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Jean VRP de la montagne
3 septembre 2011

2011-08-26 Ultra Trail du Mont Blanc P1

Ultra Trail du Mont Blanc Partie 1

Si vous souhaitez commencer par regarder la vidéo, elle est visible à la fin de ce compte rendu.

2011-08-26 003 CCC-UTMB

Non, nous ne sommes pas dans notre chalet « habituel » près du centre ville, nous n’avons pas réussi à le réserver ! Nous sommes donc arrivés au gîte « Le Moulin » à Montroc - Argentière. Un gîte, à 10 km du centre de Chamonix. J’ai le plaisir d’y retrouver Philou du Marathon des Sables 2010 qui était venu partager le Trail de la Côte d’Opale avec moi en septembre de l’an dernier. Il est venu avec son coach Patrick et son épouse Claudine, ils sont très sympathiques. Nous sommes donc, 17 répartis dans 2 dortoirs de lits superposés (Dortoir 1 : Christine et Jean, Florence et Jean-Louis, Jackie et Maryse, Sophie et Jérémie. Dortoir 2 : Bérangère et Olivier, Bernard, Franck, Thierry, Mouss, Philou et Patrick et Claudine). C’est propre et fonctionnel mais peu d’espace, pour préparer les sacs, ca va être chaud. Où est donc notre beau grand chalet de Chamonix !

Sur la CCC seront donc au départ : Maryse, Franck et Olivier du LNA, Jérémie, Mouss et Philou. Sur l’UTMB : Jackie, Jean et Jean-Louis du LNA et Virginie, Jessy et Luc. Des amis du LNA et des anciens du Marathon des Sables 2010.

Le lendemain matin, nous allons retirer nos dossards, il fait doux le soleil est voilé, c’est bien agréable, par contre la météo prévue pour les deux prochains jours est pourrie !! C’est la montagne ! La météo change vite, l’espoir est encore permis. Un petit tour en ville puis resto au Monchu (patois chamoniard invoquant un touriste riche et ridicule, genre parisien) où nous retrouvons Luc, un ancien du MdS. Puis retour au gîte, les prétendants à la CCC démarrent tôt demain et les sacs de course sont à faire. La tension monte doucement, l’angoisse et les doutes aussi alors que Mouss arrive juste de Paris tranquille et détendu, ce qui ajoute encore du stress aux autres de la chambrée. Chacun essaye de le cacher mais les regards les trahissent. Ce qui est vrai pour eux, qui préparent leurs sacs, l’est aussi pour moi.

Jérémie Jackie Maryse Philou Jean Franck JLouis

Vendredi 26 août 07h30 : Nous sommes venus accompagner l’équipe de la CCC sur la Place du Mont Blanc, ils prennent le bus qui les emmène à Courmayeur, leur départ, c’est à 10h00. A cette heure, il fait bien frais, le ciel est voilé mais rien qui puisse présager une dégradation. Nous les encourageons puis, quelques accolades et embrassades avant que le bus les emmène.

 

Nous retournons au gîte. Plus tard, nous avons des news de l’autre côté de la montagne. Ils sont dans le sas de départ, la température est fraîche mais le soleil est présent. Pour avoir un peu de chaleur, il faut attendre que le soleil prenne un peu de hauteur, Courmayeur est en fond de vallée. Ils sont confiants.

Philippe Sophie Françoise Christine Thierry Flo

En début d’après-midi, comme tous les coureurs de l’UTMB, je reçois un sms de l’organisation m’informant qu’une grosse perturbation arrive sur les massifs et que le départ risque d’être décalé. Si le stress n’était pas installé, là, aucun doute pour la météo et le stress, mais beaucoup de doutes pour moi ! Cela me rappelle que l’an dernier, l’organisation avait donné le départ, puis arrêté à Saint Gervais, puis un semblant de départ le lendemain.

Bref un UTMB amputé de tout ! Un désastre pour les coureurs.

