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Jean VRP de la montagne
28 août 2013

2013-08-28 Traces des Ducs de Savoie P1

Sur les Traces des Ducs de Savoie Partie 1

Si vous souhaitez commencer par regarder les vidéos, elles sont visibles à la fin de la partie 2.

Bonjour à tous

Nous voilà de retour de la Vallée de Chamonix enrichis de nouveaux débardeurs de la CCC (Courmayeur Champex Chamonix) 100 km et 5 950 m de D+ pour Guillaume et la TDS (Trace des Ducs de Savoie)119 km et 7 250 m de D+ pour moi et Philippe.

Nous nous sommes donc enrichis d’une nouvelle expérience, enrichis de nouveaux paysages, enrichis de nouveaux partages, enrichis de nouvelles larmes de bonheur. Cette nouvelle aventure, je l’ai vécue, avec Philippe dit le Breton (en fait c’était un prétexte pour nous revoir), un « Frères des Sables », nous sommes devenus, d’après ses dires, « Frères des Montagnes ».

 

Le départ a été donné le mercredi 28 août à 07H00 à Courmayeur (Italie) et pour cela nous avions rendez-vous à 04H30 pour prendre le bus. C’est donc à 03H00 que la journée allait commencer.

 

Le glacier des Bossons sous l’œil du Mont Blanc

 

Avant cela, Christine et moi étions arrivés le samedi précédant la course, la météo était agréable, ce que Lise et Guillaume nous confirmaient pour les jours précédents, eux, qui étaient là depuis une semaine. Le soleil était bien présent avec quelques nuages qui tempéraient et évitaient la « surchauffe ». Chamonix est, pour moi, un endroit de rêve. Sur 360°, des sommets, des pics, des glaciers et leurs séracs. Plus bas, des balcons, des sentiers de randonnée qui vous rapprochent de ce rêve sans jamais pouvoir l’atteindre ou alors, il vous faut être accompagné par des grimpeurs ou des alpinistes, et ça, j’ai eu plusieurs fois la chance d’être dans ces courses de montagne. Toutes ces images, je les ai, en moi, elles sont indestructibles et, aujourd’hui, je viens en chercher de nouvelles car je ne serai jamais rassasié de cet endroit magnifique. D’ailleurs, dès notre arrivée, nous avons rendu visite à un ami grimpeur installé dans la vallée, le fait de le revoir me rappelle beaucoup de souvenirs.

Comme chaque année à la fin août, Chamonix est le rendez-vous des trailers et les rues de la ville en attestent. Au programme cette semaine, 4 courses regroupant 6 000 trailers de 75 nationalités différentes :

CCC (Courmayeur Champex Chamonix) 100 km et 5 950 m de D+ pour 1 900 coureurs en 26H00,

TDS (Trace des Ducs de Savoie) 119 km et 7 250 m de D+ pour 1 500 coureurs en 33H00,

UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) 168 km et 9 600 m de D+ pour 2 300 coureurs en 46H00,

PTL (Petite Trotte à Léon) 300 km et 25 000 m de D+ par équipe de 3 pour 91 équipes de 3 coureurs en 138H00 (sur cette course, il n’y a pas de classement), et l’an prochain, il y aura une 5ème course avec l’OCC (Orsières Champex Chamonix) 50 km et 3 100 m de D+.

Un bon repas de pâtes avant d'en découdre

 

Le dimanche soir, Philippe arrivait de sa Bretagne natale. Dès le lundi, une vérification sommaire de nos équipements nous rassurait que l’on possédait tout, hormis une protection contre la pluie pour notre sac, à priori pas de crainte de la météo, les prochains jours. En attendant, le midi Philippe nous concoctait un excellent repas au barbecue à l’ombre d’un mélèze. Ce bon repas fut suivi d’une sieste !

Sur la place du Triangle de l'Amitié

Elle n’est pas belle la vie de trailer ? Ce jour était le seul où nous serions tous réunis sans aucune pression, donc le soir direction un petit restaurant en centre ville près de la place du triangle de l’amitié. Pendant la soirée, nous avons échangé quelque peu avec un couple d’Américains venus tout exprès participer à la CCC. Une fois le repas terminé, nous avons assisté au départ de la PTL où 91 équipes étaient inscrites. 91 équipes qui mettent en avant, la cohésion, le partage et la solidarité avant tout esprit de compétition. Chamonix s’était rempli en quelques heures et était à son comble pour ces trailers d’un autre monde. Une fois sortis de la ville, le calme revenait et nous prenions la direction de notre gîte. Maintenant le décompte prenait forme, la pression  montait d’un cran.

