les pierres, mais par chance ne se blesse pas. Il n’a que les bras écorchés. Une belle peur. La chose embêtante sur ce GR, c'est qu'il n'est pas possible d'admirer le paysage en marchant. Chaque pas doit être négocié ; la moindre inattention fait trébucher dans la seconde qui suit, et il y a beaucoup d'endroits où il ne vaut mieux pas tomber. Les quelques dizaines de mètres de plat sont d'une rareté appréciable. Par contre, on ne s'ennuie pas ; depuis le départ, la variété des sentiers semble inépuisable et aucun tronçon ne ressemble à un autre. Toutes ces variations se font autour d'un thème unique : la rocaille. Tous les chemins sont faits de rochers, de dalles ou de cailloux. La difficulté du GR vient en bonne partie de là.

Arrivée au col Bocca a i Stagni à 2 010 m, nous changeons de versant, d’ailleurs, nous en changeons régulièrement avec quelques difficultés techniques que nous apprécions particulièrement. Au dernier changement de versant, nous voyons le refuge d’Asco Stagnu qui se trouve à 1 422 m, soit quelques 600 mètres sous nos pieds. Le refuge est facilement repérable, car un parking en macadam, l’entoure. Comme d’habitude, la descente est pénible, chaque jour à sa peine, mais à chaque jour sa descente plus pénible jour après jour. Aux deux tiers de la descente, nous rencontrons deux randonneuses qui font le col de Bocca a i Stagni. Nous discutons quelques minutes puis reprenons notre chemin pour en finir avant que nos genoux nous lâchent.

Haut Asco

Dès notre arrivée, nous installons notre bivouac, puis déjeunons avec le menu habituel. Nous sommes dans une ancienne station de ski désaffectée depuis une dizaine d’années par manque de neige, Haut-Asco. De ce fait le refuge est relié à la civilisation par une route. Il est voisin avec un hôtel restaurant qui est encore en activité. Nous allons prendre notre douche. Celle-ci sera courte car elle est brûlante, tout compte fait, je préfère les froides. Nous faisons connaissance avec les 4 As Jurassien, sympas que nous allons côtoyer de temps à autre sur le parcours, au gré de notre rythme, et partager quelques bons moments pendant quelques jours. Ils nous apprennent que la dame du couple âgé que nous avons rencontré sur les premières étapes et que nous apercevons parfois le soir a 71 ans. Nous sommes stupéfaits. Cette personne, incontestablement devait-être une grande sportive. Je n’ose pas parler de mes bobos. Nous discutons de choses et d’autres et décidons de manger au restaurant de l’hôtel. Le rendez-vous est pris pour 19 heures. Mais avant, nous avons du temps devant nous ; le refuge étant pourvu d’un petit ravitaillement, nous allons acheter un pain, trois types de saucisson Corse (Coppa, Prizuttu et Salamu), une tablette de chocolat et un fromage de chèvre. C'est le début d'une longue quête du meilleur fromage Corse... Nous nous mettons à goûter tout de suite. Après trois tartines, je suis repu, Custo, quant à lui, mange le reste du pain sans problème. Le chocolat ne résistant pas à la chaleur, les 4 As nous aide à le manger ! Comme demain, il n’y a pas de ravitaillement possible, Custo va chercher un autre pain. Maintenant, nous pouvons attendre 19 heures.

