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Jean VRP de la montagne
27 juin 2016

GR20-GR5 Du sud au nord. J10-J12

Mon voyage au travers de la Corse et des Alpes

Topo 1 – Le GR20 Sud/Nord, de Conca à Calenzana

A la fin du récit de chaque Jour vous trouverez les liens pour photos et vidéos.

Revenir sur J6 à J9

Samedi 25 juin :

Jour 10 : RefugeTighjettu (1640 m) au Refuge d’Asco Stagnu (1422 m) Via : Monte Cinto 2 706 m (le plus haut sommet de Corse)

D+ : 1 015 m - D- : 1 125 m - Altitude Max : 2 183 m ou 2 706 m - Altitude Min :   1 422 m

 

Cascade des Anglais, Crête de Muratellu, Les crêtes - Bocca Manganellu, Refuge Pietra Piana, La Brèche de Capitello, Bergeries de Vaccaghja, Lac Nino, Col San Pedru, Bergerie E’Radule, Refuge de Ciottulu di i Mori, Bergeries de Ballone, Monte Cinto, Lac de Muvrella, La passerelle de Spasimata, Refuge d’Ortu di u Piobbu, Corse, GR20
Micro-pause

Depuis quelques jours, lorsqu’on parle du détournement du Cirque de la solitude (détournement nécessaire suite à un éboulement en juin 2015 qui fait 7 morts et 3 blessés), on parle inévitablement du Monte Cinto. Aujourd’hui, nous y sommes : Tic & Tac, n’iront pas, Tac souhaite terminer ce GR20, mais, ne pas en faire de trop, vu l’état de sa tendinite et de ses ampoules. Quant au Club des Cinq qui ne compose plus que quatre compères, c’est 50/50 pour l’instant. De mon côté, j’aurais aimé emmener Philou là-haut mais, cela ajoute au minimum 2 heures (pour quelqu’un qui est à l’aise). Sans compter la pause au sommet, 2 heures de petites escalades dont Philou ne s’est pas affranchi. Je pense que cela ne serait pas prudent. Le départ pour le Monte Cinto se fait à partir de la Pointe des Eboulis (2 607 m). Si à cet endroit la descente me paraît évidente, Philou la débutera à son rythme et moi je ferais l’aller-retour sur le « toit » de la Corse.

A 05H15, après un petit-déjeuner à la frontale, nous quittons le refuge en même temps que Tic & Tac, direction la Pointe des Eboulis, pendant 2 heures nous courbons l’échine et ne disons mot. Nous rejoignons 2 « papy » (70 et 72 ans), cela me laisse rêveur ! Ils ont bonne allure.  Nous sommes à Bocca Crucetta à 2 452 m. Après, cela devient plus technique, beaucoup moins stable, beaucoup plus délité, il est vrai que nous sommes dans le secteur de la Pointe des Eboulis. J’accompagne Philou qui n’est pas très à l’aise pendant 1 heure sur ces crêtes et pointes avant de rejoindre l’embranchement du Monte Cinto. A ce lieu, comme convenu, Philou entame la descente, Tic & Tac ont pris de l’avance, ils sont devant. Quant aux Lillois, ils sont derrière nous, ce matin ils partaient de la Bergerie de Ballone. Moi, je me dirige vers le Monte Cinto, après quelques minutes je pose le sac et repère bien l’endroit, ici ce n’est que de la caillasse, délité mais en gros morceaux, le balisage est fait de cairns et de points ocres. Après des petits pas d’escalades, de belles dalles et de sauts de pierres, j’arrive à 2 706 m au Monte Cinto, le plus haut sommet de la Corse, un décor sur 360°, malgré une petite brume, j’ai l’impression d’être seul au monde, d’ailleurs je suis seul (j’ai rencontré 3 personnes en y arrivant)! Après une dizaine de minutes, je reprends la direction de la Pointe des Eboulis. Lorsque j’y arrive, je regarde ma montre, cette escapade aura durée 02H15. Impossible à réaliser avec Philou, dommage pour lui, mais le terrain ne lui aurait absolument pas convenu. Je ne regrette pas de ne pas l’avoir emmené, cela aurait été une galère pour lui.

