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Jean VRP de la montagne
17 juillet 2016

GR20-GR5 Du sud au nord. J30-J32

Mon voyage au travers de la Corse et des Alpes

Topo 4 – Le GR5 Sud/Nord, de Modane (Ref. l’Orgère) à Landry (Ref. de la Balme)

A la fin du récit de chaque Jour vous trouverez les liens pour photos et vidéos.

Revenir J27 à J29

Vendredi 15 juillet :

Jour 30 : Bessans (1 705 m) à Val d’Isère (1 809 m) Via : Chalet du Mollard – Les Roches – Passerelles de la Lenta – Col de l’Iseran

D+ : 1 369 m - D- : 1 265 m - Altitude Max : 2 764 m - Altitude Min : 1 705 m

 

Col du Barbier, Refuge de Plan Sec, Chalets de la Loza, Chalets de Montafia, Torrent de la Rocheure  Chalets de la Turra de Termognon, Refuge du Cuchet, Refuge de Vallonbrun, Col de la Madeleine, Chalet du Mollard, Les Roches, Passerelles de la Lenta, Col de l’Iseran, Pas de la Tovière, Lac de Tignes, Col du Palet, Refuge du Col du Palet, Pont Baudin, Landry, Bellentre, Valezan, GR5
Bessans

05H30, je quitte le gîte, le temps est à nouveau couvert, je suis optimiste malgré tout, je suis parti en short mais je garde la polaire, le bonnet et le buff car il ne fait que 4°. Je prends tout de suite un bon rythme pour 2 raisons : Premièrement, à Val d’Isère je dois percevoir un colis, il me faut donc arriver à l’heure à la poste et deuxièmement, il faut que je me réchauffe rapidement et ça, ce n’est pas gagné, le plafond est bas. De mon point de vue, j’ai l’impression que les nuages sont justes au-dessus de ce Diable de Bessans. Sorti du village, la montée se fait bien, sans gros pourcentage, au fur et à mesure que je prends de l’altitude, j’ai l’impression de repousser les nuages. La lumière s’affirme doucement, et pas de pluie. Au Chalet du Mollard (2 230 m), je me retourne une dernière fois, au loin Bessans est resté dans sa brume matinale. Je continue mon chemin, le balisage est parfait, rien à dire sur cette portion, je contourne un promontoire et je rentre dans le Vallon.

 

Le Vallon, c’est son nom, il fait environ 2 kilomètres de long et se termine en cirque avec plusieurs cascades alimentées par le Glacier Méan Martin. Je m’arrête, je suis immobile, malgré un manque de lumière, un manque de soleil, c’est de toute beauté, il y a de nombreux chalets d’alpage et aussi d’autres chalets beaucoup plus récents, mais qui ne gâchent en rien ce site. Ici, est un endroit très calme qui peut être seulement perturbé par le clapotis de l’eau ou les clarines de ses habitantes. Aucune perturbation hertzienne, pas de réseau et encore moins d’électricité, peut-être l’idéal pour se mettre au vert ! Pour y arriver, il vous faut, soit de bonnes jambes, soit un véhicule tout terrain et suivre le même chemin que moi plus ou moins carrossable. Dernier conseil, ne pas oublier le moindre ingrédient si vous souhaiter faire un pique-nique. Je marche à nouveau et j’observe partout pour ne rien manquer, je ne me préoccupe de rien d’autre. M’approchant du fond de ce vallon où il n’y a que falaises et chutes d’eau mais aucun sentier visible, je cherche comment vais-je franchir ce cirque, j’arrive à une ferme d’alpage, la dernière. C’est l’heure de la traite, j’aperçois le propriétaire, il a tout au plus 30 ans et je me rends compte que ce qui peut paraître paradisiaque un instant ne doit pas être facile à vivre, même si cela se limite à l’estive.

