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Jean VRP de la montagne
24 août 2017

2017-08-17 Ultra Trail des 4 Massifs (Partie 2)

Ultra Trail des 4 Massifs

(Partie 2)

 Revenir Partie 1

Croix de Chamrousse

Adieu Belledonne, Chartreuse me voilà ! Je pars donc seul dans la pluie, après quelques centaines de mètres je sors de St Nazaire les Eymes et prends de suite un chemin montant. Pour être seul, je suis seul ! Pas une âme, ni devant, ni derrière, heureusement qu’il y a de nombreux balisages sinon, je me poserais des questions si je suis au bon endroit. Plus j’avance, plus le pourcentage augmente, pour qu’il y ait un peu plus de piment, je passe dans des « singles » composés de glaise, c’est une vrai séance de patinage et ça dure, l’orage s’est éloigné mais la pluie persiste, cela n’arrange rien. Pour les trailers sans bâtons, cela va être chaud ou show, comme on veut. Hormis, cette glaise, il n’y a pas trop de parties techniques dans cette montée, cependant, je suis obligé de m’arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle. Des petits trains de trailers me rattrapent et me double m’incitant à « m’accrocher » au dernier wagon, ce que je fais mais cela ne tient pas longtemps, un ou deux lacets, mais c’est toujours cela de gagné ! Après une brève descente j’arrive à Habert de Chamechaude, il est 3h00 (du matin).

Je me fais pointer et l’on m’invite à rentrer dans un petit chalet, c’est un ravitaillement. Trois pièces composent ce chalet, une pièce qui fait office de cuisine avec trois dames aussi actives que sympathiques, un étage avec quelques matelas et la pièce principale (où les trailers se font une place) qui fait 4*5 mètres avec une grande cheminée qui ronronne et qui donne beaucoup de chaleur ! Je me fais petit loin de la cheminée, je tiens à repartir car dehors c’est froid et humide. On m’offre une boisson chaude que j’apprécie grandement, je grignote un peu de fromage et aussi un peu de chocolat. Je me repose avec les coudes sur les genoux et je m’endors presque malgré moi ! Je ne dors pas profondément, j’entends ce qui se passe autour de moi, rien de réellement important sauf une phrase : « Il y a 2 coureurs qui sont sous perfusion à l’étage ». Je n’y prête pas attention, le cerveau travaillant au ralenti, il est peut-être même déconnecté ! D’après ma montre j’ai du dormir 15 à 20 minutes, rien de grave mais cela m’informe sur mon état de fatigue. Je me ressaisis, fais le plein d’eau et m’équipe pour repartir.

Croix de Chamrousse

Je repars seul dans une nuit d’encre, la pluie a cessé et les nuages ont disparu laissant découvrir une voûte céleste magnifique que l’on peut voir hors de la pollution lumineuse des villes. Cela ne durera pas longtemps car je repars en forêt à l’assaut de Chamechaude, une fois encore la montée est raide, un nouveau train me double, je m’accroche et je tiens. Nous passons le sommet et commençons la descente vers le Col de Porte. Ce train est composé de quatre « wagons » et nous descendons de concert, parfois lentement lorsque que cela est technique ou glissant, parfois en trottinant. Les discussions vont bon train (normal pour des wagons), le Col de Porte passé, le nouvel objectif est le Sappey en Chevreuse qui est un ravitaillement en vallée. La descente se passe bien, cette nouvelle rencontre éphémère n’a que du positif, le moral est au plus haut ! Le jour pointe son nez et avec lui le Sappey, nous arrivons sur le bitume. Alors que je me vois déjà dans le ravitaillement, le chemin bifurque sur la gauche et nous voilà repartis pour une belle montée, peut-être 100 m de D+ mais la fatigue est quand même là ! Nous redescendons en direction de la vallée et arrivons  à Sappey en Chartreuse, il est 06H00 du matin.

Je m’assieds et je souffle. Le train que j’ai pris était un peu rapide pour moi, mais je me suis accroché. Maintenant je suis confortablement installé avec une bonne soupe entre les mains, que cela fait du bien ! Trente minutes plus tard, « le chef de gare » m’appelle pour un nouveau départ. Dans un premier temps je décline l’offre mais je révise ma position, ils sont vraiment sympas. Je remets donc ma veste pour le froid car la pluie a cessé.

