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Jean VRP de la montagne
13 juillet 2014

2014-07-13 Trail Verbier St Bernard

Trail Verbier Saint Bernard

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos et les vidéos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.

48 heures après avoir terminé le Tour des Pays du Mont Blanc (TPMB) avec Christine, nous voilà arrivés en Suisse, à Liddes, commune se situant de manière équidistante des différents points de contrôle du Trail Verbier Saint Bernard.

Mais avant cela, petit retour en arrière dans les Alpes Chamoniardes. Christine souhaitait refaire cette randonnée réalisée il y a quelques années sous une météo des plus capricieuses. Ce Tour des Pays du Mont Blanc fait 140 km et 8 500 m de dénivelé positif (D+), il a deux étapes communes avec le Tour du Mont Blanc (TMB) sur lequel se déroule le mythique Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), 166 km et 9 600m de D+. Le TPMB, reste en France, il passe de cols en sommets en traversant la vallée à Sallanches et à Praz sur Arly. Il y a 3 passages au-dessus de 2 500 m d’altitude, le col de la Fenêtre, le col de Salenton et le Brévent. Ces deux derniers ont été atteints après le passage de nombreux névés et pour le Brévent, sous des chutes de neige avant de redescendre sur les Houches, point de départ et d’arrivée de cette rando. Au final, cette rando a été, une fois de plus bien arrosée, mais de manières différentes de la dernière fois, ce qui nous a permis de compléter nos images lors de notre dernier passage. Les soirées et nuitées dans les refuges étant toujours aussi sympathiques. Lors de cette rando, nous avons aussi rencontré de nombreux trailers qui s’entraînaient en vue de la semaine mondiale du trail se tenant à Chamonix la dernière semaine d’août. Suite à cela, direction la Suisse pour 2 jours de repos avant le trail.

2014-07-13 023 Verbier St Bernard

Arrivés à Liddes, c’est Guillaume, venu pour son objectif de la saison accompagné de Lise et du petit Raphaël qui nous accueillent. Nous sommes venus en Suisse car ce trail est, paraît-il, différent de ceux de Chamonix, quelles différences y a-t-il entre les Alpes Chamoniardes et les Alpes Valaisannes ? Pour l’instant, on peut dire que la météo est identique, nous sommes dans les nuages avec une pluie intermittente. Lors du retrait des dossards à Verbier (1 600 m), la limite pluie- neige se situe juste au-dessus, probablement vers 2 000 m, tout cela n’est pas fait pour me mettre en confiance. Lors du contrôle des sacs, les prévisions météo que l’on nous donne ne sont pas plus optimistes, nous rentrons donc à l’hôtel nous reposer.

Le lendemain, Virginie et Gilbert, Jurassiens d’adoption et Longuenessois de cœur nous rejoignent avant les derniers préparatifs. Demain c’est le grand jour, ce sera Guillaume qui ouvrira les festivités avec le 105 km et 7 000 m de D+ à réaliser en moins de 32 heures (Départ). A l’origine son parcours faisait 111 km et 8 600 m de D+, mais pour des raisons de sécurité suite aux abondantes chutes de neige en altitude, le parcours a été modifié. Puis ce sera le tour de Virginie et moi pour 61 km et 4 000 m de D+ à réaliser en moins de 21 heures. Pour finir, Gilbert sur le 29 km et 2 500m de D+. Quant à Christine, Lise et Raphaël, ils vont jongler avec les horaires de passage pour essayer d’encourager tout le monde aux ravitaillements en vallée.

