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Jean VRP de la montagne
4 juillet 2021

2021-07-04 GR5-Via Alpina-Mercantour J4

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04 juillet

Au départ de la Cabane de Susanfe (1 950 m)

Via : Col de Susanfe, Lac de Susanfe, Van d'en Haut, Salvan, Vernayaz

 

Cabane de Susanfe (1 950 m)

Avant de prendre le départ de cette rando, je me disais que l’étape de ce jour serait l’étape qui me ferait, soit arrêter par la fatigue de mon genou due aux 4 étapes et les quelques 2 000 D- du jour, soit m’ouvrir la porte vers Monaco car l’enneigement du col pouvait me donner du fil à retordre, c’est donc aujourd’hui que tout allait se décider !

 

A 06h00 je suis le premier au petit déjeuner il y a : thermos, pain, beurre, confiture et autres pour prendre des forces. Cependant, une chose m’interpelle, la confiture est dans un petit pot en verre, esthétiquement, il n’y a rien à dire mais lorsque l’on sait que ce refuge est réapprovisionné par héliportage, cela me désole. La lutte contre le changement climatique commence ici, il faut arrêter de produire des articles à usage unique de ce type, le poids du contenant est supérieur au poids du contenu et tout cela transporté par hélicoptère, une gabegie ! Je n’y comprends rien dans un endroit aussi reculé, la bêtise humaine. Et ce n’est pas nécessaire de mettre cela sur le compte de la crise sanitaire ! Encore heureux, cette confiture industrielle a bon goût !

 

20210704_062816

A 06h30, je suis comme à mon habitude, le premier randonneur à humer l’atmosphère, mais d’autres sont quasi prêts à partir aussi. La pluie a, une fois de plus, lavé le ciel (expression favorite d’une amie). Il y a des nuages de toutes sortes, mais peu nombreux à cette heure et le soleil est présent, mais timidement et pour combien de temps ! Je me dirige donc vers des nuages gris qui semblent camper au dessus du col que je devine au loin. Les trombes d’eau d’hier laissent les sentiers dans un état déplorable. Par moment, je ne sais pas si le sentier sert de lit pour un torrent ou est-ce le torrent qui sert de sentier ! Par chance pour moi, il y a beaucoup de gros rochers sur les côtés qui me permettent d’avancer sans poser les pieds dans ces coulées grises, un mélange d’eau et de boue de schiste. Mes chaussures étant à peine sèches, il n’est pas nécessaire d’en ajouter. J’atteins les premiers névés assez rapidement, la pente n’est pas élevée, donc les crampons ne sont pas indispensables. Arrivé au pied du col, la neige est importante mais aucune difficulté en vue. J’avance au cap car les repères sont sous la neige et il n’y a aucun cairn m’indiquant le meilleur passage. Il n’est pas très agréable de traverser ces névés, la pluie et peut-être la grêle n’ont fait du sol qu’une succession de trous et de pointes qui m’empêche d’avoir de bons appuis. L’hiver, en avion au dessus des montagnes, la vue doit ressembler à cela, momentanément, je suis un géant qui marche sur les Alpes. Un autre constat, j’ai l’impression, qu’il y a eu une pluie de météorites tellement les névés sont grêlés de cailloux venus des flancs de la montagne. Il valait mieux ne pas être dans les parages lorsque celle-ci a eu lieu !

 

Au fond, le Col de Susanfe (2 493 m)

Je récupère une trace qui passe alternativement dans la neige et dans le schiste noir. Avec ou sans neige, la pente se relève, ça glisse, mais je fais le choix de ne pas mettre les crampons. Je progresse lentement mais sûrement. A 08h00, avec un beau soleil, si si ! Je suis au Col de Susanfe à 2 493 m, je viens de faire 400 mètres de dénivelé positif, les seuls à faire de la journée, maintenant, il ne me reste que de la descente avec plus de 2 000 m de dénivelé négatif. Etre à ce col est une sorte de soulagement car j’ai toujours pensé qu’il était une clef pour la réussite de cette randonnée mais, à condition de pouvoir le descendre convenablement.

 

Le Col de Susanfe (2 493 m)

Un dernier regard en arrière, une photo avant de regarder le versant nord, il reste énormément de neige, la vue est magnifique, je m’équipe de mes crampons. Les indications données au refuge sur le passage du col en cas d’enneigement sont imprécises et incompréhensibles, je ne vois ni trace d’été (normale vu l’enneigement), ni trace d’hiver ! J’aurai aimé trouver des empreintes d’un passage récent, mais la pluie d’hier a probablement tout effacé, la descente risque d’être compliquée. Je savoure encore un instant le point de vue qui m’est offert sur le lac de Susanfe et je me fis à mon GPS et à mon instinct. Cette ambiance haute montagne, c’est ce que je viens un peu chercher, je ne vais pas me plaindre mais il me faut assurer maintenant.