 

Après une nuit agitée (rêves et cauchemars), en matinée, nous préparons nos sacs à dos avec le matériel indispensable pour le contrôle avant la remise du dossard et le fameux sertissage du bracelet ainsi que de la puce électronique qui valide tout : accès au départ, pointages intermédiaires, chronométrage et classement final. A 14H00, nous prenons la file d’attente sous une pluie qui a pris place sur Chamonix (juste de quoi faire monter un peu plus le stress). 30 mn plus tard, nous entrons dans la salle de l’ENSA (Ecole Nationale de Ski Alpinisme), le rythme cardiaque s’accélère, toujours la crainte d’avoir oublié quelque chose puis arrive mon tour : Identité, veste avec capuche, pantalon, sur-pantalon, lampes frontales, piles de rechange, etc…

 

Bracelets validant notre départ

C’est OK, j’ai le dossard 8422 et le sourire, mon sort est scellé pour 48 heures. Pour Philippe, il a le dossard 9667, ses yeux se remplissent de larmes. Lors du contrôle, le billet du bus pour le transfert vers Courmayeur nous a été remis, le départ de celui-ci  est fixé à 04H30. Nous partons à notre gîte, le dos courbé pour nous protéger de la pluie qui redouble, ce passage de pluie était prévu. Maintenant, le compte à rebours est bel et bien démarré, il nous faut préparer nos sacs et nous coucher de bonne heure. Il faudra attendre 18H00 pour que la pluie cesse, « un temps de Breton » dixit Philippe.

 

Les différents parcours

Il est 03H00 lorsque le réveil nous sort du lit, premier réflexe, nous mettons le nez dehors, il fait sec, puis, nous prenons un petit déjeuner le plus riche possible. Nous quittons le gîte le sac sur le dos sans oublier notre sac d’allégement (contenant quelques affaires de rechange et un complément de nourriture) qui sera pris en charge par l’organisation et déposé à mi-parcours, au Cormet de Roselend. La traversée de Chamonix se fait sous un ciel chargé mais sec. Dès notre arrivée au lieu de rendez-vous, nous sommes pris en charge et prenons place dans un bus de l’organisation. Il nous faudra 45 minutes pour rejoindre Courmayeur par le Tunnel du Mont Blanc puis, attendre encore 1 heure avant de rejoindre la ligne de départ. Une fois  « débarrassés » de nos sacs d’allégement, nous nous insérons parmi les 1 500 partants. Il est 06H45, Catherine Poletti, la « boss » de cette gigantesque organisation rappelle les règles de sécurité et les valeurs d’engagement, de respect et de solidarité. Puis, ce sont les décibels qui sont lâchés, plus précisément les Pirates, ceux des Caraïbes ! Cette musique grandissante fait vibrer chaque trailer, les gorges sont serrées, les yeux pétillent de bonheur, les pulsations sont au maximum.

Mercredi 28 août : 07H00 - Place Brocherel à Courmayeur - Altitude 1 220 m au km 0

 

Courmayeur, 07h00, le départ

Les coureurs effectuent le décompte, à son terme, les rues s’ouvrent à nous, un nombreux public nous encourage, nous courons en direction du Col Chécrouit. Cette fois, nous y sommes, après des mois de préparation que notre entourage partage malgré lui, les yeux ont séché et les pulsations sont revenues momentanément, dans la normalité. Après 2 km d’échauffement, nous sommes sur le flanc de la montagne pour 1 200 m de D+ (dénivelé positif) jusque l’Arête du Mont Favre via le Col Chécrouit. Jusque là, rien d’anormal, un Val d’Aoste toujours aussi magnifique avec le très beau glacier du Miage dans un ciel d’une pureté incroyable. Tous les ingrédients pour une belle journée. Nous n’avons pas encore atteint l’arête, nous sommes au km 10 et quelques ralentissements subsistent, cela nous permet de prendre quelques clichés. Arrivés à l’Arête du Mont Favre (Altitude 2 435 m au km 11), le pointage donnera 02H19 pour gravir cette arête, puis descente sur Lac Combal où se trouve la 1ère barrière horaire à 11H00. Philippe s’éloigne tout doucement pendant que je pense aux 3 fois que je suis passé ici lors d’UTMB, 3 fois que je n’oublierai pas, Maryse, Thierry et Virginie s’en souviennent, des moments de partage inoubliable.

Lac Combal - Altitude 1 970 m au km 15 – Barrière horaire 11H00

 

Quelle joie d'être en montagne !

J’arrive avec 1 heure d’avance, Philippe lui, repart déjà. Je me ravitaille, je fais le plein d’eau et je reprends mon bâton de pèlerin pour le Col de Chavannes. Philippe est loin devant, dorénavant chacun fait sa course. Au refuge Elisabetta, on quitte le circuit de l’UTMB pour le Col de Chavannes (Altitude 2 603 m au km 19) il est atteint vers 11H00 avant de redescendre dans le vallon éponyme. Pendant cette descente je rattrape Philippe qui est en difficulté, il est victime d’une vieille douleur au genou qu’il avait oubliée, il doute. Je décide de l’attendre pour essayer de le relancer  tout doucement dans la course car rien n’est perdu, il grimace mais ne lâche rien et j’essaye de le prévenir pour qu’il anticipe  des endroits les plus techniques. Le Lac Verney contourné, nous effectuons une remontée très raide dans les rhododendrons qui nous obligent à faire quelques brefs arrêts pour reprendre notre souffle. De nombreux spectateurs, nous attendent sur le haut et nous encouragent. Une fois sur le « plat », nous parvenons sans difficulté au col où nous devrions retrouver Christine et Lise, il est 13H40