 

J’interpelle son propriétaire, il m’indique aimablement la direction à prendre. En fait, la direction, c’est faire demi-tour ! Tellement envoûté par ce décor que je n’ai pas vu le balisage à l’entrée du vallon. Je retourne donc sur mes pas et quitte ce chemin pour un sentier muletier qui serpente et prend de l’altitude. Le vent se fait sentir à nouveau, sur ce sentier mono trace. A chaque pas, je secoue l’herbe chargée d’eau et de cristaux de neige pour créer mon passage. Derrière moi, cela se referme automatiquement. Le résultat se fait vite sentir, les chaussures sont vite humides. Je n’ai pas d’alternative, je continue, espérant que l’étanchéité ne fasse pas défaut. J’arrive aux Roches à 2 453 m, il y a une bifurcation pour Bonneval sur Arc où nous avons séjourné en 1995, 21 ans déjà, que cela passe vite ! Cela me conforte dans l’idée de réaliser des projets (randonnées) comme celui-ci, tant que la santé m’accompagne. Je longe un petit lac gelé et me dirige vers le Vallon de la  Lenta. Avec les pluies de ces derniers jours, l’eau foisonne au point que, pour traverser certains torrents il faut utiliser des passerelles de fortune et l’une d’entre elles est très douteuse, les planches sont cassées sur une extrémité, vraisemblablement une chute de pierres. Je longe le torrent et me risque à le traverser à gué, je mouille un peu plus les pieds mais, au dessus des chevilles, c’est sec ! Maintenant je suis confronté à des sentes de moutons, il y en a des dizaines, un balisage absent et des nuages envahissant m’obligent à évaluer le topo et d’avancer momentanément au cap. Il n’y a pas de réel repère, je croise les doigts. Une demi-heure dans l’incertitude et en quelques minutes, les nuages se dissipent, ils laissent place à un franc soleil. Je bascule vers le Vallon de la Lenta. Les herbes hautes chargées d’eau continuent à se débarrasser de leur surplus, sur et dans mes chaussures ; A chaque pas j’entends : « Floc, floc ». Maintenant, lorsque je plie l’avant de mes chaussures, des bulles apparaissent au-dessus ! A l’intérieur, cela ne doit pas être beau et je ne suis qu’à la moitié de l’étape ! Pauvres pieds.

 

Trouver le bon endroit pour passer avec les pieds secs

Il me faudra peu de temps pour rejoindre le sentier près de la Passerelle de la Lenta, un sentier carrossable, exempt d’herbe. Je fais une pause au soleil, j’enlève mes chaussures, il y a plus d’eau à l’intérieur qu’à l’extérieur, elles sont donc étanches, elles ne laissent pas sortir l’eau ! J’essuie mes pieds consciencieusement, j’en prends soin, ce sont mes moteurs. Pour l’instant, les pieds ne donnent pas l’apparence de souffrir de cette humidité. Je déguste une barre de céréales laissant mes pieds prendre l’air. J’enfile mes espadrilles et suspends mes chaussures et chaussettes à mon sac, je repars.

 

Il ne me faut pas plus de quinze minutes pour que je retrouve une sente mono trace avec des herbes hautes et un sol trempé et irrégulier. Je n’ai pas d’autre solution que de poser le sac pour remettre les chaussures avec cette fois des chaussettes sèches. Deux, deux pas auront suffi pour que mes pieds retrouvent l’humidité. Un peu plus loin je passe près d’un lacet de la route du Col de l’Iseran et m’enfonce en suivant un balisage plus ou moins fantomatique, le topo est formel, c’est bien par là ! Je jardine, je cherche une trace, mais rien de probant. A priori, le passage se fait dans une combe qui est totalement enneigée, sans aucun repère, sans aucune trace. Je suis proche du col, il y a de nombreux névés tardifs où se cachent parfois des torrents, la prudence est de rigueur. Je décide de faire demi-tour, de récupérer la route et reprendre le sentier un peu plus loin. Le problème est que cela me prolonge de 2 kilomètres, avec le « jardinage », c’est 1 heure de perdue et, ce soir je dois me rendre à la poste. Ne pouvoir passer cette combe et devoir faire un détour m’agace. Je reprends un bon rythme sur la route. D’après mon topo j’ai un lacet à passer et au suivant je quitte la route pour récupérer le GR. Les voitures et motos qui me doublent me klaxonnent et me font signe. Ce détour est vite avalé, je retrouve vite la trace au Pont de la Neige à 2 528 m, je longe un peu la route puis monte perpendiculairement à la pente, le pourcentage est conséquent. Les points de vue sont exceptionnels, je fais quelques brefs arrêts pour tirer quelques photos, une excuse aussi pour souffler un peu. Je passe à côté d’une pyramide de pierre, mi-stèle mi-cairn, symbole de ce lieu.