La Fouly (Suisse) : zone de départ avec Virginie

 Alors que Guillaume est en course depuis 5 heures, Virginie et moi prenons le départ à la Fouly (1 600 m) sous les nombreux applaudissements dont nos supporters de cœur. Le temps est couvert, mais la visibilité est correcte, quant aux dernières prévisions, la pluie est prévue pour cet après midi ! Après les 2 derniers kilomètres de fond de vallée, le temps que les 607 participants s’étirent, nous entrons dans le vif du sujet en direction de l’Italie via le col Fenêtre (2 695 m). Tout se passe bien, pour passer ce col, il y a quelques névés qui se franchissent sans difficulté, j’aperçois Virginie quelques lacets derrière moi. Passé le col dans le brouillard, la prudence est de rigueur car tout est glissant. Malgré ces précautions, je fais mon premier faux pas en m’étalant de tout mon long, le visage dans la neige. Des concurrents m’aident à me relever, pas une égratignure, quelle chance ! Je reprends le rythme et rejoint l’Alp Baou (2 350 m) pour une remontée pour atteindre la frontière Italo/Suisse, le col du Grand Saint Bernard (2 460 m) avec son hospice millénaire, un peu plus bas, un ravitaillement nous y attend, il est 12H30. Je prends le temps de me restaurer en commençant par une soupe bien chaude. Une concurrente, finisher de la PTL abandonne suite à une entorse, personne n’est à l’abri !

 

 

Un parcours sauvage fait de singles 

Des coups de tonnerre se font entendre, les nuages envahissent le col, je décide de mettre ma veste goretex avant de repartir. Virginie m’a rejoint et nous repartons ensemble, le nouvel objectif, le passage le plus haut de la course, le col des Chevaux (2 714m) que nous rejoignons en moins d’une heure. La descente est corsée, très technique, très raide, des passages avec des chaînes, des névés, de l’eau à profusion. Tout cela demande beaucoup de précaution, mais au final cela se passe bien, d’ailleurs, il vaut mieux car pour rejoindre Bourg Saint Pierre (1 620m), il y a 1 100 m de D- sur 11 km à effectuer. La descente se fait de plus en plus « douce » en longeant un lac artificiel. Il est 15H15 quand je rentre à Bourg Saint Pierre accueilli par Christine rassurée de mon « bon état » après plus de 5 heures de course, je discute avec en me ravitaillant, remplis mon camel bag et reprends mon bâton de pèlerin, je sors du ravitaillement et croise Virginie qui y rentre. A noter que déjà 35 concurrents n’iront pas plus loin que ce ravitaillement. La cabane Mille (2 480 m) est notre nouvelle destination, pour cela quelques 860 m de D+ avec quelques longues traversées. Cette partie aurait pu être magnifique si le brouillard ne s’en était pas mêlé, nous passons des crêtes, nous passons sur des à-pics, mais rien n’est visible, que du blanc, que du brouillard que la pluie viendra essayer de déranger sans succès, aucun point de vue !

Ravitaillement de Bourg Saint Pierre

La pluie persiste, transformant les chemins monotraces en mini torrents d’eau boueuse. Des pieds aux genoux, je suis trempé et couvert de boue, heureusement que la veste goretex protège efficacement le haut du corps. Décidément, la montagne s’est fait un allié pour dicter sa loi. J’avance difficilement en essayant de limiter les glissades donc les chutes, quelques montées raides m’obligent à changer de rythme. Alors que j’étais seul dans mes pensées, les coureurs qui me devançaient étaient à une centaine de mètres et derrière, c’était la même chose, un gros bruit sourd se fit entendre, il y avait bien ce bruit continuel de la pluie sur ma veste, mais là, c’était différent. Je m’arrête faisant un tour d’horizon et j’aperçois quelques gros rochers qui déboulent à grande vitesse au travers de notre chemin, aussi fort que je peux, je crie pour avertir les coureurs. Chacun répercute cette alerte comme un écho et, s’arrête pour laisser passer les pierres.

 

Sous l’effet des pluies diluviennes, la montagne se purge. Il n’est pas bon se trouver ici de nuit. Au fur et à mesure que je prends de l’altitude la température baisse, la pluie finit par cesser mais pour laisser place à une pluie de grêles qui ne dure qu’une vingtaine de minutes, mais que cela est long ! Lorsque ces grêlons vous martyrisent les doigts, cela paraît une éternité. Dans ces moments là, je serre les dents et j’avance. Je suis toujours en short mais cela ne m’est pas handicapant. A peine l’averse terminée, un vent froid prend le relais en arrivant sur le col, la cabane Mille (2 480 m) est en vue à quelques centaines mètres plus loin, je me concentre sur mes pieds pour l’atteindre au plus vite, j’y arrive à 18H30. 

