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Jean VRP de la montagne
22 juillet 2012

2012-07-15 Ice Trail Tarentaise

Ice Trail Tarentaise

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos et vidéos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.

En début d’année, avec les copains du LNA, nous avions décidé de passer de l’autre côté de la frontière chez nos amis belge pour le Trail du Mont Saint Aubert, 34 km 1 000 D+ que je réalise en 4h22. Des passages boueux qui donneront droit à de belles glissades.

Voilà, fin janvier, le premier semestre est terminé !

Guillaume, Dawa Sherpa, Jean

 

Un problème de genou m’oblige à lever le pied et même m’arrêter ! Oui, m’arrêter, mais pas arrêter les projets. Depuis plusieurs semaines, une envie de l’Ile de la Réunion germe dans l’idée de plusieurs têtes au LNA. Malheureusement, le « germe d’équipe » n’aboutira pas, mais cette envie est bien ancrée dans ma tête. En mars, je m’inscris donc pour la Diagonale des Fous sur l’île de la Réunion. Ce trail, qui traverse l’île en diagonale par les sommets fait partie des plus beaux trails. Il est très difficile et très technique (162 km pour 9 600 m de dénivelé positif), il aura lieu en octobre et ce sera la 20ème édition. En dernière minute, Alain me rejoindra pour cette aventure.

 

Par la force des choses, en avril, je deviens accompagnant à Bouillon en Belgique pour la Bouillonnante. Fin mai, je retrouve le plaisir de la marche avec Bernard aux Gendarmes et les Voleurs de temps avec toujours une équipe du LNA et, cerise sur le gâteau, je retrouve avec grand plaisir, Philou, le Breton du Marathon des Sables 2010. Mi juin, je me propose comme bénévole auprès de l’organisation du Trail des Côteaux de l’Aa, ma tâche sera de faire des photos pour les participants.

Fin juin, je reprends l’entraînement pour essayer de limiter les dégâts au prochain trail qui a lieu dans moins d’1 mois !! Un peu de coteaux à Wavrans, un peu de terril à Haillicourt puis me voilà à Val d’Isère avec Guillaume pour l’ITT, l’Ice Trail Tarentaise, le trail le plus haut d’Europe, 62 km et 5 000 m de D+ avec un passage à La Grande Motte à 3 653 m d’altitude. Un trail de superlatifs avec un entraînement réduit à sa plus simple expression. L’arrivée devient totalement utopique, je revois donc mon objectif en le transformant en une belle sortie avec un maximum de kilomètres et de dénivelés dans les délais. Pour moi, ce sera un bon retour et pour Guillaume, après le Marathon du Mont Blanc de l’an dernier, une nouvelle « marche » pour lui, et une sacrée !

Micro pause sur le Glacier de la Grande Motte

 

Samedi 14 juillet : Guillaume et moi allons retirer nos dossards, nous profitons pour acheter nos Yaktrax (chaînes pour baskets) qui sont obligatoires pour la course. Nous faisons une photo avec Dawa Sherpa qui est très sympa. François Dhaene et Thomas Lorblanchet sont aussi présents.

 

Dimanche 15 juillet 04h00 : Il fait frais, mais cela sera agréable pour courir, nous sommes équipés de coupe-vent mais dans le sac nous avons le matériel obligatoire (veste, gants, bonnet, chaînes). Nous, les 258 concurrents, quittons la ligne de départ pour la direction de l’Espace Killy, espace dédié aux skieurs. Je laisse Guillaume partir devant ainsi que tant d’autres !! Mais, aujourd’hui ce sera « qui va doucement, va loin ! ». Après 2 kilomètres à la Daille, je quitte l’Isère et bifurque à gauche pour la première bosse. Au sommet de celle-ci, le jour pointe son nez, j’entrevois le lac de Tignes et les immeubles de Val Claret, je descends cette partie bien technique pour longer le lac (Alt 2 100 m) puis, je me dirige vers la difficulté du jour, 1 500 m D+ sur 7,5 km avec l’altitude 3 653 m à atteindre.

Me voilà au pied de la montée, le jour est bien levé maintenant et le vent aussi !! A cette altitude, cela fait frais voire froid. La majorité des concurrents sont devant mais je ne suis pas seul, derrière moi, il y en a encore une vingtaine peut-être ! Après avoir fait de nombreux zigzags sur les chemins caillouteux, je commence à marcher sur la neige, les appuis sont très fuyants. J’improvise une pause, le temps de sortir la veste, les gants, le bonnet, en somme, la tenue hivernale !

Un grand MERCI aux bénévoles

Une demie heure plus tard, je vois une dameuse stationnée, je m’y arrête pour installer mes mini-chaînes sous mes baskets (faisant partie du matériel obligatoire), à l’abri du vent, je suis presque bien malgré une température bien négative. Je « sors » de cet abri sommaire, je suis frigorifié, me remuer me permet de limiter cette sensation de froid qui me transperce, il me faut avancer dans cet univers hivernal et glacial. Lorsque je regarde le coureur devant moi lors d’une bourrasque de neige, j’imagine une silhouette venue de je ne sais où, presque un fantôme !