Quel massif est-ce ? Vercors, Oisans, Belledonne ou Chartreuse

Nous repartons. Le jour s’est levé, cela me booste, la lumière est une belle et bonne source d’énergie. Cela étant, je les informe que je ne souhaite pas qu’ils m’attendent, je ferai le maximum pour rester avec eux mais je ne veux pas être leur boulet. Dans un premier temps, tout se passe bien puis, lorsqu’il faut atteindre le Fort de St Eymard, je suis cloué sur place, mes compagnons éphémères s’éloignent doucement mais sûrement. Je sens des crampes sous jacentes réapparaître et aussi une douleur au talon d’Achille. Je ne pensais pas pouvoir encore ralentir mais si je veux rejoindre Grenoble, je n’ai pas le choix. Dans cette dernière montée à gros pourcentage, notre beau train a perdu un autre wagon, Arnaud (dossard 5082), nous nous retrouvons en haut de cette difficulté avec un très beau point de vue sur l’agglomération de Grenoble, il y a des fortifications donc j’en déduis que nous sommes au Fort de St Eymard. Le long de ces fortifications le sentier est plat, c’est bon pour la récupération, cela fait un grand bien. Arnaud et moi abordons la descente sereinement, aucun doute, les quadris vont être à la fête ! La descente est technique et je me fais distancer doucement mais sûrement par Arnaud, cette fois les crampes sont là, je me dois de ralentir si je ne veux pas être contraint à m’arrêter et patienter que tout cela se diffuse. Je continue mon bonhomme de chemin en marchant dans cette descente cassante. Je rencontre bon nombre de sportifs qui s’entrainent dans la montée, ils m’encouragent tous et me félicitent par anticipation, il reste encore une petite quinzaine de kilomètres, principalement de descente. J’entends le bruit de moteurs, je traverse une route, les bénévoles m’encouragent et m’indiquent que le ravitaillement du Col de Vence est à 300 mètres, j’ai une pensée pour Yves qui le connait par cœur mais celui des Alpes Maritimes.

J’y arrive, il est 08H50, j’ai 23 heures de course, comme toujours, je suis accueilli par des bénévoles entièrement aux petits soins pour les trailers, c’est le dernier pointage avant Grenoble, l’émotion amplifiée par la fatigue me gagne, c’est presque gagné. Avant de me ravitailler, j’ai besoin de souffler. Pour me remettre en selle, une bénévole m’offre un café avec un croissant, Que du bonheur dirait Alexandre !

Grenoble au petit matin

Je repars ragaillardi, 100m de D+ sur un chemin bien roulant, plus de chemin technique, j’en profite pour contacter Christine pour lui donner approximativement, mon heure d’arrivée et lui demander des nouvelles de mes deux compères, ils sont bien. Nous sommes partis pour faire un carton plein, cela serait génial ! Le chemin prend de l’altitude doucement, c’est bien linéaire, même agréable après ce que nous avons connu. L’arrivée m’aspire, je sens l’écurie, j’essaie de relancer, les crampes se font un peu oublier, quel plaisir d’être ici dans de superbes décors. J’arrive à Rachais pour la véritable dernière descente, 700 m de D-, objectif la Bastille, nouveau chemin technique où la concentration se porte sur les pieds, la fatigue aidant, une entorse peut très vite arriver, ici je n’ai rien à gagner mais je peux tout perdre ! Alors pas la moindre excitation. J’arrive à la Bastille heureux, ça, c’est fait, n’est ce pas Maryse ! Nous traversons cette fortification qui surplombe Grenoble, nous parcourons les coursives, quelques escaliers avant d’entamer la descente vers la vallée. Les crampes me rappellent que je ne dois pas m’emballer, il reste 5 kilomètres. La descente est très roulante, elle se compose d’une succession de lacets, j’en cours un sur deux, cela se passe bien, parfois je me fais doubler, parfois je double, le moral est au beau fixe, comme le temps ! J’arrive en bas, je passe le pont qui enjambe l’Isère, quelques voitures klaxonnent puis, je longe cette rivière pendant 1 à 2 kilomètres, je cours, je cours, je suis bien, plus rien ne peut m’arriver, plus rien ne peut m’arrêter, je double plusieurs concurrents, je ne sens pas la fatigue ni mes pieds d’ailleurs, j’arrive près de l’enceinte du Palais des Sports de Grenoble où s’est disputée, il y a 50 ans, l’épreuve du patinage artistique aux Jeux Olympiques. Christine est là, tout sourire, nous entrons main dans la main dans cette immense salle pour passer l’arrivée accueillis par le même speaker qui nous a accueillis à 4 reprises à Chamonix, Que du bonheur ! Il est 11H29’ soit 25H29’ pour 95 km et 5 500 m de D+. Même sans les 8 heures de bonus sur les barrières, je remplissais mon contrat !