Boue et neige pour la glisse !!

Le pointage effectué, je pénètre dans cette cabane qui ne doit pas faire plus de 10 mètres sur 10. Un ravitaillement avec de la soupe a été mis en dernière minute par l’organisation vu les conditions météo. Les coureurs sont entassés, grelottants, se changeant, pour ma part je prends un bol de soupe et ne traîne pas. A la sortie, le vent n’a pas faibli mais je compte qu’au bout de quelques minutes tout cela s’atténue. Ma théorie est bonne, j’en suis très heureux, percé par la pluie, trempé par la transpiration, je me réchauffe doucement et me ressaisis en étant passé sous le col. Selon le profil, il ne reste « que » 1 descente vers Lourtier (1 074 m), 1 montée vers la Chaux (2 220 m) puis, la descente vers l’arrivée Verbier (1 600 m). Mon prochain objectif est bien Lourtier, par contre, comme la pluie s’est remise à tomber, je n’ai pas envie de « tomber » le sac pour chercher la frontale, il me faut donc arriver avant la nuit, il y a 10 km et 1 400 m de D- à parcourir. Tout comme la montée, la descente est composée de replats avec des raidillons, l’ensemble toujours gorgé d’un mélange d’eau et de boue sans oublier les nombreux petits torrents qu’il faut sauter sans glisser, parfois une pierre facilite le passage, mais ce n’est pas toujours le cas. Cela est bien une particularité de ce versant Suisse, la présence de cette terre à plus de 2 000 m contrairement aux cailloux, côté Chamonix. Ici pas de longs sentiers roulants, rien que du monotrace, même par temps sec, cela nécessite une concentration constante. 

Un passage très humide

Pour l’instant, hormis mon plongeon dans la neige, même si je ne sais pas comment j’ai fait, j’ai réussi à rester sur mes deux jambes, presque une performance et je m’y accroche. Aux dires des locaux sur la course, la montée après Lourtier sera le juge de paix pour ceux qui s’affrontent, je m’attends donc au pire mais l’objectif final reste le même, rejoindre Verbier dans les délais imposés. Après avoir traversé quelques sapinières, nous débouchons sur des prairies au-dessus de Lourtier (1 074 m). J’arrive au ravitaillement sans frontale malgré un ciel gris-noir  toujours aussi chargé qui déverse régulièrement son lot d’averses, il est 20H30. Cette fois ci, je me déshabille mais je garde le seul vêtement sec pour lorsque je serai là-haut à la Chaux, ici il faut lutter contre l’humidité, là-haut ce sera contre le froid. Je profite de la bonne charcuterie, de l’excellent chocolat suisse mais surtout du bouillon pour réchauffer l’intérieur, tout cela offert par les bénévoles. Il ne faut pas que je m’éternise, si je me rapproche du bien être de cet endroit, je ne repartirai pas, d’ailleurs 10 se sont arrêtés à la Cabane Mille, et ici, 67 ne repartiront pas de ce ravitaillement. Les coureurs qui étaient partis avec un équipement « limite » acceptable pour gagner du poids paient cash leur choix. Je discute avec des Lillois reconnaissables à leur buff de la Côte d’Opale qui sont venus en week-end à Verbier, j’en profite pour faire la promotion du Trail des Coteaux de l’Aa. Le temps passe, dehors c’est le déluge, la pluie ne cesse de redoubler, certains attendent une accalmie, pour ma part, je redémarre, un autre concurrent m’accompagne, nous passons au-dessus d’un torrent, il déverse avec grand fracas une eau grisâtre et boueuse. 