 

En direction de la Pointe des Eboulis

Une barre de céréales et je rejoins le balisage rouge et blanc du GR, je descends dans ce que l’on appelle des éboulis J et le mot n’est pas galvaudé, je suis heureux de ne pas être en baskets, les pierres roulent de partout et remontent sur les chevilles, il n’y a rien de stable, Philou a dû « s’amuser », il ne devait pas être trop rassuré. Au bout d’une heure, il n’y a pas âme qui vive, le balisage rouge et blanc est toujours visible, j’espère que Philou ne s’est pas égaré. Il reste quelques petits névés qui se passent sans difficulté. Au loin, j’aperçois quelques randonneurs sans pouvoir les reconnaître. Je finis par les rattraper, c’est le Club des Cinq mené par Philippe, Yves devant rejoindre Calenzana ce jour. A ce moment, plus loin, j’aperçois Philou, je suis content et rassuré de le voir, cela fait 4 heures qu’il descend, maintenant, il n’y a plus de caillasses instables, ce n’est plus qu’un sentier de montagne. Philou a déjà sa dose journalière mais nous ne sommes pas encore au refuge, nous arrivons à une passerelle. La veille au refuge un randonneur nous avait dit : « Quand vous franchirez la passerelle, vous serez proche du refuge », le matin, à la fraîche, le temps doit sembler plus court, car, il nous faudra bien plus d’une heure pour rejoindre le Refuge de Haut Asco (1 422 m).

 

Comme à chaque fin d’étape, Philou est « défait » mais, voir le refuge lui redonne bon moral, maintenant, il ne compte plus les étapes effectuées mais, les décompte (pour le GR20 !!). Tic & Tac et le Club des Cinq nous attendent, cela est toujours bien agréable d’être accueillis de cette manière. Après nous être installés entre 2 gros rochers et quelques ronces, nous ne résistons pas à un bon lyophilisé. La journée a été longue, très chaude, c’est une bonne excuse pour une bonne sieste qui sera sans aucun doute, réparatrice. Nous prenons une décision commune, ce soir nous partagerons un menu randonneur avec un bon rosé avec nos amis « GRistes ».

Pour le Jour 10, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (2'30'')

 

Dimanche 26 juin :

Jour 11 : Refuge d’Asco Stagnu (1422 m) au Refuge de Carozzu 1270 m) Via : Lac de Muvrella – La passerelle de Spasimata

D+ : 638 m - D- : 790 m - Altitude Max : - 2 010 m - Altitude Min : 1 220 m

 

Cascade des Anglais, Crête de Muratellu, Les crêtes - Bocca Manganellu, Refuge Pietra Piana, La Brèche de Capitello, Bergeries de Vaccaghja, Lac Nino, Col San Pedru, Bergerie E’Radule, Refuge de Ciottulu di i Mori, Bergeries de Ballone, Monte Cinto, Lac de Muvrella, La passerelle de Spasimata, Refuge d’Ortu di u Piobbu, Corse, GR20
Des racines dignes de ce nom

Aujourd’hui, « grasse matinée », nous avons repoussé quelque peu l’heure de départ, non pas parce que nous ne serions pas efficaces dans la préparation matinale mais parce que le topo indique 04H40, donc une très belle journée s’offre à nous, nous devrions pouvoir profiter des vasques à proximité du refuge pour cette avant dernière étape pour ce GR20, d’ailleurs ce sera la dernière occasion. A 05H45, nous commençons l’étape par 500 m de D+, une mise en jambe, maintenant qu’elles sont rodées. Cela se fait entre rochers et de nombreuses racines de pins Laricio qui sont énormes, comme des anacondas. Dans les interstices des rochers subsistent de nombreuses fleurs, plus ou moins grandes mais toujours de grande beauté. Nous arrivons sur les crêtes avec quelques pas d’escalades, comme à l’accoutumée, la vue est magnifique, aujourd’hui elle a un goût différent, nous apercevons la mer, la baie de Calvi, ce qui réjouit Philou. D’ailleurs, il ne se déconcentre pas, il passe partout mais à sa mesure. Dernière bosse pour atteindre la brèche Bocca Muvrella (1 850 m), juste au-dessus de son lac éponyme, puis, nous descendons dans la caillasse, de la grosse caillasse.

Un petit promontoire nous invite à faire une pause, nous ne discutons pasJ, nous nous arrêtons. Une pause de 15 minutes puis départ, le Club des Cinq repartira juste avant. Quant à nous, c’est Philou qui donne le rythme, le fait que le topo annonce 04H40 et en entendant d’autres en parler, il s’est mis en tête que l’étape serait facile, facile sur ce GR, cela n’existe pas ! C’est vrai que l’étape ne présente pas de grosses difficultés mais lorsqu’on est fatigué et qu’on n’est pas à l’aise dans les descentes, le temps s’allonge. Chaque étape a ses particularités et ses difficultés, elles ont très peu de points communs hormis la beauté des lieux.