 

Il est 11H30, j’arrive au Col de l’Iseran à 2 764 m, le soleil est présent, le vent aussi, il fait 4°. Des motards se prennent en photo devant le panneau indicateur du Col, ils sont emmitouflés, les blousons de cuir gonflés de polaires, ils me regardent, moi qui suis en short avec les lunettes de soleil, mais quand même avec la polaire qui est indispensable, quel contraste ! Cela étant, je ne traîne pas, je m’offre un chocolat chaud et prends la direction de Val d’Isère, je quitte la Maurienne pour la Tarentaise. Mes chaussures sont toujours trempées et mes pieds gelés, en ce qui concerne les jambes, le corps et la tête, ce n’est pas le top, j’ai un peu froid mais je compte que d’ici 30 minutes je serai légèrement en contrebas à l’abri du vent.

 

Sur une piste bleue

J’attaque une piste bleue qui m’emmène droit vers mon but, le fond de vallée où se trouve Val d’Isère, c’est à 3 heures de descente du col. Je passe de la piste bleue à un sentier mono trace avec toujours le balisage blanc et rouge. Comme je le pensais, je me trouve vite à l’abri du vent, plus je descends, plus la température monte, je quitte la polaire assez rapidement, cela devient agréable, j’en oublie mes pieds ! Bientôt, j’aperçois le fond de vallée et Val d’Isère, cela fait chaud au cœur. Après une dernière descente un peu abrupte, je rentre dans la petite périphérie de Val d’Isère. Le chemin est bordé de jolis chalets, je passe aussi à côté d’un camping, un groupe de randonneurs se prépare, mais je me demande bien pour aller où à cette heure ? J’arrive en centre ville, ici, je ne serai pas en refuge, ni en gîte, je serai à l’hôtel, pas un 5 étoiles comme cela regorge à Val d’Isère, un hôtel simple, comme moi J. Cet hôtel m’a été réservé par Christine, mes changements de plan ont bouleversé mes étapes et je dois confier cela à mon routeur à Wizernes, d’ailleurs, il faut que je m’occupe des prochains jours. Je dépose mon sac et je file à la poste récupérer mon colis, poste que j’ai des difficultés à trouver, toutes les personnes vers qui je me tourne sont des touristes, par chance je croise le facteur.

 

En sortant de la poste, une dame âgée me dit : « Quelle catastrophe ! » devant mon air ahuri elle répète « Quelle catastrophe, cet attentat ! », un mot après l’autre, elle m’explique très brièvement ce qui s’est passé à Nice la veille. Moi, qui suis à mille lieues de la TV, des journaux, de l’info, des différents buzz qui nous envahissent, j’ai toujours la tête dans la montagne. Aujourd’hui j’apprends l’horreur par cette vielle dame. Pour ma part, je déplore cet acte lâche au nom d’un fantôme quelconque. En retournant à l’hôtel, je prête attention aux kiosques à journaux qui consacrent leurs unes à cet évènement. Dans ce type de cas, et d’une manière égoïste, je pense qu’il ne faudrait pas que l’on mette en avant, le ou les commanditaires de ces actes odieux. Les nommer à la une de la presse ou dans les journaux télévisés, c’est les mettre en avant, les mettre à l’honneur, c’est le but recherché, je suis convaincu que ce n’est pas la solution. Je suis pressé de repartir dans la montagne.

 

Je vais faire quelques achats, sans oublier le gaz et comme d’habitude pas de cartouche compatible, heureusement que la plupart des salles hors sacs en sont équipées. Une fois dans ma chambre, par Christine, je prends des nouvelles de mes proches ainsi que de Jérémie et Yves qui séjournent à Nice, tout va bien pour eux. Je prends une « méga » douche, et je scrute mes pieds minutieusement, ils ont eu une journée difficile. Apparemment, aucun bobo, je les embrasserai bien, mais ma souplesse légendaire me l’empêche. Ma lessive terminée, je me prépare un repas gargantuesque avec le contenu de mon colis complété par mes achats. Demain, 7 heures sont prévues pour arriver au Refuge de Rosuel, ayant un excellent couchage, je décide d’en profiter, je me lèverai à 06H30. Je ne peux m’empêcher de regarder la télévision, quel drame, quelle tristesse, quelle société allons nous laisser à nos enfants et petits enfants ?

