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Jean VRP de la montagne
1 juillet 2002

2002-06-11 Le GR20 du Nord au Sud P4

Le GR20 du Nord au Sud Partie 4/6

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de la partie 6.

Pour revenir à la partie 3

Mercredi 19 Juin 2002 : 8ème étape 

Manganu 1 601 m - Petra Piana (Fabrikant) 1 842 m

Altitude maximale 2 225 m - Altitude minimale 1 601 m

Dénivelé positif cumulé 798 m - Dénivelé négatif cumulé 557 m

Si tu ne veux pas chuter,          regardes où tu mets les pieds

Ce matin réveil à 4 heures 30, nous essayons de gagner un maximum de temps. Le bivouac étant fait, nous partons à 5 heures 45.

Chercher le chemin !

Après dix minutes d’une légère montée, je glisse sur une dalle et mon sac m’emporte, je m’étale. Custo vient à mon secours car je n’arrive pas à me relever seul. Une fois debout, je m’ausculte, rien de grave, que des égratignures. Maintenant la montée est raide. Custo se maintient devant avec facilité. Quant à moi, je souffle, aujourd’hui, en plus du nez et de la gorge, j’ai la voix cassée, pourtant je n’ai jamais aussi peu parlé en une semaine. Ca grimpe raide, ce ne sont que de grosses pierres pas toujours stables, il faut être prudent. Nous voyons la Brèche de Capitello. Nous y arrivons après une courte mais très raide et instable montée, nous sommes à 2 225 m. Au passage de la Brèche, nous nous attendons à voir de la neige (sur le topo est indiqué que la corde et le piolet peuvent être utile). Il y en a, mais en petite quantité. Par contre la vue sur le Lac Capitello et Mello qui est encore à l’ombre est jolie. Malheureusement, ils sont actuellement à l’ombre pour l’instant. Nous contournons un immense cirque avec les deux lacs au fond. Nous continuons sur la crête, nous sommes sur la ligne de partage des eaux, nous en profitons pour faire notre pause et prendre quelques notes.

Lacs de Capitello et Melo

Celles-ci étant prises, nous nous dépêchons de repartir avant l’arrivée de randonneurs bruyants de l’équipe de sport vue hier soir. Nous allons contourner un immense cirque avec en toile de fond les deux lacs. Nous apercevons des montagnes à perte de vue. En restant sur la crête, nous adoptons un bon rythme, nous passons quelques grosses pierres, puis au fil de notre sentier, Custo se retrouve face à face avec une vache. Après un court dialogue, Custo a le dernier mot, il lui a dit « c’est moi le chef ». La vache n’a pas relevé et, est partie à travers tout. Avec quatre pattes, elles se déplacent avec grande facilité. Parfois, il m’arrive qu’un pied heurte une pierre car la splendeur des paysages attire toujours notre regard. Ici, il faut regarder où l’on pose les pieds. Si l’on veut contempler le panorama, l’arrêt est fortement recommandé. Nous passons le col Bocca a Soglia à 2 052 m avant d’attaquer une montée sévère, nous regardons une dernière fois les deux lacs ainsi qu’une petite pozzine, toujours surprenant à cette altitude. Cette montée nous amène au col Bocca Rinosa à 2 150 m. Custo, toujours devant avoue qu’il en bave, cela me réjouit, comme cela nous sommes au moins deux.

Lac de Capitello 1930m

Le soleil et la réverbération sont au maximum sur les grandes dalles rocheuses depuis la Brèche de Capitello. Ceci alourdit notre peine, nous devons escalader ou dés- escalader des gros blocs de granit, contourner ces dalles immenses. Nous n'en voyons pas la fin. Un dernier sursaut, et nous sommes sur une terrasse où une nouvelle pozzine a pris place toujours drainée par une eau très claire. Juste après nous traversons une série de névés, sur les bords, des branchages d’aulnes émergent, des bourgeons s’ouvrent. Nous arrivons au col de Bocca Muzzella à 2 206 m, nous changeons de versant. Je passe devant et je relance, parfois, manquant de souffle, je retarde quelque peu notre duo dans les montées raides. Nous descendons pendant une ½ heure un chemin généralement bon qui débouche sur le versant sud. Il est 10 heures 30, il fait chaud, nous apercevons le refuge tout en bas. Nous commençons la descente, mes genoux dégustent. Les marches irrégulières vont de vingt à cinquante centimètres, en dévers et parfois dans de l’eau, ça glisse donc rien de bien agréable, j’aspire être en bas. 12 heures, nous voici au refuge, nous déposons les sacs à l’endroit où nous bivouaquerons, enlevons nos chaussures pour nos sandales et enfin déjeunons calmement sans contrainte d’horaire.