D’un départ original à 18h30, pour des raisons de sécurité (orages sur les sommets), la direction de course nous envoie un sms nous informant que le départ est reporté à 20h00. La dépression est bien là, des trombes d’eau avec des bourrasques de vents en attestent. Je suis au chaud dans le gîte, idéalement je devrais m’allonger et prendre un maximum de repos mais je suis rongé par les doutes, je suis pressé de prendre le départ : « Qu’on en finisse et qu’on passe à autre chose ! » Je rentre dans une spirale négative, l’attente me ronge, alors que l’heure tourne doucement, trop doucement à mon goût, un second sms m’informe qu’une nouvelle fois, le départ est reporté, ce sera 22h00. Côté météo, aucune évolution, dehors « ça drache ! ».

Côté CCC, cette journée se sera passé sous le soleil, une bonne chose, tout va bien pour eux, la nuit va arriver et sans aucun doute, la perturbation va leur tombé dessus.

Une partie de l'équipe CCC à Courmayeur

Plus de nouvelles de l’organisation, c’est le bon coup semble-t-il ! A 20h30, nous faisons le point puis nous nous préparons. A l’intérieur de nos sacs, nos vêtements de rechange ont été mis dans des sachets congélateurs. Alors que nous sommes prêts à quitter le gîte un nouveau sms, cette fois c’est 23h30 ! Ouf ! L’organisation doit jouer avec les arrivées de la CCC. De mon point de vue, s’il voulait me torturer moralement, il ne pouvait faire mieux ! Mon moral est au plus bas et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, les barrières horaires ont été réduites de 2 heures sur la totalité soit 44h00 pour faire le tour au lieu de 46h00 ! Moi qui avait réussi ce tour en 45h50 avec une belle météo. Certes j’avais été malade en début de course mais quand même ! Ma tête avait pris le pouvoir sur mon corps, mais là, ma tête n’y est plus alors que physiquement je n’ai pas encore dépensé une seule calorie !

Sur les sentiers de la CCC vers Bertone

Je suis anéanti, fichu, j’en suis convaincu, pourtant je dois prendre le départ sous cette météo exécrable. Je suis dégoûté, j’ai plutôt envie de chialer comme un gosse, personne ne m’adresse la parole, ils connaissent tous le fond de ma pensée. Je ne peux m’isoler dans cette pièce commune, seule Christine, cherche à me rassurer, à minimiser me disant que cette course je l’ai déjà réussi et qu’il n’y a pas « péril en la demeure ». Je ne sais pas ce que Jean-Louis pense, quant à Jackie il me rassure aussi en me rappelant que j’ai su dans le passé me reprendre dans des cas bien plus difficiles, et que rien n’est perdu.

Cette fois, nous quittons le gîte, dehors, il fait un temps de chien. A Chamonix, nous déposons nos sacs de vie dans une salle de sport. Nous retardons la sortie de cette salle au maximum. Nous y retrouvons Virginie. Dans l’énervement peut-être, Jean-Louis casse un de ses bâtons, j’arrive à joindre Gérard qui est dans Chamonix avec Régine pour nous encourager, il va arriver avec ses bâtons, Jean-Louis est rassuré.

Avec Virginie nous attendons au sec !