Pour le Jour 30, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (8'00'')

 

Samedi 16 juillet :

Jour 31 : Val d’Isère (1 809 m) au Refuge de Rosuel (1 556 m) Via : Pas de la Tovière – Lac de Tignes – Col du Palet – Refuge du Col du Palet

D+ : 1 002 m - D- : 1 255 m - Altitude Max : 2 652 m - Altitude Min : 1 556 m

 

Col du Barbier, Refuge de Plan Sec, Chalets de la Loza, Chalets de Montafia, Torrent de la Rocheure  Chalets de la Turra de Termognon, Refuge du Cuchet, Refuge de Vallonbrun, Col de la Madeleine, Chalet du Mollard, Les Roches, Passerelles de la Lenta, Col de l’Iseran, Pas de la Tovière, Lac de Tignes, Col du Palet, Refuge du Col du Palet, Pont Baudin, Landry, Bellentre, Valezan, GR5
Tignes

Départ contrarié ce matin ! Ah, le modernisme, dans les refuges, on entre, on sort, on a une grande liberté dans le respect de tous. Dans la société actuelle, ces valeurs se perdent, plus de confiance en autrui, individualisme, c’est ce que l’on rencontre quotidiennement. Après mon petit déjeuner en chambre (mais pas au lit), je descends dans le hall et là, surprise, la gâche d’ouverture de porte ne fonctionne pas ! J’appelle un numéro d’urgence qui est affiché, sans succès, je remonte en chambre et sors par le balcon, je me retrouve sur une terrasse sans sortie possible, je reviens à la case départ, le hall. Une boulangerie est accolée à l’hôtel. Lorsqu’un client arrive je crie, je cogne jusqu’à de que quelqu’un s’intéresse à mon cas, le mot est passé. La boulangère vient me voir et téléphone, 15 minutes plus tard je suis enfin libéré. Heureusement que j’avais prévu de partir plus tard, rien ne va mal, il est 7 heures et le soleil illumine déjà les plus hauts sommets. Je longe l’Isère dans cette vallée Olympique et quitte Val d’Isère par la Daille, près du funiculaire qui dessert l’espace Killy jusqu’à 3 500 m, un régal pour les skieurs, puis j’attaque droit dans la pente en direction du Pas de la Tovière, je suis sur la piste rouge « Triffolet » mais je monte. Sur ma gauche, c’est encore plus raide, c’est la piste « Coupe du Monde », très impressionnante, sur des skis, je n’y pense même pas ! De mon côté, c’est plus « cool », je grimpe souvent sur la pointe des pieds tant le pourcentage est fort, cela tire dans les mollets. L’avantage est que je prends très vite de l’altitude, à quelques centaines de mètres, cela « s’aplanit », je me retourne une dernière fois pour « saluer » Val d’Isère.

 

Vers le Col du Palet

J’arrive sur le vallon du Pas de la Tovière, il y a quelques perches reliées par une corde, probablement oubliées de la dernière saison hivernale, tout du moins, c’est ce que je pense jusqu’à….. Jusqu’à ce que je vois un panneau m’indiquant « Altiport » ! Car à Val d’Isère, il y a un aéro-club, étonnant à cette altitude et dans cet environnement. Arrivé au Pas de la Tovière (2 252 m), je bascule sur l’autre versant, en vue : Tignes. Tignes, son golf, son lac, ses immeubles, sa station touristique moderne avec en extrémité le Lac du Chevril et son barrage. De là où je suis, je ne verrai pas la magnifique fresque d’Hercule sur ce barrage, ou, ce qu’il en reste. La vue de ce modernisme dans cet écrin est malgré tout « acceptable », j’ai déjà vu bien pire.

