2001-11-01 Grimpe en Vallée de Chamonix

Grimpe en Vallée de Chamonix

 Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.

Je suis assidu à la salle d’escalade de Wambrechies, tout comme un autre débutant, il se nomme Custodio. Il a eu le pseudo « Maya » pendant quelques temps car il portait souvent un tee-shirt à rayures jaunes et noires. Au final, le pseudo qui restera sera son diminutif, « Custo », car c’est unique, tout comme la personne.

Au fil des soirées, nous sympathisons et partageons de bons moments. Nous faisons aussi, la connaissance de Jean-Christophe, ce n’est pas un amateur de montagne, c’est un véritable pro ! Dernièrement, il a fait le Pôle Nord magnétique avec un copain en autonomie complète en tirant une pulka. Avec eux, pour leur sécurité, Nobarouk, une femelle husky. Une vidéo de 26’ est disponible ICI. Un aventurier de la première heure. Tout cela, nous l’avons su car nous lui avons « tiré les vers du nez » ! Une personne aussi joviale qu’humble.

Un soir, Jean-Christophe nous propose un week-end de grimpe en Vallée de Chamonix. Assurément, cette proposition nous réjouit.

Le Chef et Custo

Notre camp de base sera à St Gervais. Notre trio de joyeux lurons se retrouve donc au pied du Rochers de Leschaux. Nous ne sommes pas très haut, 1 500 m, mais juste au-dessus d’une mer de nuages sous un soleil radieux, sublime.

Un coup d’œil sur le topo, nous apprend que c’est une voie de 3 longueurs de 110 m 5a / 5c / 4c. Un peu d’appréhension quand même avant le départ mais Jean Christophe, que Custo et moi avons surnommé « Le Chef » par ses instructions, balaye mes interrogations d’un revers de la main, pas de problème, ça va aller !

Effectivement, pas de réel problème, c’est même moi qui fera la 3^ème longueur en tête. Pour redescendre, nous ne trouvons pas de spit pour le rappel, « pas de souci » dit le Chef, « cet arbre fera bien l’affaire ». Il n’est pas trop épais, pas beaucoup de choix, le soleil baisse et nous avons encore un bout de chemin à faire. Les rappels sont juste, nous arrivons souvent en bout de corde et le dernier rappel se fera même de nuit. Alors que nous n’avons pas prévu de frontale, sans éclairage, le retour à travers les chemins pour rejoindre la voiture est quelque peu « folklo ».

Le lendemain, nous allons près du Col de la Colombière pour s’attaquer à La Pointe du Midi, une voie de 5 longueurs de 120 m (5a / 5b / 5c / 4c / 5b). Une belle journée entre copains, au menu, rire et parfois stress, mais surtout de beaux moments.

Pour la dernière grande voie, le Chef nous a sélectionné l’Aiguille de la Floria - Contrefort SE de gauche : Fraise des Boâtchs. Pour se rapprocher de l’attaque, nous prenons la benne de la Flégère, puis, enchaînons sur une moraine. N’est pas Chef qui veut, il impose une sacrée cadence de progression dans les éboulis, il coupe au travers, droit dans la pente jusqu’au pied de la voie. Custo et moi ne disons mot, nous gardons notre souffle. Une voie de 5 longueurs nous tend les bras, 4c / 5a / 5a / 4c et 5a. Sur le topo il est indiqué que l’équipement est « peu aéré », comprenez que les spits (points d’ancrage) sont parfois espacés. C’est moi qui me lancerai en premier, puis au premier relais, ce sera Custo pour les 2 longueurs suivantes, j’ouvrirai pour les 2 dernières longueurs. Dans la dernière longueur, je fais une erreur et m’éloigne de la ligne originale, je ne connais pas le niveau de difficulté à cet endroit, mais c’était costaud, j’avoue que j’ai flippé sur les derniers mètres, peur de prendre un vol. Le Chef et Custo m’ont bien fait la remarque lorsque, l’un après l’autre, ils sont arrivés sur l’espèce de plateforme sommitale. Nous sommes assis tous les trois en train de manger, face à nous, la chaîne du Mont Blanc illuminée par un soleil très généreux. Le Chef, nous détaille tout le panorama, de l’Aiguille Verte au Dôme du Goûter, en passant par les Grandes Jorasses, la Dent du Géant, l’Aiguille du Midi entre autres. Nous sommes bien, heureux de vivre cela, c’est formidable. Même si une citation dit : « Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir », que ce soit l’ascension ou le sommet, tout est un régal !

Le temps passe vite, trop vite et lorsque nous nous rendons compte de l’heure, il faut faire vite, très vite si l’on veut prendre la dernière benne de la Flégère, sinon ce sera 1 000 m de dénivelé négatif à faire à pied. Malgré tout, les manipulations de cordes se font sans précipitation, l’erreur est interdite.

Après avoir tiré les rappels successifs, au pied de la voie, la corde et les dégaines se retrouvent vite fait dans le sac que j’endosse (c’est mon tour). Nous courons dans les éboulis de la moraine et dans la précipitation, je chute. Me voyant déséquilibré (en partie par le sac), je tourne sur moi-même et me retrouve sur le dos protégé par le sac sans aucun bobo. Nous reprenons notre course effrénée avec, en point de vue un peu plus bas, la benne. Nous arrivons juste pour le départ de la dernière descente, très heureux.

Avant de remonter dans le nord, le lendemain matin, nous allons faire quelques dernières voies aux Contamines.

Suite à ce week-end de grimpe, Le Chef tient à nous féliciter et nous attribue les nœuds d’argent et de bronze. Cela restera comme une belle anecdote dans nos mémoires. Un week-end comme cela, j’en redemande !

Les photos, c’est ICI