2009-07-05 Trail des Glaciers de la Vanoise
Trail des Glaciers de la Vanoise (TGV)
Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.
Voici une nouvelle étape de franchie, 2ème Trail de la saison pour moi, le TGV, le Tour des Glaciers de la Vanoise, il contourne la plus grande calotte glaciaire d’Europe Continentale, cela n’a pas été une mince affaire ! Maryse, Virginie et Jacques du LNA avaient bouclé ce tour de 72 km pour 3 800 m de D+ l’an dernier. Ils m’avaient prévenu : « Attention aux barrières horaires, elles sont serrées ! ».
Après l’Ardéchois, j’ai participé au Trail des Coteaux de l’Aa, afin de travailler les cuisses car les côteaux sont efficaces avant de partir à Pralognan, notre destination de vacances.
Christine et moi y randonnons entre autres jusqu’au refuge du Col de la Vanoise (appelé aussi Félix Faure), en passant par la traversée du Lac des Vaches, si caractéristique de la Vanoise. Le temps est gris et de la neige fraîche a blanchi le sol par endroits. C’est par ici que le trail débutera, un moyen pour moi de reconnaître le début de parcours. Le soir nous allons manger dans une pizzéria, j’aperçois une fille avec un tee-shirt de l’UTMB, une traileuse sans aucun doute.
Au briefing, la veille de la course, les organisateurs nous informent que, suite à l'accident mortel sur le Trail du Mercantour, les 5 barrières horaires ont été ramenées au plus juste et qu’il n’y aurait aucun passe droit, je sais à quoi m’en tenir.
Jour « J », Départ à 05H00 : Je prends donc le départ accompagné de quelques 370 traileurs avec la « peur » d’être trop juste aux barrières horaires. Pour rejoindre le refuge de la Vanoise, il y a 1 100 m de D+, hier j’ai remarqué qu’il y avait un panneau qui indiquait le refuge à 3h45 de marche, il va falloir faire nettement mieux ! Je pars d’un bon rythme sans en faire de trop. Nous passons au Lac des Vaches à gué, toujours sympa malgré le jour qui n’est pas totalement levé.
1ère barrière horaire à 07h00 : Refuge de la Vanoise, je pointe à 06h35. J’essaye de rester sur ce rythme qui me paraît soutenu mais ai-je le choix ? Il faut que j’arrive à grappiller du temps, une marge de sécurité au cas où ! Je suis toujours avec des groupes de trailers mais est-ce le bon rythme, je ne sais pas. Je suis arrêté par un petit bouchon, un passage technique, je suis encadré par des bénévoles, c’est un passage de névé dans un dévers conséquent, une corde pour sécuriser a été aussi posée. Une fois passé, je ne cours pas longtemps, un immense pierrier est à franchir, une entorse peut vite arriver.
2ème barrière horaire à 10h00 : Refuge de l’Arpont, j’y passe avec une avance de 01H05, pourtant je ne chôme pas. Jusqu’à présent tout va bien, mais cela ne dure pas, le stress des barrières, un départ rapide, une mauvaise gestion d’alimentation ont peut-être contribué à des problèmes gastriques. Cela ne tourne plus rond à l’intérieur. Malgré un ciel chargé, les points de vue sur la vallée bien sympathique qui remontent le moral.
3ème barrière horaire à 13h00 : Refuge de Plan Sec, 25 minutes de perdues, le résultat des petits soucis. Les montées sont difficiles, je me fais doubler par nombre de trailers. Lorsque la descente se présente, étant à l’aise dans les parties techniques, je récupère des places en doublant, mais cela me prends beaucoup d’énergie. J’aperçois au loin le refuge de l’Orgère, de l’autre côté du vallon. Normalement, Christine est là, elle a fait les 150 km qui le sépare de Pralognan mais qui représente 2 heures de route. Je monte vers le refuge, je suis épuisé, il fait chaud, je suis une chiffe molle, je peste contre moi-même. D’autre part, après il y a un gros morceau.