 

Petite pause, le temps de reprendre son souffle

Épuisé, Philou en vient même à critiquer les temps de référence du topo, j’ai déjà connu ce genre de réaction dans le passé. Certes, il peut y avoir des erreurs mais le topo est fiable. Philou est fatigué et en plus, la tête n’en veut plus, il ronchonne et il le dit : « J’en ai marre », l’envie n’y est plus, mais en montagne on ne s’arrête pas où l’on souhaite ! Le soleil accentue aussi la difficulté, mais tous ces éléments sont connus avant le départ. Nous passons sur des dalles, sur la rive gauche d’un torrent, passage connu pour être très délicat par temps de pluie, un câble sert de main courante, Philou s’y accroche mais aujourd’hui, aucun danger. Nous débouchons sur la Passerelle de Spasimata, je l’informe que nous sommes à 20 minutes du refuge, un rictus trahi un sourire contenu. Le passage au dessus du torrent est agréable, de la fraîcheur remonte du ruisseau. Encore 50 m de D+ et nous sommes au Refuge de Carozzu (1 270 m), il est 12H15 soit, environ, près de 2 heures de plus que le topo. Nos Lillois sont attablés devant une Pietra et, ils nous en tendent une ! Nous allons déposer nos sacs sur notre futur emplacement et revenons trinquer avec eux car aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Christelle. Joyeux anniversaire Christelle ! Cela sera suivi par le traditionnel lyophilisé et une bonne sieste. Pour la douche, il faudra attendre et faire la queue, elle est tonique, comme d’habitude, puis ce sera la lessive. A 17 heures, nous sommes conviés à nouveau sur la terrasse, le boss du Club des Cinq est remonté de la vallée pour l’anniversaire de sa petite sœur avec un sac à dos. Et qui a-t-il dans le sac ? Des amuses gueules, du champagne et un gâteau d’anniversaire, nous trinquons une nouvelle fois tous ensemble, quelle belle et bonne ambiance nous vivons ! Nous partageons une omelette avant de laisser Christelle souffler ses 40 bougies, un sacré D+ (en fait Yves sachant qu’elle était à bout de souffle a préféré prendre 2 bougies « 4 » et « 0 » pour ne pas la mettre en difficulté). Maintenant, à nous le gâteau au chocolat avec de la chantilly, il est excellent, Yves a eu une très bonne initiative. Cela ne fait aucun doute, il y a une belle complicité entre frère et sœur. L’après-midi a passé très vite et de ce fait nous n’avons pas eu le temps de profiter des vasques au pied de la passerelle en amont du refuge, mais il y avait des priorités.

Aujourd’hui nous n’avons pas vu Tic & Tac. Ni vu, ni entendu, ils ont probablement doublé l’étape et sont peut-être au prochain refuge ou pourquoi pas à Calenzana, qui sait !

 

Aire de Bivouac au Refuge de Carozzu

Demain, nous partons dans l’optique de doubler l’étape, l’attirance de la côte ne peut avoir qu’un effet positif sur Philou, les ¾ de la journée seront consacrés au 1 500 m de D- pour descendre sur Calenzana, de mémoire rien d’exceptionnel. Si toutefois, Philou est trop fatigué ou que nous ne pouvons pas atteindre l’objectif dans un délai raisonnable, il y aura toujours la possibilité de bivouaquer au Refuge d’Ortu di u Piobbu.

Pour le Jour 11, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (1'00'')

 

Lundi 27 juin :

Jour 12 : Refuge de Carozzu (1270 m) à Calenzana (275 m) Via : Refuge d’Ortu di u Piobbu

D+ : 945 m - D- : 1 940 m - Altitude Max : 2 010 m - Altitude Min : 275 m

 

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C'est par là-haut que ça passe