 

Il y a 4 ans, jour pour jour, Guillaume et moi sommes passés ici, nous avons participé à l’ITT (Ice Trail Tarentaise) qui nous a emmenés au Glacier de la Grande Motte à 3 653 m dans une ambiance hivernale. Aujourd’hui, c’est tout autre chose, les 4 couleurs sont réunies, le jaune pour le soleil, le bleu pour le ciel, le vert pour les alpages et le blanc pour la neige qui reste en abondance au dessus de 2 000 m, c’est, une fois de plus, de toute beauté. Tout cela m’encourage à faire une pause sur un banc au bord du Lac de Tignes (2 093 m). La pause est un réel plaisir, je me suis posé à une table à une aire de pique-nique, c’est vraiment top ! Je déguste un bon petit pain de mon colis. Alors qu’en période hivernale, un nombre de skieurs doit y séjourner, actuellement, c’est désert, il est 9h30 et je vois exactement 7 personnes, alors que le monde s’offre à nous ! C’est très calme, je suis chanceux. Je quitte cet endroit, contourne le lac et prends la direction du Col du Palet. Dans la montée, qui se fait « tranquille », sous une météo magnifique, j’aperçois au loin le Glacier de la Grande Motte. Un décor grandiose change peu à peu, la verdure laisse place à la rocaille et aux derniers névés, les lunettes de soleil sont inévitables, la réverbération du soleil sur la neige est importante mais cela reste bien agréable. La montée est agrémentée par de petits lacs, parfois gelés, le bleu du ciel se décompose jusqu’au blanc de la neige, quelle beauté éphémère ! A 11h00, je suis au Col du Palet à 2 652 m. Tout est réuni pour que cette journée soit parmi les plus belles, j’immortalise cet instant magique. En contrebas, la terrasse du refuge éponyme m’appelle. Je prends quelques précautions pour m’y rendre, il y a un long névé en dévers, en fonction de l’exposition, parfois c’est glacé, parfois c’est de la « soupe », je sors donc les bâtons, c’est la 3ème fois, 15 minutes plus tard, je déguste une barre de céréales avec un café en terrasse.

 

Il suffit de lire

Sur le pignon du refuge, il y a une pancarte bi-directionnelle : « Léman, 12 jours » et « Nice, 23 jours », arrivant de Nice, je suis à mon 18ème jour. Je me remets en route, heureux de vivre et connaître cela. La descente est vraiment paisible, doucement, la neige laisse place à l’herbe et aux alpages, les marmottes détalent aux bruits de mes pas, sur les falaises coulent des cascades alimentées par la fonte des neiges. Je côtoie de nombreux lacs d’altitude, parfois laiteux, parfois cristallins, c’est vraiment chouette. Plus je descends, plus cela devient technique, la dernière descente, je la partage avec un jeune d’une quinzaine d’années qui bivouaque en vallée.

 

Refuge de la Porte du Parc de Rosuel

J’arrive au Refuge de la Porte du Parc de Rosuel, content mais aussi fatigué de cette descente. Un refuge de fond de vallée, dans un bel environnement, avec des gens très agréables. Je me fais un bon repas avant une bonne douche et la prise de notes journalières sur la terrasse et au soleil. Par contre, pas de réseau, mais demain je passe en vallée, et là, en théorie, cela devrait fonctionner.

Pour le Jour 31, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (2'30'')

 

Dimanche 17 juillet :

Jour 32 : Refuge de Rosuel (1 556 m) au Refuge de la Balme (2 009 m) Via : Pont Baudin – Landry – Bellentre – Valezan

D+ : 1 290 m - D- : 837 m - Altitude Max : 2 009 m - Altitude Min : 719 m

 

Col du Barbier, Refuge de Plan Sec, Chalets de la Loza, Chalets de Montafia, Torrent de la Rocheure  Chalets de la Turra de Termognon, Refuge du Cuchet, Refuge de Vallonbrun, Col de la Madeleine, Chalet du Mollard, Les Roches, Passerelles de la Lenta, Col de l’Iseran, Pas de la Tovière, Lac de Tignes, Col du Palet, Refuge du Col du Palet, Pont Baudin, Landry, Bellentre, Valezan, GR5

