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Jean VRP de la montagne
11 juillet 2021

2021-07-11 GR5-Via Alpina-Mercantour J11

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11 juillet

Au départ de Tignes les Boisses (1 600 m)

Via : Val Claret - Col de Fresse - Col de la Leisse

La nuit a été agitée, la pluie et le vent ont chahuté la tente, résultat un sommeil intermittent pas vraiment réparateur. Ce matin tout est mouillé mais, de nombreuses étoiles m’indiquent que le ciel est dégagé, je suis optimiste. Je prends toutes les affaires en vrac et me rends dans la salle hors sac pour plier au mieux ma tente, duvet et autres. Après avoir pris mon petit déjeuner, j’endosse mon sac et je traverse le camping. Je passe saluer mon cyclotouriste sportif et quitte le camping. Je m’engage sur le ruban de bitume qui après plusieurs lacets me ramène au niveau du barrage. Je regarde ma montre, elle m’indique 2 km et 150 m D+. Ce n’est pas énorme, mais en fin de journée hier, cela pesait quand même. Cet écart n’était pas prévu mais n’ayant pas la possibilité de trouver une aire de bivouac plus près de Tignes, j’ai dû m’y résoudre. Résultat, les étapes d’hier et d’aujourd’hui ont hérité d’un bonus ! Hier j’avais conversé avec la gérante du camping qui m’avait fait remarquer qu’à Tignes, en dessous d’un 3 étoiles, il n’y avait rien de lucratif pour les politiques et que le camping était sur la sellette face à un nouveau complexe hôtelier de luxe !

Lac du Chevril

Je quitte donc le bitume, pour un beau sentier un peu abrité avec des herbes hautes, d’ailleurs, je « jardine » un peu pour bien rester sur la trace. Le sentier est gorgé d’eau, ça ruisselle de partout, les herbes sont chargées de gouttelettes d’eau et sont en travers du chemin, j’utilise mes bâtons pour les délester d’eau. Au final, cela ne sert pas à grand-chose, après quelques minutes, mes pieds sont à nouveau trempés ainsi que les bas de pantalon ! A l’opposé, vers le ciel, c’est le grand bleu, le soleil est bien présent, je ne ressens pas encore sa chaleur, mais il me gonfle le moral. Je domine Tignes, je pense que j’y serai d’ici 01h30. Avec les pluies abondantes de cette nuit, aujourd’hui c’est encore la fête des escargots très nombreux sur le sentier et hors sentier, avec le soleil, ce sont les marmottes qui se font entendre. Beaucoup de vallons sont envahis pas les rhododendrons, preuve que les alpages sont délaissés, il n’y a plus de vaches, plus de moutons pour stopper leur propagation. Cela étant, en période de floraison, cela doit être magnifique, aujourd’hui, les fleurs commencent à être en fin de vie, bien écloses, elles ont été abîmées par les orages.

Lac de Tignes et Val Claret

 

J’arrive dans le centre de Tignes, au bord du lac, même si tout est artificiel, c’est beau. Il y a 5 ans, j’avais déjeuné en bordure du lac, j’arrivais de Val d’Isère et me dirigeais au fond de la vallée à gauche vers le nord et le Col du Palet, cette fois ce sera à droite vers le sud et le Col de la Leisse.

 

Ici, je récupère du réseau, je profite pour donner quelques news à Christine, elle fait une brocante avec Lise, Charline et Raphaël, elle m’apprend que Guillaume est finisher de l’Utcam (150 km et 9 600 m D+ en deux jours) et cerise sur le gâteau à la seconde place ! La chaleur et la technicité du terrain est venue à bout de nombreux concurrents. Impressionnant le Guillaume !  

Col de la Leisse à 2 758 m

Je profite pour faire un retrait d’argent avant de remonter dans la montagne. Derrière moi, un couple avec leurs 3 enfants patientent, les skis sur l’épaule, ils sont équipés pour partir skier sur la Grande Motte, là où Guillaume et moi avons passé en 2012 lors de l’ITT, l’Ice Trail Tarentaise. A l’heure du réchauffement climatique, l’on parle de manger des légumes et des fruits de saison mais pas faire du ski de saison. Même si je n’ai pas skié cette année, je ne les envie pas. Une terrasse étant ouverte, je me prends un café accompagné d’un croissant svp…. J’en profite pour envoyer un message de félicitations à Guillaume et de répondre à quelques sms qui me permettent de ne pas être coupé des miens. Après une pause bien agréable, je remets le sac et me dirige vers Val Claret à l’extrémité de la vallée. Ici la Via Alpina devient commune avec le GR55, GR qui traverse le Parc National de la Vanoise. Je traverse ce hameau de béton où il y a de nouveau, des grues géantes qui vont, dresser des barres d’immeubles, tout comme à Tignes d’ailleurs.