Dernière pozzine

Le refuge de Petra Piana est aussi appelé Michel Fabrikant du nom du créateur du GR20, il y a 30 ans en 1972. Il est composé de trois bâtiments : la maison du gardien, le refuge proprement dit et le bloc sanitaire. Ce type de refuge, nous l’avons rencontré, Christine et moi au Parc National de la Vanoise l’année dernière. Il est tenu au sol par des câbles d’acier qui font le tour de la toiture. Nous sommes surveillés du haut de ses 2 622 m par le Monte Ritondo, nous pouvons l’atteindre en 5 heures 30. Il paraît que le point de vue est remarquable, il faudra revenir. Après le repas, nous installons notre tente. Trente minutes plus tard, les Canadiens arrivent et s’installent à côté de nous. Ils nous avouent que leur montre ne fonctionne plus et ils se calent sur nous pour le réveil. Custo les rassure en leur promettant de continuer à être bruyant le matin. Ensuite la traditionnelle douche, chaude (ballon solaire) et lessive suivent. Puis Custo s’échappe pour trouver quelque chose de rare, de l’ombre pour rédiger son roman. C’est la version officielle, en fait, je l’ai retrouvé, sous les aulnes au bord de l’eau. Et que fait-il ? La sieste. Custo, s’il peut manger et dormir, ça se passe bien, c’est une bonne nature.

Petra Piana en vue

Pendant ce temps, un hélicoptère de la gendarmerie nationale survole le coin pour repérer un éventuel randonneur en détresse. Ce ne sera pas encore pour nous. Vers 15 heures 30, alors que Custo ronfle, une dame fait tomber une pierre dans l’eau involontairement. Il sursaute comme une truite, cela fait 1 heure qu’il dort. Je profite de son réveil pour lui demander si l’on achète pain, fromage et chocolat. Il sursaute à nouveau, je crois que j’ai touché la corde sensible, il m’emmène chez le gardien. Nous revenons au bivouac avec nos victuailles. Nous nous accordons ½ fromage, le reste étant pour demain après midi. Quant au chocolat, la température nous oblige à ne pas le garder. Après ce régal, Custo prend son livre de poche et part à nouveau en quête d’un coin d’ombre. Pendant ce temps j’étudie le topo pour les prochaines étapes. Les deux dernières étapes, à l’arrivée au refuge, j’étais épuisé, aujourd’hui, il y a eu des ascensions difficiles comme chaque jour mais je vais mieux, « je remonte la pente ». Il est 18 heures, Custo n’est pas encore de retour, alors je vais voir ce qu’il fait. Après quelques recherches, je le trouve dans une vasque faisant trois mètres sur trois, il est heureux. Il fait des allers retour en sous l’eau, entre deux, un petit passage sous la cascade, puis, à nouveau des allers retour. Je le sors de son jardin d’Eden. Au retour, nous retrouvons Philippe, il nous informe que demain, il fait le Monte Rondo, donc, il nous suivra avec un jour de décalage. Custo se douche et nous allons dîner. Soupe, pâtes carbonara, fromage, dessert et café, le must. Après la vaisselle, nous discutons avec les Canadiens et allons nous coucher.

Jeudi 20 Juin 2002 : 9ème étape

Petra Piana (Fabrikant) 1 842 m - L’Onda 1 430 m

Altitude maximale 1 842 m - Altitude minimale 942 m

Dénivelé positif cumulé 489 m - Dénivelé négatif cumulé 900 m 

Les créatures,          du salon de l’agriculture

Le refuge de Petra Piana 1842m

La nuit a été excellente, de 22 heures à 4 heures 30 sans interruption, j’ai dormi comme un loir de haute montagne. Plusieurs raisons possibles : la fatigue qui s’accumule, nous sommes le 9ème jour, l’habitude du bivouac ou l’effet Zyrtec, ce médicament qui doit théoriquement me déboucher le nez et que je dois prendre le soir à cause des vertiges qu’il peut donner ; ici, il vaut mieux l’éviter. D’autre part, j’ai eu du mérite, car à quelques mètres de nous, à une tente voisine, un ronflement s’est fait entendre du crépuscule à l’aube, petit déjeuner compris. Nous voyons les premiers randonneurs partir à la frontale, il est 5 heures, probablement que ce groupe veut doubler l’étape. Nous, c’est à 5 heures 45 que nous démarrons après s’être assurés que nos Canadiens soient bien réveillés.