Col du Petit Saint Bernard - Altitude 2 188 m au km 36 - Barrière horaire 16H30

 

Le Petit St Bernard en vue

Arrivés au ravitaillement, nous sommes pointés par une bénévole de Loon Plage (59) qui m’informe qu’elle connaît le Trail des Côteaux de l’Aa car je porte les couleurs du Trail d’Alexandre. Nous nous ravitaillons, faisons le complément d’eau et partons pour la vallée de la Haute Tarentaise, nous n’avons pas vu Christine et Lise. La descente est douce, ce qui arrange bien Philippe. Au bout de quelques heures, nous arrivons en vallée à Seez où Christine, Lise et le petit Raphaël nous encouragent puis nous atteignons le ravitaillement.

Bourg Saint Maurice - Altitude 813 m au km 51 - Barrière horaire 19H00

 

A la sortie de Bourg St Maurice

Nous pointons à 16H00 à l’entrée, soit 3 heures avant la barrière horaire, après 11 heures de course, nous sommes contents d’aborder la soirée et la nuit avec un peu d’avance. Guillaume a rejoint nos supporters, cela fait du bien de les voir et c’est bon pour le moral. Pour lui qui est engagé sur la CCC, le départ approche et, le fait de nous suivre ne fait qu’amplifier la pression. Pendant cette pause repas, nous nous changeons, Christine, quant à elle, « trouve » de la crème pour le genou de Philippe, il se masse consciencieusement. Cela fait 30 mn que nous sommes là, lorsque nous voulons sortir du lieu de ravitaillement, il y a un contrôle des sacs, goretex, frontales, sur-pantalon, etc.. C’est ok, nous faisons quelques pas avec nos accompagnants et sortons de Bourg Saint Maurice pour un secteur qui risque de laisser des traces sur cette épreuve car il y a près de 1 600 m de D+ en une seule montée et, après une journée déjà bien remplie avec de surcroit, un soleil très généreux, cela ne sera pas simple.

 

Avant le Fort du Truc

Nous partons d’un bon rythme car il nous faut préserver au maximum notre avance. Le Passeur de Pralognan, se rejoint via le Fort du Truc, le Fort de la Platte puis le passage du Col de la Forclaz avant de redescendre et remonter pour l’atteindre. La première partie se fait « bien » mais un repos de 5 minutes m’est nécessaire avant de reprendre la seconde partie. Tout au long de la montée, des trailers sont allongés sous les rares zones d’ombres que les quelques arbres fournissent. Plus haut, ce sont des concurrents qui sont malades, faute d’avoir géré leur effort. Pour ma part, je ne suis plus au top de ma forme, mais j’avance. Arrivés au Fort de la Platte, il y a un ravitaillement en eau, beaucoup de coureurs se couvrent, le soleil s’est caché derrière la montagne et un vent froid consomme nos calories. Au vu de la configuration du terrain, nous continuons encore avant de nous couvrir, encore une centaine de mètres de dénivelé et, nous sortons tous les vêtements que nous avons dans le sac pour les enfiler sans oublier le bonnet et les gants, le temps s’est refroidi brutalement, nous passons en mode « hiver », le passage du col risque d’être difficile.

 

Au Fort de la Plate, le froid arrive

Je prends le relais, nous relançons à chaque fois que cela est possible. La luminosité baisse de plus en plus, les frontales commencent à s’illuminer, lorsque je lève la tête, je devine le chemin qui nous emmènera au col grâce au sentier lumineux des frontales. Il nous faudra encore 30 minutes pour atteindre le pointage, juste en dessous du col, les secouristes sont équipés d’une bouteille d’oxygène pour les trailers en hypoxies. Nous nous équipons de nos frontales et franchissons le Col de la Forclaz (Altitude 2 389 m au km 59) quelques minutes plus tard. Sur une centaine de mètres une dizaine de bénévoles sont présents pour sécuriser le début de la descente. Des cordes sont installées, il y a peu d’appui, et lorsqu’il y en a, ils sont glissants ! Le passage est extrêmement délicat, rien ne sert de s’affoler, nous n’avons rien à gagner mais tout à perdre ! Il nous aura fallu presque 1 heure pour nous affranchir de ce passage. Libérés, nous repartons de plus belle, le ciel s’est dégagé et des milliers d’étoiles se dévoilent à nous.

 

On approche du Passeur de Pralognan

La luminosité de la lune crée des ombres au moindre détour des rochers et des montagnes toutes proches, une beauté inhabituelle et pas moins ténébreuse. Une fois le Passeur de Pralognan passé nous descendons vers le grand ravitaillement du Cormet de Roselend, mais avant cela d’autres parties techniques se succéderont où nous aurons régulièrement besoin de nos mains pour escalader et cheminer de nuit, c’est le cas du passage du curé, Philippe n’en revient toujours pas du côté extrêmement technique de la course.

 

La suite, c’est ICI

2013-08-29 022 Chamonixa

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Jean VRP de la montagne
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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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