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Jean VRP de la montagne
5 septembre 2009

2009-08-29 Ultra Trail du Mont Blanc P3

 

UTMB, l’Ultra Trail du Mont Blanc – Partie 3

Chamonix, sommet mondial de la course nature

Si vous souhaitez commencer par regarder la vidéo, elle est visible à la fin de la partie 3.

Revenir à la partie 2

 

Arrivée à Vallorcine

Catogne, 09H09 avec encore quelques places de gagnées (1 320ème). Retour en France après 143 km, 8 455 m de dénivelé positif et 38h39 de course. De la descente vers Vallorcine, il ne me reste qu’en souvenir, un sentier ponctué de pièges dus au manque de clarté car nous sommes en sous bois, avec de nombreuses racines, pierres et autres branchages. La fin de descente se situe à la sortie d’un bois dans un alpage, une descente herbeuse, glissante rendu par une légère rosée de ce lever du jour. Le soleil n’est pas bien loin, juste en bas, dans la vallée avec un nouveau ravitaillement. Gérard, mon beau-frère, est là, venu à ma rencontre, voyant que je suis totalement à « l’ouest », il se présente à moi mais reste à l’écart, je descends la dernière centaine de mètres en zigzagant, j’ai les quadris en feu. Cela me fait plaisir de voir un proche mais je suis très fatigué. Je suis peu réceptif et je n’arrive même pas à lui parler. Il pense peut-être que je ne le reconnais pas, car il se présente à moi à plusieurs reprises !! Si si, c’est une situation qui peut paraître burlesque mais bien réelle, je n’imagine pas la tête que je dois avoir. Il me parle, essaye de me rassurer, m’encourage, mais aucun son ne sort de ma bouche. Je continue à descendre, en bas, un passage d’homme me permet d’accéder à la route. Christine, Régine et Bernard sont là.

Ravitaillement de Vallorcine

Je suis à Vallorcine avec le soleil que j’espère régénérateur, car je suis « mort », je tiens debout, je ne sais comment. Je suis vêtu légèrement et eux sont couverts avec des doudounes comme en plein hiver, il y a un décalage que je ne comprends pas, je ne suis plus dans ma bulle mais dans un bocal totalement hermétique. Il est 10H25, je rentre dans la tente de ravitaillement. Au ravitaillement, j’ai l’impression d’être ailleurs, alors que mes supporters s’affairent autour de moi, je les distingue loin, très loin, je ne suis plus sur la même planète qu’eux….

Je veux dormir !

En prévision d’une encore possible arrivée à Chamonix, je change mon tee-shirt pour celui du club. Bernard m’offre un superbe cadeau, un petit pain au lait que je déguste avec un café, enfin quelque chose qui me plaît, et qui « passe », plus de soupe s’il vous plaît ! Et mon estomac l’accepte ! Après ce petit, petit déjeuner, je me presse (verbe dénué de sens après 2 nuits blanches), je fais le plein d’eau et quitte ce ravitaillement. Mes accompagnants m’escortent sur une centaine de mètres. Dans l’entrefait, une station de radio locale m’interview, je n’en ai aucun souvenir, c’est ce que l’on m’a raconté ! Maintenant, il est temps de nous séparer, je n’ai que 40 mn sur la barrière horaire. Mon « avance » sur la barrière diminue, alors que je suis revenu dans la vallée de Chamonix, je n’imagine pas un instant ne pas rejoindre la ligne d’arrivée. Mais, je ne sais pas comment vais-je faire, car je suis littéralement « HS ».

10H36, nous partons chacun de notre côté en nous donnant rendez-vous à Chamonix, réalité ou utopie ? J’ai à peine fait 10 mètres que l’on me rappelle, je pars dans la mauvaise direction !! Je ne dois vraiment plus avoir les pieds sur terre !! On me remet dans la bonne direction, je suis entre deux clôtures, plus d’erreur possible….. pour l’instant !

Au Col des Montets

Le reste du parcours, je le connais, je suis passé par ici avec Christine il y a quelques années, le Col des Montets, la Tête aux Vents, Le Balcon Sud, La Flégère et le retour sur Chamonix. Pour y arriver, il reste 18 km et 1 000m de dénivelé positif, et surtout la barrière horaire de La Flégère et de Chamonix. Je compte au ralenti, il me reste : 3h00 de montée, 1h00 sur le balcon sud et 2h00 de descente, dans ma tête, c’est « jouable », mais rien n’est gagné. La montée de la Tête aux Vents est difficile même lorsque l’on est frais, alors imaginez après 150 km et du dénivelé à n’en plus finir ? Plusieurs fois, je pense arriver au point haut et, derrière, il y a un ressaut, c’est toujours plus haut et cela se reproduit plusieurs fois. Après celle des muscles, c’est la guerre des nerfs, mais je ne fléchis pas, ma vitesse d’ascension doit être celle d’un somnambule, mais qu’importe !