Le Manganellu

Deux itinéraires nous sont proposés, soit par les crêtes, plus courte et probablement plus facile, soit par la Passerelle de Manganellu, l’itinéraire « officiel ». Nous prenons le second, il n’est pas question de prendre un « raccourci ». Le départ est brutal, une descente de 900 m en 3 heures. Après une heure nous passons à côté des Bergeries de Gialgu à 1 609 m, nous franchissons une falaise par un petit chemin en pierres, aménagé il y a bien longtemps. Ici, ce sont les genêts piquants qui sont présents partout. Custo récupère quelques feuilles et quelques fleurs, il va peut être faire des essais de tisane. Nous continuons à longer le Manganellu qui va de cascades en vasques et de vasques en cascades toutes plus jolies les unes que les autres. On voit le fond de chaque vasque, on n’imagine pas la profondeur, la pureté de l’eau est incroyable. Nous rentrons progressivement dans une forêt de pins, il y a en a de majestueux.

Le Manganellu

Nous rencontrons MB qui a fait demi-tour au refuge de l’Onda et remonte à Calenzzana. C’est une célibataire de 40 ans, 1,60 m avec un sac de 20 kg, elle a une sacrée condition. Elle fait l’aller retour du GR20 Nord en plantant la tente à chaque milieu d’étape. La descente continue et nous voyons le sol régulièrement retourné par des animaux. Nous passons devant les Bergeries de Tolla à 1 011 m. Situé dans une clairière, l’endroit est très agréable, des chèvres et des chevreaux, sont en périphérie des Bergeries. Quant aux boucs, ils sont parqués dans un enclos avec un chien qui ne se laisse pas approcher. Les boucs ont des cornes immenses, elles font jusqu’à cinquante centimètres. Peu après nous passons au-dessus du Manganellu par sa passerelle. Nous sommes à 940 m et il est 8 heures 30. L’endroit est charmant, il paraît qu’une scène des randonneurs a été tournée ici. Pour nous, elle nous convient bien et nous faisons la pause. Quelques cacahuètes et une barre de céréales nous redopent.

Bain de fraîcheur

Nous voilà donc allongés au soleil devant une grande vasque qui nous tend les bras. Qu’allons-nous faire ? Eh bien oui!! Nous allons nous baigner, je pense même me baigner nu, mais, en quelques minutes plusieurs randonneurs convergent vers cet endroit. En fait, nous sommes à une intersection avec le sentier Mare e Monti. De ce fait, c’est en slip que nous nous rafraîchissons. Custo y est allé un peu hésitant, pour moi c’est un peu plus qu’hésitant. L'eau est froide mais cette baignade improvisée nous procure soudain un extrême bien-être, et nous donne surtout un coup de fouet, l’eau ne doit pas excéder une dizaine de degrés. Une fois remonté, je regrettais une nouvelle fois de ne pas avoir figé cet instant, je retourne à l’eau alors que j’étais sec. La seconde mise à l’eau se fait presque naturellement.

2002-06-15 222 NE902-Carte postale

Après ce petit repos, nous reprenons la route, il nous reste « que » 500 m de dénivelé pour le refuge de l’Onda. Après cette exposition au soleil, le sentier se fait en sous bois. La première partie se fait dans les pins avec ses odeurs de résine, le sentier est de bonne qualité, le dénivelé est constant et pas trop abrupt. Comme toujours, cela ne dure pas, nous bifurquons sur notre droite et nous voilà repartis dans des lacets entre les hêtres. J’ai l’impression de ne pas voir le bout, heureusement que nous sommes toujours à l’ombre. A la sortie de la hêtraie, le refuge est en vue, le moral est au beau, encore une de faite. Je ne sens plus mon sac à dos, il a du maigrir de 5 à 6 kg mais, on ne sent pas réellement la différence. Il nous reste des vivres jusque Vizzavona, pas un jour de plus. Après le plein des sacs, ça risque d’être très dur de reprendre la route du sud.

2002-06-15 223 NE903-Carte postale

Nous rentrons dans l’aire de bivouac du refuge de l’Onda à 1 430 m, un plateau herbeux de 100 m de côté nous est attribué. Il est entouré de fils de fer barbelés et de grillage, le même profil qu’au col Vergio, mais en beaucoup plus sympa. Nous installons la tente, le fil à linge entre nos bâtons de randonnée et nous déjeunons cool sous un arbuste, toujours a la recherche de l’ombre. Vaisselle, lessive traditionnelle et, nous allons rendre visite à la bergerie.