En fait, notre nouveau rythme biologique est enclenché, à 03H45, nous nous sommes réveillés naturellement, et de ce fait, la tente est pliée, le petit-déjeuner est pris et à 04H30, nous mettons les sacs sur nos épaules avec les frontales vissées sur la tête. A notre départ, de nombreux randonneurs dorment encore à la belle étoile. Pour l’instant, il fait encore nuit mais hier, nous avons repéré le début du sentier pour éviter tout jardinage matinal, nous tenons à ne pas nous éloigner de notre ligne de vie blanche et rouge. D’entrée, le pourcentage est important, nous l’abordons sereinement, dans l’obscurité, tout peut arriver. Après 45 minutes, nous nous arrêtons pour ranger les frontales et passer en tenue d’été, la fraîcheur, toute relative, me fait un bien intense. Nos Lillois (sans Yves qui est redescendu hier en fin d’après-midi) nous doublent, nous les laissons passer. Philippe du Club des Cinq m’a prévenu qu’il y avait des passages avec du gaz et que cela risquait d’être compliqué pour Philou. Je lui demande de ne pas en parler et de passer devant nous pour ne pas avoir de pression supplémentaire. A moi de gérer ces derniers passages.

Arrivés sur les premières crêtes, il y a peu de monde, nous aurons toujours la chance de les  croiser dans des endroits sans difficulté. Nous passons successivement 3 cols, Bocca Carozzu ou Inumita (1 865 m), Bocca d’Avartoli (1 898 m) et Bocca Piccaia (1 950 m). Depuis le départ, je m’efforce de conseiller Philou pour grimper ou dés-escalader des petits passages plus ou moins verticaux, de prendre de l’assurance sur les dalles. Dans l’ensemble, il écoute dans le cas où il ne se focalise pas sur le vide de la vallée. Depuis le départ, il a bien progressé, son point faible étant la descente de sentiers caillouteux, il a peut être peur pour son genou, je ne sais pas… Malgré les différents passages exposés, dès que le chemin s’y prête, nous arrivons à remonter notre moyenne car l’objectif reste de doubler l’étape. Une dernière belle montée nous permet d’arriver à une source pour compléter nos gourdes car nous allons être plusieurs heures exposés au soleil sans zone d’ombre possible. Nous rencontrons une dizaine de trailers en plein entraînement, il n’y a pas à dire, ils ont le terrain adéquat pour cette activité. En tant que trailer du plat pays, je ne lutte vraiment pas à armes égales. Nous arrivons en Balagne, au Refuge d’Ortu di u Piobbu (1 570 m), il est 10H30.

 

Le bout du GR20 en vue

Il est 11H00 au refuge, la décision est prise, après 30 minutes de pause, nous attaquerons l’ultime « sprint », 5 heures de descente. Je fantasmais sur une omelette au fromage ou sur la charcuterie Corse (après plusieurs jours dans la montagne, les fantasmes occupent une grande place dans mes pensées) mais en ce lieu, pas de restauration, je me contenterai d’un morceau de cake et d’un Coca. Nous avons le plaisir de retrouver Honorine et son copain qui avaient quitté le GR prématurément au Col de Verde, deux jours de repos et 2 étapes « shuntés » leur permettent d’être à nouveau dans leur timing et surtout en pleine forme.

Comme convenu, à 11H30, le Club des Cinq arrive, c’est Fred qui impose la cadence malgré elle, à cause d’un genou défaillant ! Alors que nous repartons, ils sont plusieurs à nous faire de grands signes de la terrasse, cela fait chaud au cœur. En théorie, il y a, juste de la descente, mais entre deux lignes de niveau parfois cela peut monter ou descendre raide ! Il y a toujours et encore quelques passages techniques mais l’attrait de la vallée est là et la vue de Calenzana booste Philou. Nous marchons à bonne allure. Malgré cela, Philippe et Arnaud nous dépassent comme deux gamins qui partent à la mer, Christelle et Frédérique descendent à leur rythme. Descendre dans la vallée provoque une remontée de la température et cela se confirme, il fait très très chaud. Maintenant, la proportion caillasse et terre s’inverse, c’est bon signe. Par contre, la terre n’est que de la poussière. Chaque pas en soulève, et lorsqu’il y en a un pas non contrôlé, c’est un nuage qui s’élève dans ce petit sentier tracé dans le maquis. Nous sommes crasseux et devons être nauséabonds. Mon nouveau fantasme pour mon bien et celui des autres, c’est sans aucun doute, une douche mais avant il faut arriver, aller la chercher. Au détour d’un lacet, je reconnais l’entrée de Calenzana, un gars vient à notre rencontre, il commence demain et nous questionne, il s’interroge s’il saura enchaîner les étapes.