La première partie jusqu’au Col des Montets est relativement facile, en étant frais, je pense que cela pourrait se faire en trottinant. Cela me va bien, je n’y laisse pas trop d’énergie, j’y arrive sans trop de difficulté. Ce col est un col routier, un bénévole me fait traverser la route, je suis au départ du sentier écologique qui doit me mener à La Tête aux Vents.

Je prends une bonne gorgée d’eau et me lance sur ce sentier, le début se passe bien le pourcentage progresse régulièrement, il commence à faire chaud, nous sommes sur l’adret. Le sentier est sur le flanc de montagne qui est bien dégagé et bien éclairé par le soleil, il se distingue bien dans sa première partie. De ce fait, je vois bien les trailers qui me précèdent et surtout l’évolution du sentier, au début de longs zigzags qui se resserrent au fur et à mesure. La montée se passe bien, en regardant vers le bas, le col s’éloigne peu à peu jusqu’à ce que nous rentrions dans les sapins. Les longs zigzags ont disparu, ils sont de plus en plus courts, de plus en plus raides. A plusieurs reprises, le tronc des immenses sapins sert d’axe de rotation pour un escalier en colimaçon, les marches étant d’énormes racines complètement irrégulières. Un sentier pittoresque en somme ! Sur la deuxième partie, je passe de ressaut en ressaut pensant que c’est toujours le dernier, les cervicales fatiguent aussi à force de regarder vers une hypothétique sortie vers le haut.

Au fond, la Chaîne du Mont Blanc

Je finis par arriver à La Tête aux Vents, lieu dit borné par un cairn surmonté d’une croix, il est 13H23, je suis dans mes prévisions, je suis fatigué mais heureux, ne rien lâcher, mais gérer, je n’ai plus beaucoup de carburant et le temps m’est compté ! Ici le coin est apprécié des bouquetins, avec Christine nous en avons rencontrés à plusieurs reprises lors de randonnées dont une fois une horde d’une dizaine de bêtes, très impressionnant !

Aujourd’hui, il n’y a pas un soupir de vent, seul un grand soleil avec une vue extraordinaire sur le Mont Blanc que je vais garder tout le long du Balcon Sud avec une température bien élevée pour rejoindre La Flégère.

La Flégère : Jean Louis, Jackie, Thierry

Bien qu’il n’y ait, quasi plus de dénivelé positif, rien n’est gagné, il me semble que ma vitesse de progression diminue autant que la température augmente, je suis dans un milieu totalement minéral et la réverbération est intense. Je ne sais plus combien de temps cela a duré, mais nous avons traversé une sorte de moraine avec des tas de pierres instables sans dessus dessous, mes pieds cognent sur les pierres et je suis souvent en déséquilibre. Ce terrain me fatigue encore et encore.  Dans le but de boire, sur ce terrain instable, je suis obligé de m’arrêter un instant et là ! C’est la catastrophe, je n’ai plus d’eau et la gorge sèche en ce milieu minéral.

Après réflexion, je n’ai pas bu mes 2 litres d’eau depuis Vallorcine, j’ai fait une erreur et je la paie cash ! Lorsque je dois faire le plein de mon Camelbak, après ouverture, je dois écarter les côtés de la poche plastique car ceux-ci se collent à l’aspiration lorsque l’eau manque et là, je ne l’ai pas fait ! La fatigue est probablement la cause de cette erreur, je n’ai mis peut-être qu’un demi-litre que j’ai déjà ingurgité dans cette chaleur. J’ai les lèvres sèches et elles se collent entre elles, j’essaye de saliver pour mimer de l’eau mais ce n’est pas efficace. Je suis encore à une petite heure de la Flégère, et pas de torrent en vue, aucun espoir ! Je ralentis dans le but de me faire rattraper par des coureurs et faire l’aumône d’une gorgée d’eau mais ils deviennent rares. Dès qu’il y en a un je lui demande une gorgée d’eau qu’il me donne sans difficulté. Cela me permet d’avancer, le pire est quand un groupe de 3 trailers me rattrape, je ne peux que demander à un seul, c’est presque du gâchis pour moi, je perds deux gorgées ! J’avance toujours et je me dis que, mourir de soif doit être horrible. En même temps, j’essaye de saliver pour humidifier mes lèvres et ma gorge. Tant que je suis debout, je marche lentement mais j’avance, « Ne crains pas d’être lent, crains seulement d’être à l’arrêt » était écrit sur le drap à Arnuva.

