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Jean VRP de la montagne
24 août 2017

2017-08-17 Ultra Trail des 4 Massifs (Partie 1)

Ultra Trail des 4 Massifs

 (Partie 1) 

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de la « Partie 2 ».

Voilà plusieurs mois que nous sommes inscrits sur l’Ut4M, l’Ultra Trail des 4 Massifs, Vercors, Oisans, Belledonne et Chartreuse avec comme camp de base et point central, Grenoble. Il y a des courses pour tous.

 Une pléthore de courses

Avant le départ pour les Alpes, Guillaume se charge d’éditer le book coureurs et le book accompagnants (très important pour eux et aussi pour nous). Cela nous permet d’avoir un tout petit aperçu de ce qui nous attend dans la périphérie de Grenoble qui fut il y a 50 ans, ville olympique d’hiver (1968). Nous rentrons un peu plus dans le sujet, nous nous apercevons que, même si au plus profond de nous même nous le savions, le défi est de taille, même après un UTMB. Suite à ma déconvenue à la MaxiRace d’Annecy où j’avais arrêté au km 70, l’organisation a accepté de me changer de course, Guillaume est donc inscrit sur l’Ut4M Xtrem170 (169 km et 11 000m de D+, dénivelé positif) avec l’azuréen, audomarois de cœur Jérémie, et moi sur l’Ut4M Master 100 (95 km et 5 500m de D+, dénivelé positif), ce qui me permettra d’être un tout petit peu plus détendu.

 

Dossard OK

Jour J-5 : Christine et moi rejoignons la petite famille Leroy-Delattre au camping, notre arrivée sera suivie de la famille Berteloot-Berteloot. Au programme, profiter d’un soleil faisant cruellement défaut dans les Hauts de France, de la piscine et prendre du repos avant le trail.

 

Jour J-1 * Pour l’Ut4M Xtrem170 : C’est le retrait des dossards et le contrôle des sacs, instant toujours un peu stressant lors du déroulement de la vérification du matériel qui doit être conforme au règlement. Tout le matériel est scrupuleusement contrôlé. En cadeau de bienvenue, nous avons droit à une paire de « tongues » et quelques petits objets marketing. Je rencontre Julien, fils des amis de Régine, ma frangine, il est inscrit avec son beau-père sur l’Ut4M Master 100. L’après midi se termine par le briefing avec les recommandations d’usage et les infos météo. Deux épisodes orageux sont identifiés, vendredi vers 16/17 heures et le second, en début de nuit. Nous retournons au camping, Guillaume et Jérémie doivent préparer les 3 sacs pour les bases de vie situées entre les massifs.

Guillaume et Jérémie au départ de XTrem 170

Jour J * Pour l’Ut4M Xtrem170 : C’est le grand jour, Guillaume et Jérémie sont bien ou ils en ont l’apparence, ils devinent où ils s’en vont, rien ne sera facile. Les sacs pour les bases de vie ont été remis à l’organisation. L’ambiance est festive et il fait grand beau, voire très chaud, Grenoble est situé dans une cuvette. A 17h30, ils embrassent leur petit monde et se fondent dans le sas de départ. Dernières recommandations de l’organisation, et le décompte est lancé sur la musique de Carmina Burana. A 18h00, 388 trailers (sur 450 inscrits) se lancent sur cette folle aventure, 170 km et 11 000 m de D+, direction le Vercors. Pour Guillaume et Jérémie, cela fait partie des plus grands défis, ils s’élancent. Pour ma part, j’espère ne plus les revoir avant leur arrivée, l’inverse signifierait que l’un de nous ait abandonné. Ce même jour c’est, Jour J-1 * Pour l’Ut4M Master100 : C’est le retrait des dossards avec le même cérémonial et le même briefing que mes prédécesseurs. Tout se passe bien, nous rentrons au camping pour la préparation de mon sac pour la base de vie de St Nazaire les Eymes. Lise, Sophie et les enfants sont partis à St Nizier du Moucherotte, premier endroit où ils pourront encourager leurs héros sur l’Ut4M Xtrem170.