Parvenu à 3 032 m, je suis à l’arrivée d’un télésiège. Comme à chaque arrivée de remontées mécaniques, il y a un chalet, aujourd’hui il sert d’abri d’urgence. Face à ce chalet, un barnum (4 piquets et une toile en guise de toit) où des bénévoles servent de la soupe car il fait froid, dans la montée il est annoncé « -10 ° » ! Alors que je bois ma soupe, un bénévole m’interpelle et me dit : « Jean, c’est toi ? », je lui réponds d’un signe de tête, en me faisant voir le chalet, il continue : « Il y a quelqu’un à l’intérieur qui te demande ». Qui peut me demander ? Pour quelle raison ? Je rentre dans cet espace qui me paraît surchauffé, en fais le tour en quelques secondes et j’aperçois Guillaume. Il a une petite mine, il est « abattu », assis dans un coin, mal de tête, nausées, vertiges, les symptômes du MAM, le mal aigu des montagnes. Il se réchauffe en attendant que cela passe. Je le « sens » mal pour lui aujourd’hui ! Il s’en souviendra de cette première édition de l’ITT ! D’ici, nous devons faire un aller retour au somment de la Grande Motte, je repasserai donc voir s’il est toujours présent à la redescente. Après avoir passé quelques minutes avec lui et le sachant en sécurité, je quitte ce « sauna ».

Dernier regard sur la Grande Motte

La sortie est brutale, les antipodes en termes de température, je courbe le dos et me lance dans cette ascension démoniaque. Entre temps, le brouillard est tombé sur les sommets, cela renforce la sensation de froid. Pour mettre les coureurs en sécurité à l’approche d’une crevasse, un bénévole surveille le passage et m’encourage, je le remercie. Je continue ma montée en pensant à ce bénévole, immobile dans le froid. Arrivé à l’antécime de la Grande Motte, à 3 600 m, il y a un nouveau bénévole planté ici à -10°, avec du vent de la neige. Il note mon dossard et m’ordonne de redescendre, le sommet est interdit, plus haut, le vent est trop violent et cela est trop dangereux.

Une fois pointé, la 1ère barrière horaire passée, je ne demande pas mon compte et m’empresse de redescendre. La descente se fait par de longues glissades sur les pieds, sur les fesses et parfois, je ne sais comment. Pendant la descente, le temps s’éclaircit, le soleil prend le dessus et je me fais doubler à plusieurs reprises par des skieurs, une première !

De retour au chalet, je vais voir Guillaume, il est mieux mais ce n’est encore le top, je doute que les bénévoles le laisse repartir malgré tout, moi je trace ma route. Je continue ma descente, lorsque la caillasse réapparaît, j’enlève les chaînes des baskets et j’adopte un bon rythme. La remontée vers le Col de la Leisse à 2 761 m est courte, juste 300 m de D+. De là, une très belle vue sur des lacs de montagne d’un bleu magnifique. Nouvelle descente puis, à nouveau 300 m de D+ pour atteindre le Col de Freisse à 2 576 m, je commence à accuser le coup, le manque d’entraînement se fait sentir. Etre dans ce décor est un privilège alors j’en profite, je suis de plus en plus lent mais je suis heureux. A cette altitude, aucun, arbre, aucune végétation, rien qu’un mixte de minéral et de neige avec des panoramas exceptionnels. J’ai une pensée pour Guillaume qui n’a probablement pu repartir car il m’aurait déjà rattrapé.

Vue de l'Aiguille Pers

La 2ème barrière horaire est proche et je suis toujours en course, le Chalet de Charlet (Alt 2 349 m). Voilà, c’est fait ! La prochaine est en bas de la descente du Col des Fours au km 45, et là, cela risque d’être compliqué pour moi au niveau timing, mais pourquoi pas !

Mais je profite de ces moments et j’accumule tous ces décors dans la tête, certes je regarde souvent mes pieds mais à la moindre occasion, je lève la tête pour en profiter un maximum. Je passe le Col de la Rocheure à 2 911 m, à bout de souffle, le manque d’entraînement et l’altitude vont finir par « avoir ma peau ». Cette fois, je suis rincé, la descente du col m’est pénible, slalomer entre les rochers, tenir son équilibre, cela en est trop, le plaisir n’y est plus, j’ai besoin de prendre un peu de repos. Au détour d’un gros rocher, le Refuge du Fond des Fours (Alt 2 537 m) apparaît, un soulagement. Lorsque j’approche, un nombre de coureurs sont là en train de prendre un bain de soleil. Je suis accueilli par un bénévole qui m’explique : « Ici il n’y a pas de barrière horaire car la prochaine barrière est inaccessible à cette heure donc par sécurité nous arrêtons tous les coureurs ». Arrêté, mais content malgré tout, au vu de ma « préparation » des plus light.

A mon tour, je m’installe confortablement sur la pelouse alpine et prends le soleil. D’autres coureurs arrivent, puis ce sont les serres fils. Emmenés par un bénévole, nous redescendons en file indienne tranquillement en vallée.

A mon arrivée, ils sont tous là, Guillaume qui a retrouvé ses esprits et sa bonne mine, Christine, Lise et le petit Raphaël.

Un décor entre pierres et neige

Au final, Guillaume reste sur sa faim, bien décidé à ne pas en rester là. Moi, je suis entièrement satisfait de cette belle balade alpine (environ 3 000 m de D+ pour 40 km) dans le Parc de la Vanoise qui me permet d’entrevoir l’avenir (la Diagonale des Fous) plus sereinement, je ne pensais pas à une aussi belle reprise. Seuls 115 coureurs (45%) ont passé l’arche d’arrivée, c’est François Dhaene qui a dominé cette 1ère édition suivi de Dawa Sherpa et Nicolas Pianet (Thomas Lorblanchet à abandonné).

Les photos, c’est ICI

La vidéo très représentative de l’évènement d’un concurrent (17’)

La vidéo de l’organisation, ci-dessous (7’50)

2012-07-15 014 ITT

 

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Jean VRP de la montagne
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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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