 

Nous nous asseyons à l’ombre à l’arrivée, la journée a été longue, 04H30 ce matin à 16H30 soit 12H00 presque ininterrompues. Philou est ému, lui qui, au 3ème jour, à Usciolu, dans le sud, était proche de craquer. Il s’est relevé et voilà le résultat, un grand bravo à lui ! Je ne regrette absolument pas mes propos vis-à-vis de lui et de ses difficultés rencontrées, j’espère qu’il ne se sentira pas « blessé » car aujourd’hui, il l’a fait et c’est la seule chose qu’il ne doit pas oublier. Parfois, nous avons besoin d’être « stimulé » pour avancer, il aurait été vraiment dommage qu’il arrête, quelque soit le prétexte, car il a prouvé qu’il avait toujours des ressources pour avancer. Pour ma part, moi, je fonctionne à l’envie, et pour l’instant, « ça marche ! ».

Nous entrons dans Calenzana entre les bougainvilliers et les lauriers roses et blancs, de très beaux arbustes, une haie d’honneur.

Maintenant, il faut se ressaisir, le bateau pour Nice à partir de Calvi est prévu après-demain à 15 heures, cela veut dire qu’il faudra que l’on patiente à Nice pour notre colis, le lendemain de notre débarquement. Nous choisissons de partir pour l’île Rousse car demain il y a un départ à 07H00. Je reçois un sms d’Yves nous conviant à une soirée resto, nous le remercions en lui expliquant notre dilemme qui a guidé notre refus (il n’y a qu’un seul bateau pour Nice chaque jour). Pour ma part, une chose est sûre, je les retrouverai à Lille en soirée d’escalade, car ils et elles ont bien animé le parcours par leur joie de vivre avec une sympathie sans égale. Quant à Tic & Tac, ils sont faits dans le même moule mais, je n’ai pas de nouvelles, à suivre…

Nous commandons un taxi et appelons nos Christine, le GR20 est fait ! La suite svp !!

 

Le GR20 est déjà terminé !

A 18H30 nous sommes dans un petit hôtel à proximité du port, à 18H31, je prends la douche en premier, elle est divine, puis ce sera la lessive, je préfère ne pas en parler, les tuyaux s’en souviendront. Philou a le même programme avec les mêmes sentiments. Nous tendons un fil à linge dans la chambre et ouvrons la fenêtre. Une nouvelle récompense nous attend pour clore le chapitre GR20, une pizza royale. Malgré que ce soit un jour de fête pour nous, nous nous endormons, pas sur nos « lauriers », quoique … Il est 22H00, demain nous devons être à l’embarquement à 06H30, la grasse matinée est donc reportée.

 

Demain sera à nouveau un grand jour, nous démarrerons le GR5

Pour le Jour 12, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est ci-dessous (1'40'')

 

 
Quel enseignement je retire de ces 12 jours au travers de la Corse avec Philou ?

 

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Même si j’avais déjà réalisé ce GR de 180 km et 13 000 m de D+, il y a 14 ans avec mon ami Custo, c’est un GR qui se mérite, ma mère disait toujours : « on n’a rien sans rien ! » A la lecture des sites internet, environ 50% des personnes qui en prennent le départ le parcourent entièrement. J’en ai vu sur lesquels je n’aurais pas parié un euro sur leur réussite. Philou avait mis beaucoup de chance de son côté, je savais qu’il pouvait être sujet au vertige, mais je ne savais pas qu’il n’était pas du tout rapide dans les descentes, ce qui allongeait beaucoup les étapes. Je pensais même être moins rapide que lui, il n’en fut rien. Faire 02H39 au marathon n’est pas une référence en Corse.

Le fait de réaliser ce GR du Sud au Nord n’est pas commun, je pense que cela concerne moins de 10% des randonneurs. Cela permet de créer une convivialité très rapidement. Dans notre cas, il y avait le Club des Cinq ainsi que Tic & Tac, sans oublier, Honorine et son copain. On se croise régulièrement, sur le chemin, en fonction des allures de chacun, des difficultés du terrain ou des pauses, sur le bivouac, à la douche, à la lessive, aux toilettes, etc… Toutes des personnes très sympathiques qu’on était heureux de retrouver pour partager une boisson ou pourquoi pas une omelette voire un gâteau d’anniversaire ! Toutes ces personnes ont eu un impact très positif sur l’aboutissement de cette traversée sur l’épine dorsale de la Corse.