La Bergerie de l’Onda est située à 100 m du bivouac, un peu en surplomb, le refuge est environ 500 m plus loin. A priori, nous sortons le berger de la sieste, mais il nous accueille bien, nous lui achetons pain, fromage et chocolat. Le chocolat fait office d’un dessert immédiat, pour le reste, c’est à 16 heures que l’on s’y attaquera. Le berger est un homme rustre avec une grosse barbe, il a un accent étranger. Sa maison est un bric à brac invraisemblable, on a l’impression de revenir un siècle en arrière, contrairement aux autres, lui a une femme qui n’arrête pas d’aller et venir. Elle lave les seaux pour le fromage, fait la lessive, surveille les moutons, et lui, il est en terrasse en train de boire un verre et rire avec d’autres personnes, il reste zen. Nous comprenons pourquoi le bivouac est si bien entouré, une trentaine de cochons (de couleur noire en majorité) divaguent accompagnés d’une centaine de moutons et momentanément d’un cheval et de deux mules pour le ravitaillement. On se demande de quel côté est l’agresseur. Malgré toutes ces bêtes, il y a ni odeurs, ni insectes, preuve que lorsque tout est nature, c’est nettement mieux.

Les Bergeries de Gialgu

Nous prenons livres et carnets de bord et nous partons à la recherche de l’ombre. Pour le premier c’est ok, pour l’ombre il ne faut pas être difficile, c’est plus délicat. Nous trouvons chacun un endroit à notre convenance, tout du moins, nous nous y accommodons. Pendant que j’écris, les cochons, épris de liberté comme tous les animaux sur l’île, passent à un mètre de moi, broutant l’herbe. Cela dure jusque 16 heures où je retrouve Custo pour le goûter. Au retour vers le bivouac, à travers les taillis, je me trompe de chemin, j’en prends plein la tête par Custo. Nous nous installons à une table pour le goûter avec comme objectif, ½ pain accompagné d’½ fromage. Nous sommes assis à côté d’un couple Américano-Germanique. Nous discutons avec eux grâce au langage des signes de Custo (enseigné par Anne) et surtout au très bon français de notre hôte Allemand. Une fois notre objectif atteint, nous nous retirons pour nous nous doucher. Depuis une heure le ciel se voile, nous profitons de ce répit, de cette relative fraîcheur, c’est bon. Après la douche, je me réinstalle au soleil, qui est toujours filtré par le voile nuageux, pour écrire. Aucun mot ne sera écrit car je m’endors jusque 19 heures où l’estomac de Custo se réveille lui aussi.

La Bergerie de L'Onda 1430m

Nous dressons la table à côté de notre tente sur un superbe gazon. Custo cherche à allumer le gaz mais sans résultat, nous sommes en panne sèche. Nous profitons du gaz à la disposition des randonneurs pour faire notre repas. Tout à coup, un chien de la bergerie, se met à aboyer. Attiré par ce tapage, tout le monde cherche à en connaître la raison. D’un côté, nous voyons un chien attaché et, de l’autre son maître partir avec un autre chien, le fusil en bandoulière. Où part-il ? Nous ne le saurons jamais. Après le repas, nous préparons nos affaires pour demain et vers 21 heures, nous fermons la tente. Quelques minutes plus tard, quelqu’un vient cogner à la tente. C’est le gardien du refuge qui vient réclamer le droit de bivouac. Certains dorment depuis une heure, je pense qu’ils ne seront pas heureux. Maintenant nous pouvons dormir, enfin c’est ce que nous espérions car dehors, c’est à nouveau la cacophonie. Les cochons, les mules, les moutons et maintenant les vaches se font entendre, on se croirait au salon de l’agriculture. Espérons que tout ce beau monde dort bien la nuit, car moi j’aimerais bien. A savoir que c’est la première étape où nous n’avons pas vu la mer, il est vrai que nous avons bien descendu et que nous n’avons pas fait de crêtes.