A 6 heures, je quitte Rosuel et le Parc de la Vanoise, direction le Beaufortain. L’étape du jour me paraît être un peu une étape de liaison, sans difficulté particulière, en regardant le profil de l’étape, il n’y a qu’une descente (700 m de D-) et une montée (1 300 m de D+), j’ai cela en tête, je pars donc la fleur au fusil, et aussi un peu la tête en l’air. Une nouvelle fois, le temps est couvert ce matin mais qu’importe, il est tôt, le soleil a le temps de se lever. Je passe à Pont Baudin près de la 1ère école des Mines fondée par Napoléon 1er, des constructions qui traversent les âges sans ride. Tête en l’air, je m’égare du sentier mais je retrouve la trace assez rapidement puis, suite à un éboulement, le GR doit prendre la route jusque Le Moulin. A partir d’ici, pour rejoindre Bellentre, le GR se divise en deux branches : soit l’itinéraire via Landry, en suivant la piste cyclable et bas côté de la route, soit via Montchavin en utilisant chemins forestiers et sentiers. Je ne suis pas venu ici, pour user mes chaussures sur du bitume, je prends donc la direction de Montchavin. Dans un premier temps, je continue à suivre le torrent sur un chemin forestier puis, il s’arrête et aucune échappatoire, je fais donc demi-tour pour rechercher le dernier balisage et reviens une nouvelle fois mais cette fois avec les yeux grands ouverts et je vois l’erreur, un balisage, quelque peu caché par la végétation, m’indique un petit sentier mono trace.

 

Montchavin

La montée est raide, je suis dans un bois de sapins, qui a priori n’est pas exploité, le terrain est accidenté et de nombreux sapins sont tombés et en décomposition, certains passages mériteraient même d’être un peu dégagés, je ne pense pas que ce sentier soit utilisé par de nombreux randonneurs. Arrivé à une intersection, pas de balisage, je continue donc tout droit, je ne me rends pas compte tout de suite mais je jardine déjà et cela va durer plus d’une heure ! Parfois il y a des balisages, mais implantés pour les personnes qui vont du nord au sud, alors je marche en regardant régulièrement derrière moi et parfois c’est pire, il est parfois contradictoire. Je fatigue, le sac me pèse, et lorsque j’arrive sur une petite route au lieu dit : « L’Orgère », rien à voir avec le refuge. Je ne quitte plus cette route en espérant qu’une voiture passe. Quelques minutes plus tard, c’est le cas, une dame s’arrête, je lui explique mon problème et lui demande où je suis sur mon topo. A cela elle me répond : « Vous n’êtes pas le premier, c’est courant, vous êtes montés bien trop haut et en plus, il y a bien longtemps que le GR ne passe plus par ici ! Vous pouvez rejoindre le GR5 à Monchavin, c’est environ à 4, 5 kilomètres, par la route ». Je la remercie et prends un bon rythme, la rage au ventre de m’être exténué pour rien, même si je n’ai aucun impératif ! Maintenant, je suis à découvert, le soleil brille, la tenue d’été est nécessaire sur cette route qui est descendante. Je passe au pied du Téléphérique Vanoise Express, le plus grand téléphérique au monde qui joint les Arcs à la Plagne. Je marche d’un bon pas, je passe aux Coches puis, après quelques lacets, je suis à Monchavin. A ma demande, un habitant m’indique où récupérer le GR5 car dans les stations de ski, il y a toujours du mouvement dans l’urbanisme et le balisage des GR est souvent oublié. Je continue ma descente et traverse l’Isère à Bellentre (776 m), il est 12h30, en théorie, c’était 10h00, mais je suis à nouveau sur la bonne route.

 

Pause fraîcheur

Nouveau départ en cette journée, la matinée m’a épuisé nerveusement, j’attaque les 1 300 m de D+ qui me sépare du refuge de la Balme. Je profite d’être en vallée pour donner et avoir des nouvelles. Tout se passe bien pour Christine et aussi pour Guillaume qui a bien terminé sa course, je peux avoir l’esprit libre. Le soleil est proche de son zénith et je suis sur l’adret, résultat, la température le fait bien sentir, le buff est trempé et, 4 heures de montée sont prévues. Valezan (1 186 m) est implanté au tout début de la montée, les dernières habitations sont ici, j’ai l’impression que l’envie me file entre les doigts, je traîne un peu les pieds, j’avance sans trop connaître mon devenir à court terme. Au dernier chalet de Valezan, il y a de l’ombre et une fontaine, je fais le plein d’eau et rafraîchis mon buff et je me pose et me questionne. Je n’aurai pas le temps d’apporter des semblants de réponses. Un couple de randonneurs arrive et me demande s’ils peuvent profiter de l’ombre. La conversation s’engage, je suis la seconde personne qu’ils croisent, ils sont très sympas. Sans le savoir, il me remonte le moral au point qu’après ce bel échange, je les quitte car pour moi la route est encore longue jusqu’au refuge, refuge qu’ils ont quitté en matinée. Maintenant, c’est vraiment le nouveau départ de la journée, cette rencontre m’a ragaillardi. Aujourd’hui, point de neige, de la verdure et de magnifiques alpages. Je ne tarde pas à apercevoir l’énorme éperon qu’est la Pierra Menta. Paraît-il que sa formation remonte à l’époque du géant Gargantua, il aurait expédié d'un coup de pied, un bout du massif des Aravis qui, au final serait venu se planter en plein Beaufortain.