Haut Asco

Un hélicoptère de la sécurité civile nous survole, il doit certainement y avoir un accident. Il tourne du côté du Cirque de la Solitude, l’étape de demain donnée pour la plus difficile du GR. Cette étape est annoncée par tous comme la plus difficile du GR20, en raison de plusieurs passages rocheux et dangereux en pente raide. Des chaînes équipent des passages pour aider leur franchissement. Sur la carte IGN, cette partie de l’itinéraire est indiquée en pointillés, ce qui signifie "passage délicat". Quelques minutes plus tard, nous voyons réapparaître l’hélicoptère, il vient se poser à proximité du refuge. Deux personnes en descendent, un secouriste et une dame, pendant ce temps l’hélicoptère fait une rotation vers le Cirque de la Solitude. Nous observons cela de loin, la personne secourue subie une perfusion, probablement un problème hypoglycémie. L’hélicoptère revient se poser, apparemment, il n’y a qu’une personne. Pendant que nous sommes la tête en l’air, à nos pieds se déroule un mini Jurassic Park ; en effet des lézards se battent, impressionnant, ce n’est pas du cinéma. Pendant ce temps, deux des 4 As sont en train de peindre une table et un banc, ils ont monnayé leur travail contre un fromage et une bouteille de vin. La gardienne du refuge est aux anges. L’affaire est vite entendue.

Haut Asco

Vers 19 heures, alors que je me prépare pour le restaurant, je me rends compte que j’ai une ampoule sur mon talon gauche. C’est la première des quatre pieds, à suivre. Dès notre arrivée, pendant l’apéro, je profite pour donner de nos nouvelles à nos cheftaines. Nous allons rentrer dans les terres et les hauteurs, les portables seront caducs. Je retrouve mes compagnons dans la salle de restaurant où le menu du randonneur a été commandé pour tous. Au menu : soupe légumes, crudités, blanquette de veau (Corse ?), fromage de chèvre et fruits Corse. Tout ceci arrosé d’un petit vin Corse. Pendant le repas, nous avons fait plus amplement connaissance. Ils sont tous amis et, travail tous les quatre à la SNCF. Ils font la partie Nord et, à Vizzavona, ils prennent le train pour rejoindre Bastia, ça va leur faire drôle. A notre table, il y a aussi Johnny Weissmuller, personnage atypique, retraité de commerce de 59 ans, il est bien de sa personne, il a une pêche d’enfer et aussi une grande gueule. Comme nous, il tient un carnet de bord. A 21 heures 30 nous regagnons le bivouac car demain réveil à 4 heures 30, il est écrit que c’est l’étape la plus dure du GR. Avec la petite expérience que j’ai du GR, je ne puis plus dire ce qui est difficile de ce qu'il l'est moins car chaque jour il y a une pente plus raide, plus longue ou plus caillouteuse. Le moindre morceau du GR serait marqué comme difficile et dangereux dans une autre randonnée, mais je m'y fais.

Samedi 15 Juin 2002 : 4ème étape

Asco Stagnu 1 422 m - Tighjettu 1 640 m

Altitude maximale 2 183 m - Altitude minimale 1 422 m

Dénivelé positif cumulé 999 m - Dénivelé négatif cumulé 781 m

Le cirque de la Solitude,          c’est la plénitude

Etant donné qu’elle est écrite pour la plus difficile du GR pour cause de Cirque de la Solitude, on se lève à 4 heures 30. Résultat, départ 5 heures 30 soit 10 minutes de gagné pour une demi-heure de sommeil en moins !! A quoi cela est dû ? Je n’en sais rien. Au petit déjeuner habituel, Custo finit le saucisson et moi, je mange du pain car le lyophilisé ne me dit absolument rien ce matin, je mange du bout des dents (la perte de temps est peut-être là).

Il faut simplement suivre les repères

Au départ, nous empruntons la piste bleue à côté d’un téléski tout rouillé qui dégrade le paysage. Cette piste est jonchée d’une multitude de petits sapins. La chaîne du Monte Cinto est superbe sur notre gauche, et nous voyons peu à peu les hauts sommets qui se découvrent, comme la Punta Minuta, la Punta Rossa. Ambiance « haute-montagne » assurée ! A 6 heures 30, derrière nous se déroule un magnifique lever de soleil entre les montagnes. La vallée est orientée Nord-Est. Le soleil nous chauffe le dos pendant une heure, le temps de rattraper un plateau herbeux, puis un ancien cirque glacière qui se trouve à l’ombre à notre passage. Arrivés en haut du cirque, nous sommes à Altore à 2 000 m entourés de caillasses. Un espace bivouac est prévu pour une tente de deux personnes, pas plus. Nous sommes à une ½ heure du col que nous devinons au loin. Pour y accéder, il nous faut passer plusieurs névés. Nous les passons avec prudence car sur les bords, cela fait d’énormes casquettes très impressionnantes. La liaison entre les différents névés se fait toujours par des marches énormes où le rétablissement avec les sacs est toujours difficile.