 

Uriage : Zone de départ de l'UT4M

Jour J * Pour l’Ut4M Master100 et Jour J+1 * Pour l’Ut4M Xtrem170 : Nous prenons la route pour Uriage, lieu de départ l’Ut4M Master100, nous y sommes à 09h00, une petite ville thermale très jolie sous un ciel bleu azur et un soleil dominant. Je dépose mon sac de vie et je partage un bon café avant le départ. A cet instant, nous n’avons pas d’info de Guillaume et Jérémie, les filles dorment, elles ont passé une partie de la nuit sur la route, par contre, les sms affluent, cela fait du bien au moral. A 9h30, le speaker nous convie à rentrer dans le sas de départ, mais pour y accéder, il faut passer par un nouveau contrôle du sac. Je quitte donc Christine toujours un peu inquiète de mes objectifs. Ici, il n’y a aucune raison que je sois mis hors course par les barrières horaires. Pour des soucis d’organisation, nous avons un « bonus » de 8 heures de telle manière que nos barrières horaires correspondent à celles de l’Ut4M Xtrem170. A moi, de prouver que je suis capable d’être dans les temps impartis moins 08h00. A 10h00, nous sommes 325 trailers à parcourir le parc des thermes (sur 427 inscrits). Pour le plaisir des accompagnants, nous faisons le tour du parc, puis, montons au château et redescendons pour longer une dernière fois le parc et nous diriger vers Belledonne.

Direction Croix de Chamrousse

Normalement, je devrais revoir ma supportrice à Croix de Chamrousse mais pour cela, il y a un peu de chemin à faire. Pour l’atteindre, nous passons dans de nombreux endroits ombragés et cela est bien agréable, avec des parties avec de gros pourcentages. Dans l’une d’entre elles, je fais même connaissance avec le beau-père de Julien qui ensuite détalera comme un lapin ! A la station de Chamrousse, nous suivons les câbles d’un téléski, que c’est raide ! Heureusement que cela ne dure pas ! Puis dans une descente, c’est Julien qui me double, très à l’aise dans cet exercice, je ne m’en offense pas, la route est encore longue.

J’arrive à l’Arselle, endroit où nous arrivons sur le parcours commun avec l’Ut4M Xtrem170, eux, ont déjà réalisé, 92 km et 7 130 m de D+ et moi sur l’Ut4M Master100, 17 km et 1 600 m de D+. Je recharge donc en eau et fais une pause de quelques minutes, puis je repars avec Julien arrivé avant moi. Nous ne resterons pas très longtemps ensemble car je suis ralenti par mes premières crampes. Les 600 m de D+ qui me séparent de Croix de Chamrousse me sont difficiles, physiquement bien sûr mais surtout moralement. En 01h30, 30 à 40 trailers me dépassent sans aucune difficulté, le sentier n’est pas particulièrement technique, il fait beau (et chaud), les points de vue sur des lacs sont exceptionnels et moi je me concentre pour ne pas m’arrêter, j’avance lentement. Seul point rassurant, je ne suis pas seul, je double quelques coureurs ayant les mêmes soucis, ils sont allongés par terre, grimacent et essayent de s’étirer. Tant bien que mal j’arrive à Croix de Chamrousse.

 