4ème barrière horaire à 16h00 : Refuge de l’Orgère, je fais un arrêt express, quelques minutes seulement. Je suis dans une spirale négative, j’ai l’impression que je suis limite à la barrière horaire, je suis à prendre avec des pincettes, alors que rien n’est fait, je possède 1 heure d’avance ! Christine a à peine le temps de m’encourager, je prends le sentier en direction du Col de Chavière, un panneau de randonnée indique 3h30. Je positive en me disant que c’est la dernière montée, une belle montée de 5 km pour plus de 1 000 m de D+. C’est long, le sentier est exposé plein sud, il fait chaud malgré un voile nuageux. Un hélicoptère nous survole, je n’aime pas ça. Je suis seul, aucun trailer suffisamment près qui puisse me servir de lièvre et pourquoi pas pour se relayer et relancer.
Au loin, j’aperçois quelques trailers, cela me rassure un peu. Par contre ce qui ne me rassure pas, c’est le vent qui s’amplifie en même temps que le temps qui s’assombrit, les nuages tournoient au dessus du col que j’imagine au loin au-delà des névés, j’imagine même que l’organisation puisse interrompre la course ! Je baisse la tête et je « m’arrache », j’atteins les premiers névés, je les passe sans difficulté. Après 03H00 de lutte et parfois de doute j’arrive enfin au Col de Chavière à 2 796 m, un hélicoptère de la gendarmerie remonte de la vallée, le bruit du rotor couvre le grondement du tonnerre, le ciel devient sombre, inquiétant à cette altitude qui est le point le plus haut de la course. Je souffle sur 50 mètres et me mets à courir. De ce côté-ci, de nombreux névés je les traverse, parfois en déséquilibre, mais je ne perds pas de temps. Ca y est, la pluie est là, quelques grêlons s’en mêlent, j’aperçois le refuge au loin, trop loin pour attendre, je m’équipe de ma veste de pluie. Je reprends ma descente, somme tout, bien roulante, au détour d’un rocher, j’arrive au refuge sous des trombes d’eau.
5ème barrière horaire à 19h00 : Refuge de Peclet Polset, je rentre difficilement dans la partie hiver du refuge que j’ai connue l’hiver dernier en ski de rando. Il y a des dizaines de trailers qui attendent l’accalmie avant de repartir, moi je pointe et repars affronter les éléments. Il me reste 13 km de descente roulante et surtout 30 minutes de bonus pour rejoindre l’arrivée. Après quelques kilomètres, je rencontre de gros 4*4, sans aucun doute, c’est l’organisation qui a bloqué les coureurs à Peclet Polset, moi, je passerai l’arrivée. Je remonte sur une traileuse, c’est la fille aperçue à la pizzéria, j’engage la conversation sur l’UTMB, elle a été finisher, mais m’avoue qu’elle en a bavé comme jamais et qu’on ne la reprendra plus sur cette course. Je la remercie de son franc parler et continu ma route. Je ne garderai que le positif de ce bref échange, elle est finisher et nous arrivons ensemble, pour moi, cela me suffit ! Je sors du chemin pour une petite route pour Pralognan, Christine est là, à l’abri dans la voiture, je la remercie d’un signe de la main et me laisse couler vers l’arrivée. A 20h10 après 15h10 de course pour une ultime barrière de 21h00. Je fais partie des derniers qui passeront l’arche d’arrivée à Pralognan, une vingtaine de trailers ont été bloqués à Peclet Polset et sont redescendus en 4*4.
Sur les 370 partants, 290 ont franchi l’arrivée dans les délais impartis, 80 ont dû jeter l’éponge. Pour ma part, je suis classé 260ème et j’en suis satisfait, vu, les problèmes rencontrés. Mon appareil photo n’a pas supporté l’orage, j’ai pu récupérer quelques photos malgré tout.
Maintenant, je sais ce qu’il faut que je fasse prochainement : « Ne rien lâcher ».
Rendez-vous le 28 août prochain à Chamonix