2008-08-29 Ultra Trail du Mont Blanc P2

UTMB, l’Ultra Trail du Mont Blanc – Partie 2

Chamonix, sommet mondial de la course nature

Si vous souhaitez commencer par regarder la vidéo, elle est visible à la fin de ce compte rendu.

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Au moment de quitter cet Eden pour trailer en perdition, je retrouve Maryse, elle aussi est sujet à des problèmes digestifs…….comme souvent sur les longues distances. De ce fait, elle a été contrainte à baisser son rythme de course. Nous décidons de continuer notre chemin (de croix) ensemble. Nous quittons donc Les Chapieux, il est 05H41, nous sommes classés 2 124^ème, nous sommes au km 50 avec 2 782 m de D+, la barrière horaire étant à 06H15, nous avons 26 minutes avant la mise hors course. Le jour ne tarde pas à se lever, les frontales restent malgré tout sur nos têtes, nous prenons la direction du col de Seigne, 1 000 m sont à gravir. Mais avant, un faux plat de 4 km nous mène à La Ville des Glaciers, et là, véritablement, nous sommes au pied du col. Les deux premiers tiers de l’ascension se déroulent encore à l’ombre, peu d’échanges entre nous, seule la présence de l’autre réconforte, notre allure n’est pas la meilleure mais nous progressons. Dès que le soleil nous tombe dessus, nous prenons 10° en quelques minutes, au fil du temps nous ressemblons à des pénitents. Le col est en vue, nous avons l’impression de ne jamais pouvoir l’atteindre, mais nous persévérons et y arrivons. Col de Seigne, 2 516 m, une fois encore, bénévoles, secouristes, médecins (équipés avec un caisson hyperbare) nous encouragent. De ce côté (Italie), le Mont Blanc ne s’affirme pas comme du côté de la France, par contre le glacier de Miage et le Glacier de la Brenva sont de toute beauté. Nous prenons quelques rares minutes de repos devant ce décor magnifique, faisons même une photo avant de faire le point.

Nous sommes au km 60 nous avons gravi 3 783 m de D+, il est 08H48, pointés 2 046^ème, nous avons 01H12mn pour rejoindre le Lac Combal où la barrière horaire est à 10H00. Nous partons donc sans perdre de temps, il nous faut arriver dans les temps, cela nous donnera la possibilité de continuer vers Courmayeur où nos accompagnants nous attendent. Nous nous « arrachons » dans cette descente Italienne, nous doublons quelques concurrents, comme nous, en perdition. J’arrive le premier au contrôle du Lac Combal, il est 09H53. Je préviens les bénévoles qui font le pointage que Maryse est là, toute proche, d’autres bénévoles partent à sa rencontre pour l’encourager. Elle arrive in extrémis, suivie d’un autre concurrent, elle est enregistrée à 09H59 soit 1 mn avant la mise hors course, OUF !! Nous sommes au km 65 avec 3 783 m de D+, nous sommes pointés 2 068^ème. Les concurrents derrière Maryse seront arrêtés et mis hors course. Ils seront rapatriés en 4*4 et autobus vers Chamonix.

Nous prenons une soupe et repartons le cœur presque léger vers Courmayeur avec le sentiment d’être allés « au bout du bout » de nous mêmes. Nous passons encore l’Arête du Mont Favre (500 m D+) où Maryse marque une fois de plus son passage, deux minutes d’arrêt et elle relance ! Quelle santé, quelle volonté, chapeau Maryse !! Passés l’Arête, nous descendons aux travers de « singles », tout d’abord au col Chécrouit avant de rejoindre Courmayeur par un chemin large. Cela nous « finira ». Nous y arrivons à 14H15, accueillis par la famille et les amis, la barrière horaire étant à 13H00, nous sommes mis hors course. Nous aurons effectué un périple de 78 km avec un dénivelé positif de 4 273 m pour une durée de 19h45. Je suis vidé mais, visuellement, moins que Maryse, elle a vraiment tout donné.

Nous retrouvons Virginie et Bernard qui eux aussi ont arrêté. Malgré une avance d’1 heure sur la barrière, Bernard était en manque, en manque d’envie, en manque de motivation, quand la tête ne veut plus, rien ne va plus ! Virginie, quant à elle, est arrivée 15 minutes après la barrière horaire. Nous récupérons nos sacs de vie de manière définitive, nous aurons effectué 78 km et 4 273 m de dénivelé positif.

A ce moment, François, Jacques et Jackie sont toujours en course. Nous quittons l’Italie et Courmayeur dans les bus de l’organisation. Je ne verrai pas grand-chose de la route, je me retrouve vite dans les bras de Morphée.