Vendredi 21 Juin 2002 : 10ème étape

L’Onda 1 430 m - Vizzavona 920 m

Altitude maximale 2 141 m - Altitude minimale 920 m

Dénivelé positif cumulé 710 m - Dénivelé négatif cumulé 1 221 m 

Vizzavona,          la moitié est dernière moi

La nuit a été bonne, la seconde, je crois que je prends le rythme, il n’est jamais trop tard. Hier soir, je ne sais pas si les animaux se sont tus rapidement mais moi, je me suis endormi sans problème. Ce matin, à 4 heures 20, je me suis réveillé croyant avoir loupé l’heure. De ce fait, je me suis préparé et, Custo s’est réveillé lui aussi. Nous avons pris notre petit déjeuner avec une tri athlète Hispano-Suisse, Barbara qui parlait un tout petit peu le Français. Alors Custo a commencé son langage des signes, mais il a arrêté, il faisait encore trop sombre. A priori, elle double une étape sur deux et arrête à Vizzavona.

Prise de notes

A 5 heures 30, nous quittons le bivouac, nous avons du mal à trouver le départ du sentier surtout que nous ne souhaitons pas monter inutilement. Nous finissons par trouver le départ, Custo a une forme olympique aujourd’hui, il part devant, moi je monte tranquillement. A l’ouest j’entrevois la mer, et avant de m’infiltrer dans les aulnes, je vois un veau en train de téter sa mère. Cà, c’est un bon élevage à l’air pur et sans granulé. Puis j’arrive à la crête de Muratellu à 2 020 m où il est possible de faire une variante par le Monte d’Oru à 2 389 m. J’ai toujours Custo en point de mire lorsque j’attaque la descente. Je crains la descente qui, selon le rapprochement des courbes de niveau sur la carte, me promettent encore quelques belles souffrances. Elle est composée une nouvelle fois en majorité de grandes dalles. La qualité des semelles «vibram » fait que nous avons une bonne assurance dans ces passages. Par contre, si les dalles avaient été humides, ça se serait passé autrement, je pense que j’aurais frôlé la correctionnelle. A 8 heures 45, nous faisons la pause près d’un ancien refuge. Nous prenons quelques notes en grignotant.

2002-06-15 227 NE905-Denis peine

A la reprise, c’est vraiment dur, les genoux font très mal et ce pendant ¼ d’heure, après, cela va beaucoup mieux. Nous passons sur la rive droite de l’Agnone, puis, deux personnes nous doublent successivement, elles descendent presque en courant, je me demande comment elles font ? Cinq minutes plus tard, nous les voyons assis à l’ombre d’un pin !! Rien ne sert de courir, il faut arriver à point. Maintenant nous sommes sur un plateau, je récupère bien. Nous rencontrons un monsieur, légèrement enrobé qui porte un gros sac à dos tout en sueur, il s’adresse à Custo : « c’est encore loin l’Onda ». N’osant pas lui dire la vérité pour le décourager, Custo lui montre la ligne d’horizon et lui répond « il faut passer derrière et redescendre ». Seulement, à son rythme, il n’est pas là d’arriver. Plus loin nous rencontrons de plus en plus de touristes, nous devons nous approcher du but. Nous longeons les Cascades des Anglais, l’endroit est superbe, je pense que nous reviendrons tout à l’heure.

2002-06-15 232 NE910-Carte postale

En fait, il nous reste plus de 2 heures de descente, donc, c’est totalement utopique de croire que nous reviendrons. Près d’un bar à touristes, nous passerons à nouveau une passerelle et quittons l’Agnone. Pour arriver à Vizzavona, il nous reste une longue traversée d’une forêt sur un chemin carrossable qui se transforme en goudron. Nous arrivons à une intersection, GR20 Nord, GR20 Sud et la Gare de Vizzanona. Nous prenons la direction de la gare, nous faisons quelques lacets entre de jolies maisons de type colonial, toutes fermées. C’est bon, le GR20 Nord est fait, ça on ne pourra pas me le retirer, il nous reste la partie sud. Nous sommes à la gare de Vizzanona à 920 m, nous prenons les renseignements concernant le bivouac. Il est situé de l’autre côté de la voie ferrée. Il n’y a, ni eau, ni sanitaire.

La cascade des Anglais

Nous installons notre bivouac, puis allons chercher où trouver notre ravitaillement. Nous trouvons un commerce qui fait épicerie, 9 m2 de surface et aussi restaurant beaucoup plus grand heureusement, il s’appelle « Le Chef de Gare ». Tous nos projets de ravitaillement sont à revoir, nous ne trouvons pas ce que nous souhaitons. La dame se rendant compte de notre situation nous prévient d’une livraison prévue pour 17 heures. Nous prenons une recharge de gaz et une baguette à crédit et allons déjeuner. Après le repas, nous allons faire une sieste au bord de l’eau, à l’ombre dans le bois (ici cela existe). La sieste terminée, Tintin et Milou accompagnés de Saint Louis viennent nous rendre visite. Pendant la discussion, nous apprenons que Tintin est de Poyolle dans la Drôme et qu’il veut être tailleur de pierre. Nous débattons de choses et d’autres pendant une heure. Nous nous quittons, car ils repartent dès à présent et pensent dormir plus haut. Nous nous reverrons probablement plus tard.