 

Au fond, le Lac de Sasanfe

Un tout petit éperon émerge dans la pente, c’est mon premier objectif. Après quelques zigzags, je l’atteins, je fais bien quelques glissades malgré mes crampons mais rien de surprenant vue la pente et la neige qui fait un peu sorbet. Je me pose et je m’hydrate. Deux alpinistes montent droit dans la pente, ils ont un équipement qui fait bien la différence, je leur demande de me prendre en photo, aussitôt dit aussitôt fait et ils tracent la route. Moi je ne peux pas descendre là où ils ont monté, beaucoup trop raide pour mes petits crampons ! Il faut que je fasse des virages beaucoup plus grands et éviter les combes. Je prends mon temps. Arriver en bas, c’est mon but mais en restant maître de la situation ! Plus je descends, plus le ciel se couvre, je ne suis pas inquiet, s’il venait à pleuvoir, la surface de la neige n’en serait pas affectée. Doucement je perds de l’altitude, même si je n’en vois pas le bout, même si le lac est encore « petit », je ne perds pas patience. A une cinquantaine de mètres, un guide suivi d’une petite dizaine de personnes est dans l’ascension, le guide me salue de loin, je lui retourne son salut et nous continuons l’un et l’autre nos routes. Mes yeux sont toujours fixés sur mes pieds pour anticiper toutes glissades qui pourraient être dommageables, de ce fait, les photos sont rares. Pour relâcher la pression, je m’arrête régulièrement et j’imagine où je passerai dans les prochaines minutes. Pendant un arrêt, j’aperçois un bouquetin perché sur un rocher, il est de profil sur un fond enneigé, il est magnifique. Malheureusement, ne pouvant m’agiter rapidement vu ma position précaire, je n’ai pas le temps de faire une photo.

Je descends, des alpinistes montent

 

A présent, la pente commence à s’adoucir et je peux accélérer le pas. Dix minutes plus tard, j’enlève mes crampons et prends un rythme plus normal pour rejoindre le lac de Susanfe. Il est 10h00 au refuge éponyme, je fais une pause thé. Maintenant, il me reste à descendre sur Martigny.

Ce matin, du refuge au col, j’ai mis environ 01h30 pour 400 m D+, du col au lac, j’ai mis 02h00 pour 600 m D-. La neige ralentit ma progression même si les crampons m’assurent le pas. Par contre cette lenteur a permis à mon genou de ne pas crier « gare ! ».

 

Dernier regard sur le Col de Susanfe (2 493 m)

Le lac de Susanfe est une retenue hydroélectrique, je passe au pied de la structure en béton puis je suis le torrent de Susanfe par un chemin forestier quelque peu raide. Parfois je coupe les lacets via des singles mais ici aussi les sentiers sont faits de boue qui engendrent des glissades plus ou moins contrôlées. Vu que par endroits, la pente est très raide, des escaliers métalliques ont été installés. Lorsque j’arrive à Van d’en Haut, j’ai la possibilité de planter la tente car il y a un camping, mais il n’est pas tard et la pluie est à nouveau de retour, je pose le sac, m’équipe de ma veste et reprends ma route. Une heure plus tard, je traverse Salvan, un hameau fait de très jolis chalets, rien dans la démesure, un endroit très calme où, si la météo avait été sympa, j’aurais pu faire une petite sieste. Mais cette météo m’impose d’avancer, rien d’autre à faire surtout que maintenant la pluie tombe à seau ! J’avais prévu ma trace dans les gorges du Dailley pour le plaisir du spectacle de la nature, malheureusement à mon approche une barrière en interdit l’accès. Etant dimanche, je me dis que je ne gênerai personne lors de mon passage, je m’y engage donc. Au bout de 20 minutes, je suis obligé de faire ½ tour, il y a des escaliers et des passerelles réduits en miettes, je suis incapable de passer. Je prends donc la route momentanément pour me détourner du sentier en réparation. Heureusement que le GPS me permet de récupérer la trace dès que possible sans « jardiner ».