Maintenant, il faut y aller, après une dernière vérification que toutes les écoutilles soient bien fermées, nous sortons de cet abri, je traîne presque des pieds ! Il y a déjà du monde dans le sas de départ, nous nous infiltrons et nous positionnons devant les marches de l’église, pour le cierge, c’est trop tard ! La pluie tombe invariablement. Nous avons perdu Virginie de vue, quant à Luc et Jessy, aucune new.  La direction nous informe des dernières prévisions météo, rien de bien pour les prochaines 24 heures et nous donne des recommandations de prudence. La pluie redouble, sous les projecteurs, cela me donne une drôle d’impression, totalement irréelle. Nous sommes en pleine nuit mais avec la puissance des projecteurs, il fait presque jour et des tonnes d’eau nous tombent sur la tête ! Même si cela fait partie du jeu, ce n’est pas cet UTMB là que je suis venu concourir, la fête est gâchée. Pourtant des centaines voire des milliers de spectateurs sont bien là, tassés sur la traversée de Chamonix. L’hymne de l’UTMB arrive progressivement dans les enceintes, La Conquête du Paradis, version Christophe Colomb. Le paradis a les pieds dans l’eau ! Les deux derniers départs, j’avais pleuré, l’émotion était trop forte. Aujourd’hui, mes larmes ont déjà coulé mais à l’intérieur. De l’extérieur, l’on pourrait croire que je pleure, mais c’est la pluie.

Jackie Jean Jean-Louis dans le sas de départ

Comme traditionnellement au LNA, nous nous tapons dans les mains en nous souhaitant bonne chance ou tout dû moins, pas de malchance, quoique, c’est quand même mal engagé. En même temps, j’espère secrètement que ma tête va se retourner, et passer en mode « positif ».

Trois, deux, un, zéro, dans une fausse euphorie, je piétine, puis je trottine le temps que le peloton s’étire. Le départ, habituellement festif, me paraît plus terne, heureusement que les nombreux spectateurs le rehaussent malgré la pluie. Un départ entre deux haies de parapluies, une première dont je me serais bien passé.

Nous voilà donc partis avec veste et pantalon goretex. Pas facile à courir, harnachés de cette manière, inhabituel pour la majorité d’entre nous. Je suis encore dans Chamonix que, mes pieds sont déjà trempés, comme tous les coureurs j’imagine. Jackie a déjà pris la poudre d’escampette, il a raison de s’éloigner du négatif, je rentre doucement, très doucement dans la course. Pour arriver aux Houches, un chemin forestier avec de belles baignoires d’eau au cas où il resterait quelques millimètres de sec. Je suis toujours avec Jean-Louis, nous passons le ravitaillement des Houches sans nous arrêter, pas de complément d’eau à faire, pas nécessaire !!

Départ UTMB 2011 sous la pluie

J’attaque la première ascension vers le Col de Voza puis le Délevret et La Charme, 800 m de D+. Si je me réfère au gros de la troupe, je pense que le rythme est correct, parfois je transpire, parfois je grelotte. Chemin faisant, nous atteignons le col, encore un peu de dénivelé et nous sommes à La Charme, il est presque 2 heures du matin. Avant de basculer sur Saint Gervais, je jette un œil derrière, il y a encore un gros paquet de coureurs. J’attaque la descente et nous passons dans des alpages. Comme plus de 1 000 coureurs qui sont passés avant nous, le terrain est labouré, c’est une patinoire de boue, je fais chute sur chute mais, sans jamais me blesser. Cela m’épuise car, malgré moi, je gesticule pour éviter de tomber. Ayant peur de me blesser sur des piquets, branches et autres, je suis totalement contracté. A la frontale, je ne vois pas grand-chose, la descente est catastrophique. De nombreux coureurs me doublent, je ne sais pas comment ils font ! Jean-Louis me copie, il est aussi souvent que moi sur les fesses !

Alors que la pluie cesse et tant bien que mal vers 3 heures nous arrivons à St Gervais, une soupe chaude nous y attend. Nous sommes couverts de boue, dans un état pitoyable, côté moral, ça va, mais pas plus. Christine est là avec Rachel et Jean-Christophe, mon Himalayiste du Pôle Nord, leurs présences est d’un bon réconfort à cette heure où ils devraient être au chaud sous une couette. Un petit échange bien agréable et nous repartons.

La suite, c’est ICI

2011-08-26 309 CCC-UTMB

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion de la montagne, que ce soit en randonnant, en courant, en skiant ou autres au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos.
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