Tout le début de l’après midi les hélicoptères ont tourné. A priori les secours ont du travail. Nous retournons à l’épicerie, normalement, elle a dû être livrée. Effectivement, c’est le cas, mais ça ne reste pas génial. Nous achetons des pâtes, fruits secs, barres de céréales, chocolat et lait en poudre, appareil photos et si l’on veut se vêtir, des tee-shirts à l’effigie du Ché à vendre. Nous prenons aussi un paquet de biscuits, spécialité Corse. La note s’élève à 80 €, je laisse le seul chèque vierge que j’ai au commerce qui servira aussi pour régler le resto de ce soir, ici, les cartes de crédit, ils ne connaissent pas. Nous repartons à notre campement, nous enlevons tous les emballages inutiles et répartissons cette nouvelle charge dans nos sacs. Depuis que nous sommes sur l’île, je me suis rendu compte qu’il ne devait pas avoir de monnaie. Les deux premiers taxis nous ont valus 20 € et 30 €, le pain 1,50 €, le fromage, 6, 7, et 8 €. Dans l’épicerie, pas de centimes d’euros. Le changement de monnaie n’est pas un problème pour eux. Le ravitaillement étant terminé, nous allons nous doucher. Le commerce met à la disposition des randonneurs une douche pour 1 €. Il y a du monde, nous attendons environ une heure, ce qui nous permet de discuter avec un peu tout le monde. Par contre nous ne faisons pas de lessive, nous avons encore des vêtements « frais ».

La cascade des Anglais

Vers 18 heures 30, nous nous retrouvons avec les Canadiens et le couple Américano-Germanique. L’Américaine étant allergique aux oléagineux, elle s’est fait expédier un colis des Etats Unis pour être sûre d’avoir le ravitaillement voulu. Le calcul n’est pas parfait, ils sont trop chargés, alors ils se déchargent de diverses choses. Ils nous offrent six tablettes de 200 grammes de thon importé des US. Nous les « soulageons » donc de 1,2 kg. Au refuge de Carrozu, les 7 mercenaires avaient eux aussi hérités d’un couple Suisse un poids de nourriture assez conséquent. A 19 heures, nous nous rendons au restaurant. En attendant la carte, nous observons les alentours. La patronne, elle va, elle vient, elle est sympathique, elle n’arrête pas. Le serveur, le crâne rasé, il court, il a l’air pas bien dans ses baskets mais il bosse et, est efficace. Il reste le patron qui cumule deux fonctions ; il est le chef de gare qui gère 7 passages de trains par jour, sa deuxième fonction, c’est gérant, il tient la caisse du commerce, tout passe par lui. Entre deux, il consomme avec les clients. Il y a aussi des habitués, l’un d’entre et vêtu d’un treillis militaire et se fait une joie d’interpeller en langue Corse.

La carte nous est amenée, nous choisissons des menus à 12 €. En entrée une assiette de charcuterie composée de Coppa, de Salamu et de Prisuttu avec pain et beurre, elles sont conséquentes. Il ne nous faut que quelques minutes pour rendre disponible nos assiettes et la corbeille de pain. Ensuite nos omelettes, pour Custo, elle est au Brocciu et menthe (fromage Corse), pour moi, uniquement au Brocciu. Nos deux omelettes sont accompagnées de gratin dauphinois. Pour terminer nous avons le choix entre fromage et dessert. Custo prend une tarte au fromage et moi une pomme. Le repas nous l’arrosons de deux bières Corses, la Pietra (bière blonde) et la Colomba (bière blanche) qui ont toutes les deux un bon goût. Pour terminer nous prenons le café. La patronne nous offre un alcool de châtaignes. Nous demandons notre note qui s’élève à 111 € (ravitaillement + resto). Nous rentrons à notre tente, repu et fourbu, satisfait de notre soirée. Pendant ce temps les Canadiens et le couple Américano-Germanique dorment à l’hôtel Larricci, lieu de réception des colis. 

La partie 5, c’est ICI

 

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion de la montagne, que ce soit en randonnant, en courant, en skiant ou autres au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos.
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