Nous avons fait à peine 50 mètres que nous prenons un chemin le long de ce torrent, il monte très raide, mon compagnon d’infortune prend déjà la poudre d’escampette, il ne doit pas être de la même planète. Il me faudra 2 heures et demie pour réaliser les 1 200 m de D+ sur 5 kilomètres, les conditions sont difficiles, à plusieurs endroits je pense être perdu, la pluie et le brouillard ne m’aident en rien lorsque je cherche le balisage mais je m’accroche et j’y crois, à 23H30, je pointe à la Chaux. Quel bonheur d’être accueilli par les bénévoles dans une pièce tempérée. A l’intérieur, le nécessaire au ravitaillement plus, 2 canons à air chaud et 2 autres chauffages comme l’on trouve dans les grandes gares ferroviaires. Ils sont littéralement encerclés par les coureurs sous leur couverture de survie espérant recueillir la moindre calorie. Moi je me déshabille à l’écart et mets mon dernier maillot mis délicatement dans un sachet étanche, je vous assure que c’est super agréable, je change aussi mes mitaines contre une paire de gants secs et je vais me restaurer. Me voyant toujours en short, les bénévoles m’invitent à aller dans une seconde pièce encore plus chaude, je décline l’invitation. Je possède bien un collant long, mais vu l’état de mes jambes, mes chaussures ou autres cela va prendre trop de temps à mon goût. Je picore donc dans les différentes assiettes en faisant des allées et venues pour me réchauffer, lorsque je prends ma soupe, je suis pris de tremblements qui m’imposent de poser mon gobelet momentanément. ½ heure après mon arrivée, je sors du refuge confiant pour la dernière descente.  

15H50' pour 61 km et 4000 m D+, satisfait de ma course

La première ½ heure se court bien, puis le pourcentage (négatif) augmente et là c’est un peu tout et n’importe quoi, seul, dirigé par le halo de la frontale, je fais d’innombrables figures « artistiques » non contrôlées, je suis incapable de faire 10 mètres sans avoir les fesses par terre. Même en m’écartant du chemin, sur l’herbe, j’ai du mal à rester debout, je n’avance pas vite, quelques concurrents plus habiles que moi me doublent mais je n’arrive pas à les suivre, c’est long et je fatigue. Au loin je vois les lumières de Verbier. Encore un peu de patience et j’arrive sur une piste de ski qui n’est pas pentue, probablement verte, et qui me permet de reprendre une certaine aisance. Maintenant, j’arrive à la porte de Verbier, je suis sur le bitume, crotté des pieds à la tête, je traverse la ville croisant quelques accompagnants attendant leur coureur, puis l’arche d’arrivée est en vue avec ma première supportrice Christine. Je passe l’arche à 01H50 en 298ème position soit 15H50’ pour 61km et 4 000 m de D+. 16 coureurs ne seront pas repartis de la Chaux ce qui fait un total de 128 abandons sur 607 partants. Mes premières pensées vont pour Virginie qui doit s’engager dans cette descente et Guillaume qui doit encore faire beaucoup d’efforts en terme de kilomètres et de dénivelé pour y arriver car pour moi cette descente est bien la partie la moins intéressante de cette course.

Deux finishers heureux

De retour à l’hôtel, j’apprends que Virginie a passé l’arrivée qui est de bon augure car elle prend le départ de la TDS à Chamonix en août prochain. Gilbert quant à lui a dû s’arrêter suite à des problèmes gastriques. Après la douche et quelques heures de repos, nous irons accueillir Guillaume qui a bouclé les 105 km et 7 000 m de D+ en 30H26’, une très belle performance étant donnée les conditions météorologiques exécrables.

Au final, il n’y a pas de comparaison possible entre les Alpes Chamoniardes et les Alpes Valaisannes, les terrains sont totalement différents, seule la météo peut être identique. Les paysages, je les ai « devinés », ils étaient très beaux et en vrai ils devraient être magnifiques. Pour l’organisation, rien à dire, les bénévoles sympathiques et les ravitaillements étaient excellents. Une très belle course que je recommande aux personnes qui souhaitent faire un placement « bonheur » et non « lingot ».

Pendant ce séjour dans les Alpes, j’ai souvent pensé à Alex car il faudra qu’il « re-mute » les Côteaux car ils paraissent bien plats lorsque l’on est à la montagne.

Merci à Christine, Lise et Raphaël, de m’avoir suivi et de m’avoir insufflé des ondes positives. Maintenant, je peux aborder en août prochain la CCC avec un peu plus de sérénité.

Les photos, c'est ICI 

2014-07-13 106 Verbier St Bernard 

2014-07-13 010 Verbier St Bernard

 

 

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Jean VRP de la montagne
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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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