Encore une belle montée dans un beau décor

A peine sorti de Val Claret, ça monte, pas forcément raide mais c’est constant, sur ma droite, le glacier de la Grande Motte est bien visible, je distingue des points noirs glissant sur une neige bien blanche contrastée par un ciel d’un bleu pur. Arrivé au pied du Col de la Freisse, je bifurque vers le Col de la Leisse, je commence à voir ici ou là des névés, je croise deux randonneurs, nous échangeons sur la beauté du site puis reprenons notre route. Je suis bien dans ce décor enneigé avec une superbe météo, c’est vraiment magnifique, passer ici avec un superbe soleil est, incontestablement, un régal. Le pourcentage augmente ce qui m’oblige à chausser les crampons mais plus par confort que par sécurité. Quelques temps plus tard, un crampon se désolidarise, par chance, un petit éperon rocheux émerge de la neige une dizaine de mètres plus loin. Je peux poser le derrière au sec ! Rien de grave, j’arrive à réparer l’attache déficiente à l’aide d’un collier polyamide, un collier que je traîne depuis au moins 10 ans dans le sac. Je pense que c’est lors de la descente du Col du Mont que je l’ai abîmé, je les avais gardés sur le sentier alors que la neige était remplacée par de la boue !

 

Lac des Nettes

Alors que je quitte cet îlot de rocher au milieu de cet espace enneigé à une vingtaine de mètres, une personne me salue, elle est accompagnée par trois ados de 13/14 ans. A les voir, ils ont l’air très heureux de gambader dans cette belle nature, c’est certainement plus sain que de rester figé devant un écran. D’autre part, c’est une belle école de la vie de faire les efforts nécessaires pour arriver dans ce genre d’endroit.

Lac des Nettes

J’arrive au Col de la Leisse à 2 729 m où se trouvent trois randonneurs. Pour reprendre l’expression d’une amie, l’un d’entre eux est « au bout de sa vie », il se plaint de son dos, de ses pieds, de son souffle et j’en passe. Par contre, lorsque je le salue, il ne répond pas ! S’il n'a besoin de rien, c’est parfait ! Je fais une photo et je repars aussi vite. Même à cette altitude, il y a des cons ! Décidément, le pourcentage de cons existe partout, sans exception !

 

Vallon de la Leisse

Quelques minutes me suffisent pour que Dame Nature m’apaise, devant moi, la neige se poursuit à l’infini, seuls, en contre bas, le lac des Nettes et les lacs de la Leisse émergent, ils sont encore partiellement gelés et essaient de se réchauffer pour nous laisser entrevoir un miroir d’eau, un décor de carte postale. La descente du col est vraiment cool, je suis le fil conducteur sur mon GPS, un moment de poésie dans un petit paradis, le genre de moment qui te fait revenir en montagne encore et encore. Je navigue en slalomant pour éviter les névés glacés et au milieu de l’un des lacs, un cairn trône, le point de passage du sentier ! N’ayant pas l’intention de mouiller à nouveau mes pieds, je contourne avec toujours un œil sur un sommet lointain, la Dent Parrachée, mon axe directionnel. J’arrive sur de grandes étendues de neige où j’ai l’impression qu’il y a eu une pluie de météorites. Le champ de neige est criblé de pierres qui proviennent vraisemblablement de la falaise lors des périodes de gel/dégel. Ce n’est pas un hasard si je suis proche de la Grande Casse. Je marche sur des centaines de mètres sur un champ de pierres qui repose sur une épaisse couche de neige et de glace. Fréquenter cet endroit au printemps doit être risqué ! Au loin, deux personnes contournent ce plateau. En sortie de celui-ci, la descente cool est terminée, je quitte la neige et m’enfonce dans le vallon de la Leisse. Ici, aucun doute, le sentier est bien marqué, je reprends rapidement un bon rythme et tout de suite, j’aperçois un groupe de 3 chalets, c’est le Refuge de la Leisse. Trente minutes plus tard, j’y suis.

 

Refuge de la Leisse à 2 487 m

Idéalement placé, le Refuge de la Leisse (altitude 2 487 m) est proche du vallon du torrent éponyme, il est constitué de trois « chaloins » (chalets en bois préfabriqués en vallée), un chalet pour le logement des gardiens, un pour le réfectoire et un pour le dortoir. Il est au bord d’une falaise dominant le vallon creusé par le torrent. A 2 487 m d’altitude, je me suis installé en terrasse, impensable de ne pas y faire une pause. J’enlève mes chaussures et mes chaussettes que je fais sécher au soleil. C’est une première aujourd’hui, je suis au onzième jour et je sors pour la première fois ma crème solaire ! Tout vient à point à qui sait attendre ! Il est midi trente, l’heure idéale, je m’offre donc une omelette champignons suivie d’un fondant au chocolat, un régal gustatif mais aussi un régal visuel vu l’emplacement où je me trouve, je suis face à une chaîne montagneuse culminant à 3 500 m. Je m’accorde une petite heure de pause car il ne me reste à priori, que 3 heures de ma destination du jour. Toute bonne chose a une fin ! Le plein du corps et de la tête étant fait, j’enfile chaussettes et chaussures et lève le camp, presque avec regret.