Direction Croix de Chamrousse avec de beaux points de vue

Christine est là, fidèle au poste, un bon réconfort, chaque dossard donnant droit à 2 allers/retours pour accéder à Croix de Chamrousse en télécabine, elle ne s’en est pas privée. Je rentre dans la tente du ravitaillement me mettre à l’abri du soleil et surtout d’un vent puissant. Je fais le complément d’eau et grignote une friandise puis ressort rapidement, le vent s’est encore amplifié, je suis obligé de tenir ma casquette, élément indispensable avec ce soleil. Christine m’attend et me met un gel sur les jambes pour mes crampes qui me fait grand bien. Elle m’apprend aussi que Guillaume a chuté cette nuit, il a cassé un bâton et s’est tordu la cheville (vaut mieux cela que l’inverse). Lise va lui apporter un bâton de randonnée de Christine à la prochaine base de vie. Quant à Jérémie, pas de soucis, il a 01h30 d’avance sur Guillaume. Je pense tout de suite à Benoît, un ami finisher de cette course qui m’avait dit : « Le second massif à monter, c’est le kilomètre vertical ! », c'est-à-dire 1 000 m de D+ pour 4 à 5 km de distance, du gros, du raide, avec ce qui vient d’arriver à Guillaume, il va devoir se battre, mais nous sommes là pour cela et c’est un battant !

A 15h00, j’attaque la descente, 5 minutes plus tard, je suis à l’abri du vent. Mes crampes se font oublier et les quadris se font sentir mais cela se passe bien. La faible participation fait, qu’il y a peu de grand groupe de trailers, nous ne sommes jamais nombreux sur les sentiers et cela a un côté sympa. Durant une grande partie de la descente, un trailer me suit à une cinquantaine de mètres, nous avons la même allure, peut-être anticipe-t-il la venue de la nuit ? C’est souvent ce qui se passe, des regroupements se font et se défont. Ce trailer qui s’appelle Yann (dossard 5353) finira par me rejoindre, une nouvelle rencontre éphémère comme je les aime. Yann est Lyonnais, mais il se plait à dire qu’il est avant tout Breton. Nous discutons bien, j’apprends même qu’il est venu travailler dans une verrerie à Arques (Saverglass), j’apprendrais par la suite que nous avons au moins une connaissance commune, le monde est petit. Pour atteindre Freydières, nous devions passer par le Grand Colon mais le risque d’orage est bien présent, nous passons donc par le parcours de repli qui a un peu moins de dénivelé mais qui est plus long. Quoi qu’on en dise, les prévisions météos s’améliorent, à 17h10, un violent orage nous tombe dessus, à quelques centaines de mètres, éclairs et tonnerres se superposent, il n’est pas bon de rester dans le coin. Même si nous sommes en sous bois, la tenue de pluie est indispensable. Heureusement que cela ne dure pas très longtemps, 1 heure quand même ! Sous nos vestes en Goretex, nous transpirons comme jamais, maintenant le soleil est de retour, comme si rien ne s’était passé, nous sommes secs à l’extérieur, mais bien trempés de sueur à l’intérieur.

 

Le facteur est passé ! Surprise

A 18h45, nous rejoignons le ravitaillement de Freydières. Je commence par me changer et mettre un tee-shirt sec, Yann n’a pas prévu cette éventualité. Je fais le plein d’eau et bois de la soupe, puis un petit pain au lait, je me régale, de bon augure pour la suite, pour finir je me masse les jambes avec le gel que Christine m’a laissé.

Notre pause a duré tout au plus 20 minutes, nous continuons notre descente vers la base de vie tout en papotant. Parfois nous sommes doublés par des coureurs de l’Ut4M Xtrem170 à une vitesse que nous ne pourrions suivre, incroyable la puissance et la dextérité qu’ils ont sur les parties techniques. Yann m’explique qu’il va passer sa première nuit en trail et qu’il ne sait pas comment il va la gérer, il est content de la passer avec moi. Cela me fait plaisir, nous nous relayons pour avoir une moyenne acceptable, notre binôme fonctionne bien. Un nouveau trailer de l’Ut4M Xtrem170 nous rejoint, mais lui n’est pas réellement « pressé », actuellement classé 40ème, il discute avec nous, il est super sympa. Nous sommes dans son « jardin », il nous explique les différents sommets qui nous entourent, sa façon de s’entraîner et plein de choses aussi hors trail. La descente se passe vite et nous atteignons la vallée au Versoud pour un point d’eau et aussi des « Chamallow », les bénévoles sont vraiment extraordinaires et ont toujours la « banane », cela nous est très agréable. Nous quittons ce point d’eau à 3 pour 5 kilomètres de plat inintéressant pour rallier la base de vie de St Nazaire les Eymes mais les organisateurs n’ont pas réussi à rapprocher les massifs de Belledone et de la Chartreuse. Ce trait d’union entre ses vallées nécessaires passera une nouvelle fois vite. Nous arrivons St Nazaire les Eymes, lieu de base de vie à la tombée de la nuit, il est 21h30.