 

La Pierra Menta

La Pierra Menta est connue internationalement pour sa course de sky-running (ski de randonnée) sur 3 jours. Cet hiver, c’était la 31ème édition, une course qui m’a toujours fait rêver tant par son environnement que par les capacités physiques qu’il faut pour la terminer. Toujours au départ d’Arêches Beaufort, il y a maintenant la version été de la Pierra Menta aussi sur 3 jours, deux éditions ont déjà eu lieu avec le même succès que l’hivernale. Peut-être y participerai-je un jour, qui sait ? Une chose est certaine, il ne faut pas que j’attende trop, la roue tourne.

 

Après avoir suivi un ancien canal d’irrigation, je remonte le torrent de l’Ormente sur sa rive gauche. La caillasse commence à être omniprésente, la Pierra Menta a toujours un regard bienveillant sur moi, elle m’attire, je ne la quitte pas du regard. Le refuge de la Balme est en vue, il me faudra peu de temps pour le rejoindre, arrivé sur la terrasse, je pose le sac et m’assieds, je suis fourbu. Après une dizaine de minutes, je me présente au gardien, il me fait voir le dortoir, il y a une trentaine de couchages. Je règle mon téléphone à 30 minutes et me laisse tomber dans les bras de Morphée. Au réveil, j’ai l’impression d’être « neuf », je suis un peu requinqué J ou du moins, en apparence. Je sors du dortoir, dans la salle à manger, il y a de magnifiques clarines suspendues et aussi de nombreux stickers de la Gorzderette avec son leitmotiv : « Détendez-vous ça va bien se passer », un challenge hivernal complètement déjanté où j’ai eu la chance de participer à plusieurs reprises avec des amis, de superbes souvenirs. A refaire !

Mon coup de blues semble être passé, je m’installe en terrasse face à la Pierra Menta et je me régale d’un bon reblochon en regardant mon topo. Je pense avoir fait 3 à 400 m de D+ supplémentaires mais la fatigue du jour est plutôt nerveuse, demain j’attaque le cinquième topo, le dernier, dans 3 jours je serai en Vallée de Chamonix. En mangeant, je vois un tableau de bienvenue aux randonneurs sur lequel est inscrit : « Refuge de la Balme : 2 009 m selon les syndicats, 1 990 m selon la police ! », cela donne une idée de l’état d’esprit des lieux. Je parle avec le gardien du refuge lui expliquant, les détours du jour et à cela, il me répond : « Le sentier que vous avez pris est abandonné depuis longtemps, le faire dans le sens nord sud n’est pas évident, mais dans le sens sud nord, je n’en parle même pas ! ». Au moins, je sais pourquoi, j’ai jardiné aujourd’hui !

 

Tout est dit :-)

A plusieurs reprises, j’ai fait l’amalgame entre ce refuge ci et celui situé au pied du Col du Bonhomme, 2 refuges pour un même nom en apparence. En fait, le nom exact de ce refuge est le Refuge communal de la Balme Pierra Menta, nom qui s’est raccourci au fil du temps. Cela étant, il n’y a pas à dire, je préfère largement ce refuge et son confort rudimentaire au confort aseptisé de l’hôtel de Val d’Isère.

La fin d’après midi se fait au soleil, mais avec une polaire, il y a un petit vent frais, après mon repas, je vais me nicher dans mon duvet, s’il n’y a pas de ronfleur, une excellente nuit en perspective.

 

Pour le Jour 32, les photos, c'est ICI 

La suite, c’est ICI

 

Les liens dans ce compte rendu : Pour le Jour 30, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (8'00''), Pour le Jour 31, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (2'30''), LGorzderette, Pour le Jour 32, les photos, c'est ICI, La suite, c’est ICI

 

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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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