 

Les gorges du Dailley

Je suis un peu déçu mais demain, j’aurai l’occasion de passer dans les gorges de Durnand, exceptionnelles paraît-il ! La pluie ne s’arrête pas une minute, heureusement que j’ai une protection pour mon sac. Je continue de descendre vers Vernayaz, un bourg en périphérie de Martigny qui m’indiquera que la descente est terminée ! Je dois l’approcher car j’entends un train. Quelques minutes plus tard, j’aperçois les rails et, en leur centre, une crémaillère, c’est un funiculaire. Pour parfaire la situation, une percée dans la végétation me permet de découvrir Vernayaz mais bien plus bas dans la vallée. J’ai les bras qui tombent, je peste contre cette météo de merde, qui chaque jour me tombe sur la tronche ! Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Pourquoi ? La descente continue donc, la pluie aussi, si je regarde le côté positif, je suis un peu en forêt et, elle atténue cette pluie orageuse.

 

Je débouche à Vernayaz sur une route importante, les voitures passent en formant de grandes gerbes d’eau, il me reste environ 5 kilomètres de plat pour rejoindre le camping. La pluie redouble, encore et encore, je passe devant une pizzéria, j’ouvre la porte. Debout sur le paillasson, pissant de tous bords, j’attends que le serveur m’invite à rentrer, il est 13h30. Il m’invite à m’asseoir à la première table près de l’entrée. Je me délivre de mon sac et de ma veste goretex. Même si ma veste polaire n’est pas trempée, elle est quand même humide. Assis au sec, c’est un luxe pour moi, je commande des lasagnes pour me réchauffer. En même temps, je demande au serveur s’il peut recharger mon téléphone car je n’ai toujours pas de chargeur ! Je pensais en trouver un à Martigny mais j’avais omis que j’arrivais un dimanche !

 

Au fond, Martigny

Je reste 1 heure à l’abri, attendant un hypothétique arrêt de la pluie. La météo ne s’améliorant pas, je décide malgré tout de reprendre ma route. Je m’équipe donc, remercie bien le serveur et le dos rond « protégé » par les 16 kg du sac à dos me lance pour une dernière heure pour rejoindre le camping. Je n’avais que cela en tête, en finir avec cet après midi de merde ! Tête baissée, pieds trempés faisant des bulles, j’avance d’un bon pas au travers des flaques d’eau et de boue, plus rien ne m’affecte. En arrivant au camping, la pluie cesse en l’espace de 10 minutes. Je m’enregistre à l’entrée, mais la gérante est Suissssse et il ne faut pas la bousculer, pendant l’enregistrement, je scrute la météo et j’espère pouvoir monter la tente sans pluie.

 

C’est fait, mon bivouac est installé, sans pluie, en fait le soleil a fini par prendre le dessus. Je m’étais mis sous un arbre auprès d’un camping car mais au final, ce n’était pas nécessaire. Mes affaires sont étalées au soleil. Dans l’entre deux je vais voir une caravane voisine avec électricité pour finir le chargement de mon téléphone mais aussi ma montre et là, je me fais jeter comme un malpropre. N’ayant pas d’autres solutions, je vais en voir une seconde où je suis accueilli à bras ouvert comme quoi il ne faut pas s’arrêter au premier venu. Pendant ce temps, j’apprécie une douche digne de ce nom, sans limitation de temps, je suis en manque d’eau mais exclusivement dans les sanitaires. Puis je vais en ville pour l’achat de pain et de fromage qui feront mon repas du soir. Au retour, après récupération de mon téléphone, je rassure et informe Christine de mes dernières news, que ce soit l’état de mon genou, le manque de chargeur ou autres.

Tente installée = Sérénité

 

La fin d’après-midi se fait au soleil. Alors que Martigny aurait dû être la première réussite de cette randonnée, ce n’est pas vraiment le cas, le moral n’est pas au top, je suis fatigué par des journées copieusement arrosées même si elles s’annoncent toujours bien. Cette météo m’empêche de faire sécher quoi que ce soit, je n’ai plus de sous-vêtements, tee-shirts et surtout des chaussettes. Les chaussettes qui sont un rouage important dans ma progression, elles protègent le moteur de cette rando, mes pieds ! J’espère que le plus dur, « méthodologiquement » soit derrière et aller vers le sud avec un positif prometteur.

Demain, il semblerait que la météo soit plus clémente. Je prévois le départ à 06h00 après le petit déjeuner et le démontage du bivouac. Direction, Orcières pour récupérer la Via Alpina.

La vidéo de la journée, c’est ICI (3'40")

 

La suite, c'est ICI

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Parcours J4

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion de la montagne, que ce soit en randonnant, en courant, en skiant ou autres au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos.
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