Bocca Tumasginesca 2218m

Nous arrivons au col Bocca Tumasginesca à 2 183 m (Col Perdu) entrée du Cirque de la Solitude c’est une brèche étroite dans la montagne. Quelques rochers masquent le précipice. Le cirque de la solitude est là, devant nous. Le contraste créé par les sommets ensoleillés accentue l'impression d'abîme plongé dans les ténèbres. Le ravin entouré de parois abruptes est impressionnant. Nous avons rejoint une nouvelle fois les 4 As. Nous faisons la pause avec eux. La discussion se tourne naturellement vers le Cirque.

Cirque de la Solitude

Une 7ème personne qui s’était jointe à nous dernièrement se prépare et entame la descente. Les 4 As lui emboîtent le pas, nous attendons quelques minutes pour éviter de se gêner. Je m'engage le premier dans la descente abrupte équipée de grosses chaînes. L’expérience de l'escalade m'aide beaucoup dans cette partie. Il faut en effet dés-escalader. J’ai la réelle l'impression que nous sommes une poignée de privilégiés à être à cet endroit, j’ai le souffle un peu coupé par les énormes pics rocheux aux crêtes déchiquetées qui m’entourent. Il y règne une ambiance assez particulière où le temps semble être arrêté dans un silence grandiose. Les parois sont raides et les passages vertigineux, je reste très concentré, quelques centaines de mètres sont sous mes pieds. Il ne faut pas faire de gestes brusques et mesurer chaque mouvement que l’on fait tout en gardant trois appuis simultanés. Par contre, en raison du manque d'expérience et l’appréhension du vide de certains randonneurs, lorsque la fréquentation est grande, il est possible que les attentes au niveau des difficultés (passage de chaînes) soient importantes. C’est là que l’on apprécie d’être le premier sur les lieux. Lors de mon éducation, on m’a appris que « le monde appartient aux gens (Jean) qui se lèvent tôt », une preuve supplémentaire du bien fondé de ce dicton.

Cirque de la Solitude

Une fois la descente effectuée, nous contournons l’abîme du cirque par une ligne de niveau avant d’attaquer la remontée vers Bocca Minuta. Pendant cette remontée nous croisons une quinzaine de personnes, par chance, nous passons les endroits délicats avant eux, nous n’avons aucune attente. La remontée des 200 à 300 m nous paraît bien plus facile. Il suffit de faire abstraction du vide auquel nous tournons le dos. Avant d’arriver au col, il nous reste un petit ressaut à franchir, le soleil chauffe de plus en plus, je m’arrête un instant pour m’enduire de crème, ici, il ne fait pas semblant. A peine la crème étalée qu’une nuée de bêtes d’orage se collent sur mes bras. Même à 2 000 m, ils ne nous laissent pas en paix. Nous arrivons au col de Bocca Minuta à 2 218 m. Les 4 As sont arrivés depuis quelques minutes. Nous nous félicitons pour la réussite de ces passages difficiles et les belles images toutes fraîches qu'ils nous laissent. Nous avons trouvé que cette traversée était très sympa, très ludique, nous n’avons pas eu le moindre problème ni appréhension pour cette partie, mais je pense qu’il faut être un peu plus que randonneur pour apprécier pleinement ces lieux. Il est vrai que nous avançons avec des conditions météorologiques idéales. Passer ici sous la pluie doit être galère.