Merci Charline

Merci Raphael

Je vais récupérer mon sac d’allégement et, avant de me le donner, la bénévole me précise : « Attendez, vous avez du courrier ! », j’avoue que je ne comprends pas mais, n’ayant peut-être pas tous mes esprits, je patiente un peu. La bénévole me donne, une enveloppe où figure mon nom et mon numéro de dossard, puis une seconde et enfin une troisième. Je la remercie et pars m’installer sur une chaise. Je reconnais l’écriture et j’en imagine le contenu. Je les laisse de côté et préfère les consulter une fois que je serai ravitaillé. Comme toujours, je commence par changer mon tee-shirt et j’enfile des manchettes, j’hésite un peu à passer en mode long pour les jambes. Mes pieds sont un peu serrés dans mes chaussures, dans les descentes mon gros orteil cogne le fond de la chaussure, pourtant d’une pointure supplémentaire, je crains de voir mes pieds dans un sale état, striés au format de mes chaussettes. Je décide donc de rester en court pour la nuit et, si j’ai froid, il faudra que je remue davantage. Mes gestes sont lents et quelque peu désordonnés. Je vais me chercher une soupe aux vermicelles et en ramène pour Yann. La soupe passe doucement mais elle passe, c’est le principal ! Je m’en offre même une seconde ! Pendant ce temps, Yann se refroidit et souhaite repartir, ce n’est pas mon cas, je n’ai pas encore récupéré totalement mon souffle. Nous nous souhaitons bonne chance et donnons rendez-vous à Grenoble. Lui qui voulait « partager » la nuit avec moi, le voilà parti seul pour Habert de Chamaude, 1 450 m de D+, un dénivelé qu’il appréhende. Maintenant, j’essaie de manger du solide mais, comme souvent, cela ne passe pas. Etant en « pause », j’en profite pour aller aux toilettes en espérant que ce ne soit pas des turques. Que cela fut bon, installé sur des toilettes surélevées, mes quadris ont bien apprécié. Je suis bientôt prêt pour un nouveau départ, notre compagnon de l’Ut4M Xtrem170, me salue, il a essayé de dormir, sans succès alors il préfère repartir, nous nous souhaitons bonne route et rendez-vous aussi à Grenoble. Avant de repartir, j’ouvre mon courrier, le premier est de ma frangine, Régine et Gérard qui me suivent à distance mais qui sont toujours avec moi par la pensée en course. Le second courrier est de Lise, ma fille et de Raphaël et Charline, ils ont fait des dessins représentant Papy dans la montagne, pour celui de Charline, il faut être un peu plus imaginatif, elle a à peine 2 ans. Quant au troisième c’est ma supportrice de tous les instants, Christine. Je suis très ému, cela me fait vraiment chaud au cœur, c’est la première fois que je rencontre le facteur dans un trail. Ce courrier, je le mets dans mon sac de vie que je rends à la bénévole puis, avant de sortir, je passe un coup de fil à Christine pour l’informer que je pars pour la nuit et que tout va bien, je n’ai que 12 heures de courses, 54 km et 2 920 m de D+ effectué. Je lui demande des nouvelles de Guillaume et Jérémie, tout va bien pour eux. Le temps de mon appel, l’orage est arrivé avec la même puissance que cet après midi. Je redépose mon sac et sors la veste de pluie, il 22h30 quand je quitte la base de vie.

La suite de l'aventure, c'est ici

 

UT4M1b

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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