 

Contrairement à ce que je pensais, sur le GR20 il y a la possibilité de se ravitailler et de se restaurer presque partout, après, tout est une question de choix et de prix. Nous aurions pu alléger nos sacs car ceux-ci variaient entre 16 et 20 kg en fonction des ravitaillements et de l’eau embarquée. Le poids : l’ennemi du randonneur. Nous avions l’un est l’autre 3 litres d’eau et nous n’avons presque toujours eu 1 litre de « trop » soit 1 kg, un repérage des rares sources aurait peut-être été profitable. Une vérification de la composition du sac aurait probablement permis de gagner quelques dizaines de grammes ici ou là. Je considère que si j’arrive à gagner 500 gr pour une randonnée de 10 jours, cela équivaut à gagner 5 kg sur une journée, surtout que les « derniers grammes » sont les plus lourds. Quant aux couchages, ils ont bien progressé aussi, les refuges n’ont pas été agrandis mais, il y a la possibilité de louer des tentes (2 secondes) et des matelas.

En fin de journée, avec l’accumulation de la fatigue, les masques finissaient par tomber et nous apprenions à nous connaître. Si Philou était parfois « mort » en fin d’étape et si moi de mon côté, je me rongeais, il n’y a eu aucun mot entre nous, rien qui  pouvait blesser l’un ou l’autre. J’avoue que souvent je craignais pour l’étape du lendemain mais l’important pour moi est que nous étions comme une cordée sans corde, nous partions à deux pour arriver à deux.

 

Nous aurions pu choisir quelque chose de moins difficile comme voyage, de plus accessible comme le Chemin de St Jacques de Compostelle mais cela ne correspondait pas à notre attente. Nous souhaitions nous retrouver dans la nature, « seuls », être en altitude, nous surpasser pour atteindre et profiter des nombreux points de vues, en évitant au maximum la civilisation, la Corse et son GR20 était un bon début pour notre voyage. Nous étions partis avec des bâtons, c’était une évidence et pourtant ! Nous avons fait la première étape avec et puis, pour une question d’équilibre et de liberté de mouvements, ils sont restés sur le sac (sauf un qui me servait de temps à autre de perche à selfie) soit encore 1 kg qui aurait pu être gagné. Je les ai quand même sortis pour traverser quelques névés, mais, au final, c’était du luxe sur ce GR.

Sur ce GR, ce ne fut que montées, descentes, escalades, désescalades, chaînes, sauts de pierres et de torrents, un très beau terrain de jeux que personnellement j’adore mais que Philou n’a pas toujours partagé de la même façon mais il les a vaincus.

 

Pendant ces 12 jours, nous avons vu des millions d’étoiles, mais je dois dire que  moi j’en ai vu plus que Philou, non pas parce qu’il dormait parfois tôt, mais parce que j’ai vu non seulement celles du ciel, mais aussi celles dans ses yeux à chaque endroit magnifique. Cela a commencé la veille de notre départ lorsque Philou est arrivé à la maison, le compte à rebours était bel et bien lancé. Puis, à chaque découverte, chaque surprise, chaque passage de cols ou de brèches, la même chose, ses yeux s’illuminaient. A l’arrivée de ce GR, les étoiles ont fondu, elles sont devenues filantes avec l’émotion. Dans les yeux de Philou, j’avais ma récompense.

Ce projet, nous en avions parlé depuis longtemps, et bien nous en avons fait une partie ensemble et c’est cela l’essentiel, nous pouvons vraiment en parler, la boucle n’est pas bouclée, on va remettre nos chaussures et reprendre nos sacs mais le GR20 est fait.

Je ne suis pas prêt d’oublier ce début de voyage avec Philou, maintenant, sans tourner la page, place au GR5.

La suite, c'est ICI

 

Les liens dans ce compte rendu : ConcaRefuge d’I PaliriAiguilles de BavellaRefuge d’Asinau,  Mont Incudinela Bergerie de CrociRefuge d’UscioluRefuge de PratiBergeries d’E CapanelleVizzavonaCascade des AnglaisRefuge de l’OndaRefuge de Pietra Piana,  Refuge de ManganuLac de RinosoLac MeloLac CapitelloBergeries de VaccaghjaPozzinesLac de NinoBergerie E’ RaduleRefuge de Ciottulu di i MoriPaglia OrbaBergerie de BalloneCalenzana, Cirque de la solitudeMonte Cinto, Pointe des Eboulis, Refuge de Haut Asco, Bocca Muvrella,  Passerelle de SpasimataRefuge de CarozzuRefuge d’Ortu di u PiobbuPour le Jour 10, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (2'30''), Pour le Jour 11, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (1'00''), Pour le Jour 12, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (1'30''), La suite, c'est ICI

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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