La Leisse

La descente est constante, sans difficulté. Je longe la rive gauche de la Leisse, ici ou là, je retrouve de la neige et passe sur des ponts de neige que je franchis avec prudence. Peu de temps après j’arrive sur un vrai pont qui enjambe la Leisse, le Pont de Croé Vie à 2 099 m. A cet endroit, je suis sur le Tour des Glaciers de la Vanoise, tour qui existe aussi en version trail (j’ai eu l’occasion d’y participer en 2009). Il est donc possible de rejoindre Pralognan par le Refuge du Col de la Vanoise (ou Félix Faure) à partir d’ici. Moi, je continue vers le Refuge D’entre deux Eaux qui se trouve à 15 mn d’ici selon le panneau de randonnée.

 

Pont de Croé Vie à 2 099 m

J’y arrive sans problème, de nombreuses personnes sont en terrasse, il est vrai qu’aujourd’hui, c’est jour de sortie dominicale. Je « passe mon chemin », et arrive à une nouvelle bifurcation au Pont de la Renaudière, l’eau du torrent de la Rocheure est cristalline, cela donne des envies de baignade mais je doute que la température corresponde à mon attente. Sur la droite, la direction du Refuge de l’Arpont ainsi que du Tour des Glaciers de la Vanoise et, tout droit, c’est vers le Refuge du Plan du Lac sur le GR5, endroit où je suis passé il y a 5 ans. Je sais ce qu’il me reste à faire pour atteindre mon objectif, d’ailleurs un panneau indique le refuge à 1 heure. Je monte à nouveau, après quelques minutes j’aperçois le toit d’une chapelle, je sais qu’après il ne reste qu’un faux plat pour atteindre le refuge que je ne tarde pas à voir. J’arrive sous un soleil majestueux.

 

Pont de la RenaudièreQuelle nouvelle journée magnifique ! Ce matin, j’ai dû revenir sur la trace avec deux kilomètres de route en montée avec les pieds lourds. Cela, suivi de passages en forêts, les pieds trempés, sans grande visibilité pour rejoindre Tignes et là, tout change, une montée en puissance, le soleil, la chaleur, les décors, des marmottes silencieuses mais bien présentes rien de trop, tout était admirable ! J’en redemande ! Selon le topo de la Via Alpina, une double journée (R122 et R123), au Refuge du Plan du Lac, je suis à 2 376 m d’altitude.

 

 

Refuge du Plan du Lac : Récompense

J’ai l’impression d’y être passé hier, rien n'a changé, je reconnais la patronne, elle est toujours aussi sympa. Dans un premier temps, je me soulage de mon sac, m’installe en terrasse en délectant une bière locale avec un morceau de pain accompagné de Beaufort acheté hier à Tignes. Ici, aucun réseau, demain, je serai en vallée et pourrai donc rassurer Christine que tout va bien. De cette terrasse, la vue sur les massifs est de toute beauté, la Dent Parrachée (3 697 m), le Dôme de Chasseforêt (3 586 m), la Grande Casse (3 855 m) et bien d’autres tout aussi beaux. Il y a vingtaine de personnes avec quelques enfants, la plupart sont arrivées grâce à une navette faisant la liaison avec la vallée pour randonner en périphérie. Après ce petit repos, je me rends au dortoir qui m’est attribué, un dortoir de quatre couchages où je serai seul. J’en profite pour m’étaler un peu. Je vais prendre une douche ainsi que faire ma lessive puis je vais étendre tout cela avec ma tente qui est encore trempée de la nuit dernière.

 

Refuge du Plan du Lac

Je profite de la fin d’après midi du bon air et du soleil. Une fois que la dernière navette quitte ce refuge, il reste quatre groupes, quatre clusters potentiels. Ici, pas de mesures sanitaires strictes, en même temps, tout le monde est sur une grande terrasse, le sujet du jour n’est pas le covid mais la météo qui à priori, après cette belle journée est pessimiste, elle va encore faire parler d’elle ! Avant le repas, je vais décrocher ma tente et mon linge, tout est sec, c’est parfait !

Au refuge, on consomme local !

A 19 heures, nous nous retrouvons tous à table. Je suis avec 3 solides gaillards d’1,90 m, les échanges sont sympas, aujourd’hui, ils ont fait 48 km avec près de 3 000m de D+, ils sont légers en charge, l’un d’entre eux a un souci de genou qui le chagrine. A leur actif, UTMB, PTL et autres. Ils sont humbles, il faut leur arracher les mots de la bouche comme très souvent avec les montagnards. Pour le repas, une soupe aux légumes nous est servie, suivie d’un couscous comme à Susanfe ! Puis un dessert avec un Génépi offert d’un réhoboam (bouteille de 4,5L). Nous traînons et discutons en terrasse jusque 21h00, l’heure à laquelle le soleil disparaît derrière la montagne et la température chute. Nous nous souhaitons une bonne continuation et nous séparons. Je passe régler ma note et demander le petit déjeuner pour 6h00 car demain, c’est un peu grasse matinée, l’étape prévue étant l’une des plus courtes.

La vidéo de la journée, c’est ICI (5'11'')

 

La suite, c'est ICI

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion de la montagne, que ce soit en randonnant, en courant, en skiant ou autres au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos.
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