 

Arrivée au Palais des sports

Je « récupère » mon lot finisher, c’est un tee-shirt et une médaille puis me tourne vers le ravitaillement où je me régale de petits pains que je fourre de chocolat, ici pas de problème pour manger ! Une fois rassasié, je me douche, j’ai mis du bleu à un ongle par inadvertance, je me sens prêt à accueillir les 2 héros du jour. En les attendant, je rencontre Julien, qui m’informe que c’est lui qui a été perfusé à Habert de Chamechaude. Maintenant, il a récupéré, il a une bonne tête.

C’est à 14H23 que Jérémie entre dans la salle avec Sophie et leurs enfants, je vois tout de suite que Jérémie a l’air en forme, même si son entraînement a été sommaire pour cette épreuve. Il a une bonne « caisse » qu’il travaille sur un bon terrain d’entraînement, ce qui n’est pas non plus étranger à cela. Lorsque nous en parlons, il me dit : « Ici c’est 4 massifs, 4 KV (kilomètre vertical) », tout un programme ! Après avoir récupéré son tee-shirt, sa veste débardeur et sa médaille, nous nous laissons transporter dans les bras de Morphée puis attendons Guillaume.s, quelle joie. Nous pouvons fêter cela haut et fort. Guillaume à son tour ira chercher son dû, médaille, tout d’abord, puis tee-shirt et veste débardeur qui suscitera quelques échanges avec les bénévoles.

 Les 3 finishers à l'arrivée de Guillaume

Dix minutes après que Guillaume ait passé les formalités d’usage, nous figeons l’instant avec une photo et nous nous quittons. Malheureusement, chacun doit reprendre une route différente, le champagne restera donc au frais. Sur la photo, Guillaume a l’air quelque peu fatigué par rapport à Jérémie et moi, mais il ne faut pas oublier qu’il vient passer 2 nuits blanches, Jérémie a déjà pu récupérer un peu, comme moi mais qui n’ai passé qu’une seule nuit.

Après ma déconvenue à la MaxiRace (arrêt au 70ème kilomètre), il était important que je me remette en selle. Voilà, c’est chose faite. Maintenant je suis impatient d’en découdre à nouveau.

2017-08-17 086 Ut4M

Quelques remarques coté organisation :

L’équipe de bénévoles (un très grand pourcentage de dames) est vraiment au top, rien, mais vraiment rien à dire, un grand merci.

L’accueil, les ravitaillements, le road book pour les accompagnants, recevoir du courrier à la base de vie, c’était très bien. Bravo à tous du sommet au bas de la pyramide

Pour tout trailer, ces 4 massifs sont de superbes terrains de jeux, j’avoue que le Challenge 160, 4 massifs en 4 jours me plait bien ! Qui sait, à suivre…….

2017-08-17 087 Ut4M

Pour terminer, un grand merci pour tous vos messages. Le téléphone a bipé de nombreuses fois sauf de 23 heures et 5 heures du matin (il faudra que je vois cela) et cela fait un bien fou, le physique est une chose, le mental une autre. Avec la présence d’accompagnants de choc, des compagnons de route éphémères, cette victoire est collective.

Aujourd’hui, nous avons ré-ouvert notre coffre de maillots finishers, ce week-end Antoine a fait une très belle performance entièrement sous la pluie pour son premier trail Alpin sur l’OCC, bravo à lui. Maintenant, c’est le tour de Vincent aux Templiers et encore Antoine aux Hospitaliers. Pour finir, Alexandre, Delphine, Jackie, Jacky, Jean Louis, Lucie, Maxime, Renaud et Thierry à la Réunion.

Votre nom gravé à jamais

Si j’ai oublié quelqu’un, qu’il m’excuse, mon cerveau n’est pas totalement remis en place. A bientôt

MERCI à vous tous.

Ut4M Xtrem170 : 169 km et 11 000 m de dénivelé positif 

Jérémie : 45H23’ - 103ème/361 partants - 44ème /131 SE

Guillaume : 49H59’ - 196ème/361 partants - 73ème /131 SE

Ut4M Master100 : 95km et 5 500 m de dénivelé positif

Jean : 25H29’ - 240ème/347 partants -      9ème/13 V3

Pour voir les photos, c'est ICI

 UT4M1b

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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