Au loin, le sentier du Balcon Sud

Au loin, j’ai l’impression de voir une silhouette connue, un mirage peut-être, mais non, plus je m’approche de cette silhouette, plus j’y crois, c’est lui, mon binôme malheureux, Jean Louis. Il est venu à ma rencontre, je lui raconte tout de suite mon souci de manque d’eau, il fait de suite demi tour et part en courant me chercher de l’eau. Un temps plus tard, il réapparaît, je le vois mais ne comprends pas, il n’a rien dans les mains. Il me dit qu’il ne veut pas être complice d’une mise hors course potentielle pour un ravitaillement sauvage. Je rage, mais le remercie ! C’est donc en sa compagnie que nous nous continuons, clopin-clopant. La Flégère est en vue. Après Jean-Louis, ce sont Jacques et Thierry qui sont montés pour me « pré-féliciter », eux qui m’ont soutenu, eux qui ont dû arrêter leur périple avant l’heure sont là, à mes côtés, j’ai la gorge nouée, mais toujours sèche, ils m’accompagnent jusqu’au ravitaillement.

Jean Louis, mon barman préféré

Ca y est, j’y suis, je m’abreuve sans limite à La Flégère, que c’est bon, que cela fait du bien ! Jean Louis m’aide à faire le plein d’eau en ne faisant pas la même erreur que moi. Puis nous nous séparons une dernière fois, mes compagnons me donnent rendez-vous à Chamonix. Je regarde ma montre, il est 14H20, il me reste 02h10 pour passer la ligne d’arrivée. Je commence la descente, je commence à « sentir » Chamonix, au fond de la vallée. Au fond de moi, j’entends l’hymne de l’UTMB « Conquest of Paradise ».  Mais bien avant, je pleure, pas encore d’émotion mais de douleurs, j’ai les quadriceps qui me brûlent, c’est la première fois qu’ils se révoltent à ce point, j’avais bien eu quelques alertes, mais là ! Tout mon corps me demande d’arrêter, et il n’en est aucunement question, c’est non négociable ! J’ai une nouvelle sorte de jouissance dont je me passerais bien !! Il me reste 2 heures à serrer les dents, je connais cette descente dans les racines des sapins pour ce retour dans la vallée. Alors je patiente sans m’autoriser de pause mais sans précipitation, il serait dommage de se faire une entorse si près du but ! Quelques uns n’hésitent pas à me doubler, euphoriques, je les comprends mais je les mets aussi en garde d’une chute toujours possible. La partie piégeuse de cette descente passée, je passe au Chalet de La Floria situé en balcon. Le sentier passe juste entre les tables de touristes, les premiers applaudissements. Cela me paraît long, beaucoup de concurrents me doublent mais je garde mon rythme, je veux arriver « frais » à Chamonix, je ne veux pas avoir une tête d’outre tombe à faire peur. J’ai l’impression que plus le temps s’écoule, moins je suis pressé d’arriver, peut-être parce que l’aventure arrive à son terme ?

2009-08-29 191 UTMB 2009

Je commence à rencontrer des supporters venant au devant des leurs. Dans le lot, Bernard, privé de course, me félicite. Nous partageons ce dernier kilomètre côte à côte et il me dit : « Tu vas vivre un moment rare et magique, alors prends ton temps apprécie, tu l’as gagné ». Dans l’entre temps, je me suis bien rendu compte qu’il cache derrière ses lunettes noires une certaine émotion.

2009-08-29 201 UTMB 2009

4h00 après Jackie, qui a franchi pour la seconde fois la ligne d’arrivée mythique de l’UTMB, je longe l’Arve, croise mon lièvre Jérôme qui m’a aidé à me relancer jusque Courmayeur, le remercie à nouveau, puis retrouve Christine. Ce sont des embrassades et des pleurs pour ces retrouvailles. Et nous voilà partis entre les haies et ovations des spectateurs dans une ambiance folle.

2009-08-29 205 UTMB 2009

Maryse, me rejoint puis Régine, Gérard, Jackie, François, quant aux autres ils s’impatientent sous l’arche d’arrivée, ils sont tous là, ça rit, ça pleure, beaucoup de larmes de joie, tout le monde se lâche, je suis chahuté, l’émotion est à son comble, tous mes amis sont présents et ils m’accompagnent pour sceller cette victoire.

2009-08-29 208 UTMB 2009

Avec en toile de fond, l’église de Chamonix, « déjà », la dernière ligne droite, les derniers 100 m pour passer sous l’arche d’arrivée, place du Triangle de l’Amitié, Christine m’accompagne pour ces derniers mètres. La boucle est bouclée, plus rien ne peut m’arriver. Après 166 km et 9 400 m de dénivelé positif en 45h50 de course, je suis Finisher de l’Ultra Trail du Mont Blanc. Ludovic Collet, le speaker de l’UTMB me félicite.