A notre retour, nous sommes à l’affût de nos 3 coureurs en course, et c’est par téléphone que nous apprenons l’abandon de François et Jacques. Eux, ont partagé beaucoup de courses, souvent faites en binôme, cela leur permet de se stimuler l'un l'autre et la synergie fonctionne bien, sauf qu’il peut avoir un effet pervers, s’il y en a un qui est fatigué physiquement et moralement, il peut entraîner l’autre dans sa chute. Alors qu’ils pointaient au Grand Col Ferret à 20H40, après 98 km et 6 330 m de D+, ils ont jeté l’éponge. Etant, l’un et l’autre déjà finishers de l’UTMB, la motivation n’était peut-être plus suffisante pour passer au-dessus d’un coup de moins bien, qui sait !

Reste donc Jackie, il fera une très belle course et passera sous la barre des 40 heures. Après 39 heures et 37 minutes, nous l’accompagnons pour passer la ligne d’arrivée devant des spectateurs ébahis par ces coureurs « hors normes ». A ses côtés, Maryse. Il est classé à la 524^ème place, un beau succès pour Jackie pour sa première participation.

Après son passage de l’arche d’arrivée, Jackie reçoit un cadeau réservé aux seuls finishers, une veste débardeur où il est inscrit « Finisher UTMB ». Les premiers recevront ce même cadeau et une coupe mais, aucune reconnaissance financière, car l’argent n’a pas encore réussi à compromettre le trail. Ici, chacun se bat contre lui-même et ne combat personne, aucune animosité, que du partage !

Alors que nous regardions l’arrivée des finishers, je vois une féminine arriver qui a les cheveux teintés en rouge. Elle ne passe pas inaperçue, d’ailleurs, je l’avais remarquée lorsque nous étions arrivés à La Balme « ensemble ». Preuve que, si elle était dans le fond du peloton, aujourd’hui, elle est finisher ! Elle n’a donc rien lâché ! Ah, si j’avais su rester à ses côtés ! A retenir, lorsqu’il y a un lièvre, il ne faut pas le perdre de vue !

Avant de quitter cette Place du Triangle de l’Amitié, François, Jacques font une photo souvenir avec Kilian Jornet, pour moi ce sera un autographe. Puis, nous faisons une photo de groupe avec Vincent Delebarre (1^er en 2004 et 2^ème en 2005 et 2006), guide de haute montagne et Dominique Nugre, un habitué des podiums, ils font partie de l’équipe Quechua. En mai dernier, Dominique Nugre et son épouse ont accepté l’invitation du LNA en nous faisant l’honneur d’être parmi nous, lors de notre couscous annuel.

Nous étions 8 à nous lancer dans cette « folle » aventure de l’UTMB et 2 qui avait choisi la CCC. Jackie est donc le seul finisher de cet l’UTMB 2008 en 39h37’ et sur la CCC, Jean-Louis sera donc le seul finisher en 25h27’ à la 1 127^ème place. Quant à Bruno, il a subi la dure loi de la barrière horaire. Donc, une belle leçon à retenir !

Côté statistiques, 53% des partants ont rejoint l’arrivée dans les délais impartis, le premier, un espagnol de 20 ans, Kilian Jornet, il a passé l’arche d’arrivée en 20h56’57’’ avec les applaudissements de milliers de spectateurs. Jusqu’à présent, les ultras trails étaient le jardin des quadragénaires, une page se tourne.

Sans ces problèmes de santé, je serais probablement allé plus loin, l’arrivée je ne sais pas, il restait quand même 88 km et 5 175 m de dénivelé positif, nous étions à peine à la moitié !!

Depuis le début de cette année, je vivais à travers cet UTMB 2008, je n’ai pas réussi à le concrétiser, mais je reviendrai avec plus d’expérience, « c’est trop fort », il faut le voir pour le croire, il faut le vivre et le revivre, quelle superbe aventure. Un grand MERCI à Christine qui m’a soutenu tout au long de cette préparation. Un grand MERCI aussi à Lise qui, pour m’aider dans mon périple, avait informé mes amis de mon projet pour les encourager à me téléphoner la nuit pour que je puisse garder le bon cap.

Voilà, je viens de vous résumer quelques 20h00 de courses en quelques lignes. Je n’ai pas répondu à vos SMS ou à vos appels téléphoniques car je suis moins à l’aise sur un clavier de téléphone qu’un clavier d’ordinateur, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. 

Vous pouvez revivre cette aventure au travers d’un montage vidéo (21’30’’) ci-dessous

Plus tard en 2010, avec Maryse, Alain, Bruno, François, Jackie, Jacques, Thierry, tous membres du Longuenesse Nature Aventure, nous allons nous m’inscrire pour le Marathon des Sables. Un périple de 250 km dans le désert Marocain en autosuffisance alimentaire, l’organisation fournissant uniquement 7 litres d’eau par jour et par personne. Une nouvelle belle aventure qui se profile. Encore merci pour votre soutien et vos encouragements.

Voilà, mais d’ici là, il y aura bien d’autres choses !!!!!!!!                               A bientôt