Cirque de la Solitude

Aujourd’hui, le problème est que le GR est banalisé dans son ensemble. Les gens viennent faire le GR comme ils partent faire une rando classique dans les Vosges. Ici, tout est différent, la montagne, les sentiers, les dénivelés, la déclinaison, la température. Nous avons rencontré un couple dans la première étape qui est parti avec 1,5 l d’eau pour deux pour 6 heures de marche, alors que notre consommation moyenne est de deux litres par personne (d’autres sont en basket). Un minimum de préparation et de connaissance s’impose. Etant bien dans les temps et le décor superbe, nous faisons une petite halte et grignotons une barre de céréales. Deux choucas s’approchent à moins d’un mètre pour récupérer quelques miettes. Les montagnes Corses sont partout autour de nous, les différentes teintes varient du noir à l’ocre clair en fonction de l’ensoleillement, c’est magnifique, nous sommes en pleine montagne. Le relief est accentué par la lumière. Nous testons les portables sans résultat. Nous attaquons la descente finale avec les 4 As jusqu'au refuge aménagé de Tighjettu. La descente est faite en grande partie de dalles qu’il faut toujours aborder de face. De ce fait les genoux travaillent moins au profit des cuisses. Nous descendons d’un bon rythme. A mi-descente, nous rattrapons le N° 7, nous le voyons au ralenti. Lorsque nous lui demandons la raison de son allure, il nous répond qu’il doit avoir une tendinite à un genou. De ce fait je lui propose mes bâtons car pour l’instant je n’ai toujours pas réussi à les exploiter correctement, il accepte avec joie. Trente minutes plus tard, nous sommes au refuge de Tighjettu à 1 640 m. Quant au N° 7, il arrivera deux heures plus tard.

Le plaisir dans une vasque

Le refuge est situé face à la vallée, il est de construction moderne, sur pilotis, il ne dénature pas le site. Il est en plein milieu du ravin de Stranciacone. Au-dessous, il y a deux tables et un évier pour la vaisselle et la lessive. Il y a aussi une douche… froide bien sûr. Sur la périphérie, quelques tables et emplacements de bivouac. L’inclinaison est telle que les emplacements sont prévus pour tente deux places. Etant les premiers, nous choisissons le plus grand, la tente rentre au chausse-pied mais l’environnement est super. Le bivouac installé, nous déjeunons lyophilisé avec du pain dans la soupe et du fromage de chèvre emmené depuis Asco Stagnu, puis douche et lessive. Deux des 4 As (l’as de cœur, Fred et l’as de pique, Denis) monnaye le traitement des tables avec le gardien. Il accepte avec joie, une chose de moins à faire ; pourtant, ici, il n’y a rien à faire. Fred et Denis se mettent au travail. Pendant ce temps, nous descendons une centaine de mètres à la rencontre de l’eau que nous entendons depuis notre arrivée. Nous découvrons une photo de carte postale, une petite cascade alimente une vasque de cinquante centimètres de profondeur, sur le côté une grande dalle est prévue pour le bain de soleil. Nous prenons un petit bain rafraîchissant et tonifiant, puis une petite séance de bronzage, un petit goût de paradis. Au retour, deux autres tentes ont pris place, il y a peu de personnes, beaucoup descendent aux Bergeries de Ballones à trente minutes de là, les emplacements sont plus grands. En fin d’après midi, nous voyons la super Mamie arriver, elle a passé le Cirque de la Solitude, Chapeau Madame. Au repas du soir, nous avons des pâtes agrémentées de fromage Corse avec du saucisson de Croix, encore un festin. Au final, cette journée s’est très bien passée, annoncée comme la plus dure, elle m’a semblé la plus facile pour les genoux. Custo pense que, comme nous sommes là, en pleine santé, rien ne peut nous empêcher de voir Conca, mais Conca est encore à 13 jours. Demain l’étape est courte, donc grasse matinée, le réveil sera à 5 heures.

La partie 3, c’est ICI

Image2

 

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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion de la montagne, que ce soit en randonnant, en courant, en skiant ou autres au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos.
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