2009-08-29 211 UTMB 2009

Tous mes amis reviennent vers moi pour me féliciter, ils m’embrassent, me tapent sur l’épaule, je titube, je suis un bilboquet. Après de longues minutes dans l’aire d’arrivée, je vais recevoir la fameuse polaire siglée « Finisher UTMB » tant convoitée, puis nous tournons le dos à cette arche et rentrons à notre chalet. Il y a encore un instant, j’étais sous les feux des projecteurs, je viens de passer de la lumière à l’ombre, je suis redevenu un trailer lambda mais très heureux. Quel moment magique ! La première idée qui me vient à l’esprit est que je reviendrai vivre ce départ et surtout, espérer une nouvelle arrivée. Ce sont des moments gravés à vie dans ma mémoire.

2009-08-29 217 UTMB 2009

Aux Contamines, malade, j’avais toutes les raisons d’abandonner. Aux Chapieux, alors que j’étais à 10 mn de la barrière alors qu’il me restait 116 km et 6 620m de D+, j’avais aussi toutes les raisons d’abandonner mais par chance, je ne savais pas que j’étais aussi proche de la barrière. En m’accrochant, j’ai prouvé que rien n’est jamais perdu, qu’il ne faut jamais rien lâcher tant que l’on ne vous retire pas votre dossard. Au final, je passe l’arche avec 10 minutes sur la barrière finale.

L’UTMB 2009, j’y étais et je l’ai fait

Image (1)

Le leitmotiv de Jean-Louis est : « Finisher d’un jour, finisher toujours », cela ne lui a pas réussi cette fois. D’autres diraient : « Ce qui ne tue pas, nous rend plus fort ». Pour ma part je conclurai par « Finisher d’un jour, finisher par amour ». Par amour pour Christine, ma première supportrice qui, depuis le début, m’a fait confiance, elle a subi mes heures d’entraînement ainsi que mes doutes face à un tel évènement, elle, qui a dû penser UTMB, qui a dû manger UTMB, qui a dormi UTMB, qui a vécu UTMB. Par amour pour Lise, ma fille, supportrice de la première heure, qui a envoyé de nombreux messages dans « mon dos » au cas où vous oublieriez la date de ce week-end de course. Par amour pour toute ma famille qui m’a soutenu de près ou de loin dans cette aventure. Je n’oublie pas, vous tous, qui m’avez encouragé par mail, sms ou par téléphone au point que dès les premiers kilomètres, la boîte vocale était pleine. Pour terminer, c’est vers mes compagnons de route de l’UTMB du LNA, Bruno, Jean-Louis, Thierry, Jacques, François et Jackie, sans oublier Maryse et Bernard (qui n’ont pu prendre le départ), mais aussi nos accompagnants du jour : Christine, Janine, Annick, Patricia, Régine, Gérard ainsi que les autres amis du LNA restés chez eux, figés derrière leur écran à suivre la course en live sur le site de l’organisation.

2009-08-29 256 UTMB 2009

Cette victoire est une victoire d’équipe où vous tous, avez participé et, où je faisais partie des porte drapeaux. Je vous remercie de m’avoir soutenu et de m’avoir fait confiance. Depuis la Balme, je suis passé de la 2 086ème place à la 1 365ème place, dûe en partie aux abandons car seul 1 383 trailers sur 2 286 sont finishers de cette 7ème édition soit 903 abandons.

Tout au long du parcours, je suis passé par des hauts et des bas, je suis passé par des moments de partage et de rires mais aussi des phases de fatigue voire d’épuisement, en fait j’ai fait connaissances avec des ressources insoupçonnés et repoussé mes limites.

Dans l’équipe, je pense que Jackie était le favori et moi l’outsider, cela veut dire que nous étions 6 au départ et que nous aurions pu être 6 à l’arrivée mais le sort en a voulu autrement pour mes compagnons.

Vous pouvez revivre cette aventure au travers d’un montage vidéo (16’45’’) ci-dessous

 

Sachez que Kilian Jornet est le 1er à passer l’arche en 21h30. Sachez aussi que Mohamed Ahansal, le 1er du Marathon des Sables 2009 a terminé en 31h45, ce qui me permet de vous rappeler que dans 200 jours je serai, avec mes 8 compagnons du Longuenesse Nature Aventure sur la ligne de départ pour le 25ème Marathon des Sables avec le même état d’esprit et la même soif…. de victoire.

2009-08-29 275 UTMB 2009 Jean

 

 

MdS Noir

 2009-08-29 000 UTMB 2009

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Jean VRP de la montagne
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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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