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Jean VRP de la montagne
8 juillet 2021

2021-07-08 GR5-Via Alpina-Mercantour J8

Jour précédent

08 juillet : Au départ de Cerrelaz (1 249 m)

Via : Avise, Runaz, Lago Lolair, Planaval

Un beau sentier

Une nuit de rêve. Je sais qu’avec mon activité journalière, je n’ai pas besoin d’avoir un lit moelleux avec un gros édredon pour dormir, mais j’ai quand même apprécié. Après mes 2 000 m de dénivelé négatif hier, une auto-consultation est recommandée. Résultat, négatif, peu de douleur hier et mon genou n’a pas pris d’embonpoint. Je fais le dos rond en guise d’étirements pour mon dos. Puis, un point sur mon linge et mes affaires qui sont restées étendues cette nuit. Tout est sec, c’est parfait ! Le seront-elles encore ce soir, seule Dame Nature le sait ! Après une belle nuit, la propriétaire s’est levée comme moi, à 5 heures, elle, c’est pour me préparer un petit déjeuner royal (du bon pain frais avec confiture, yaourt, fruits, café et autres). Je serais bien resté un peu plus longtemps, mais voilà… Avant de partir, elle me montre son téléphone à une page météo, les pictogrammes n’annoncent rien de bon pour la fin d’après-midi… et pour les jours à venir ! Comme d’hab !

 

Ce matin, j’ai du mal à trouver le bon passage dans ce petit bled, un chemin avec de hautes herbes qui ne m’enchantent guère, la crainte d’une entorse ! Une entorse plus le genou, ce serait direction Wizernes ! Une fois sorti de ce bled, pendant une bonne heure, je descends tranquillement en « jardinant » parfois entre les vignes. Une fois en bas, ça remonte, c’est comme cela depuis 1 semaine déjà ! Parfois sur un sentier montant régulièrement, parfois, c’est particulièrement raide mais, ce sentier un peu en flanc de falaise donne droit à de jolis points de vue dont le Lac de Lohair en contrebas du hameau de Baise-Pierre, un chouette hameau en pleine restauration.

 

Le sentier s'améliore

Jusqu’à présent, j’étais partiellement en sous bois, maintenant, je peux profiter des rayons du soleil et aussi de la flore dans une belle lumière. C’est vraiment agréable même si comme chaque jour, il y a des nuages qui circulent au-dessus de ma tête.

 

La mise en œuvre de tous ces chemins de montagne représente des milliers d’heures de travail et ils traversent le temps dans un état impressionnant, tout comme les fortifications de Vauban, je trouve que cela devrait être souligné.

 

 

Cette nuit il a plu, l’isotherme doit être à environ 3 000 m, sur les sommets, la neige a plaqué, je distingue bien la limite visible entre le vert et le voile blanc de la neige. Alors qu’il est actuellement 6h30, je suis quand même en t-shirt, c'est un peu frais mais avec l’activité ça se passe bien. Le temps n’est pas dégagé, il y a pas mal de nuages, mais bon cela étant, ça démarre bien. Ce matin j'ai débusqué une biche en jardinant, j'ai perdu une nouvelle fois la trace, je me suis trouvé dans des petites parcelles de vignes, parfois les chemins sont très difficiles à trouver, même avec le GPS. Les nombreux hameaux que je traverse sont très bien restaurés, les ruelles pavées sont de toute beauté. Moi qui pensais prendre un petit café ce matin, c’est mort ! Aucun commerce d’ouvert !

 

Au passage du Pont du torrent Dora d'Altea, les eaux sont gris foncé, résultat des pluies de cette nuit et aussi des jours précédents, un gris d’ardoises peu commun sur ce magnifique pont. Sur le versant opposé de Cerrelaz en direction NNO, je distingue le Mont Blanc avec de gros nuages blancs, c'est de toute beauté, vraiment magnifique. Malheureusement, ce décor, je le vois au travers des arbres, je ne fais pas de photos, le résultat ne serait pas à la hauteur, en plus une ligne haute tension dans le champ de vision dénature ce décor.

 

Lac de Lohair

En général, je zappe les repas du midi, je me contente de quelques noisettes, raisins, barre de céréales et au mieux un sandwich pain avec fromage (Mozzarella en Italie). Les magasins d’alimentation sont rares et lorsqu’il y en a, ils sont fermés, peut-être que cela sera bénéfique pour ma ligne ! Hier matin, j’ai oublié mes cachets pour ma thyroïde et pour mon cœur, avec l’activité que j’ai dans un environnement pareil est-ce réellement un problème ! Je ne pense pas donc je ne me formalise pas.

En Italie les chemins de randonnée sont parfois repérés par des flèches, un repère, voire un numéro, et aussi un niveau de difficulté mais je n’ai pas la correspondance dommage cela aurait pu me donner un peu d’information. J'ai vu beaucoup de cadrans solaires depuis le départ et en fait, je ne les ai pas encore vus fonctionner ! Façon de parler.

 

A partir de Planaval, la route me paraît longue, même si les chemins ne sont pas désagréables. Je remonte la vallée en longeant le torrent de la Dora Valgrisenche qui mène à Valgrisenche, il me reste tout au plus 1 km de descente tranquille. Je passe devant un bar, il est 14 heures, je m’arrête pour prendre un sandwich et une bonne bière, ma journée est terminée, j’apprécie ce moment. Ma pause repas terminée, je lève le camp, dehors, il commence à pleuvoir, direction le camping en sortie de village, c’est là que ma trace du jour s’arrête. Je passe devant un magasin d’alimentation et de souvenirs, j’y reviendrais après que mon bivouac soit planté, je suis la petite route qui mène au camping, au pied du barrage hydroélectrique.

 

Hameau de Baise-Pierre

Surprise et stupéfaction ! Le camping est uniquement réservé aux campings cars ! Le bivouac est strictement interdit. La pluie s’intensifie A proximité il y a un hôtel-refuge gigantesque, un ancien centre de vacances. Des bus sont stationnés devant, j’y rentre et quelques minutes plus tard j’en ressors, pas de négociation possible, complet. Avec ce covid, personne ne prend de risque et ne déroge au règlement, c’est complet !

Je traverse à nouveau le village et rentre à nouveau dans le bar où je demande des infos pour bivouaquer. La patronne me confirme que le bivouac est totalement interdit dans la vallée et que les amendes sont salées ! Elle me donne trois numéros de téléphone pour des nuitées. Je me renseigne sur le champ, c’est soit complet, soit fermé. Sauf qu’il reste une place dans un gîte mais je dois revenir sur mes pas, sur environ 2 km et, en montée en plus. Je m’y refuse, il me faut donc sortir de cette vallée, je trouverais bien deux mètres carrés pour ma petite tente !

 

J’aurais aimé acheter de la fontine (fromage à pâte modérément cuite), la spécialité du coin mais ce sera pour une autre fois ! J’étais content d’avoir trouvé un magasin d’alimentation pour me ravitailler, seulement il est encore fermé, la sieste peut-être ! Là, je n’ai pas de temps à perdre ! Je mets ma nouvelle trace GPS et je pars en espérant trouver un emplacement rapidement hors du village. Le GPS m’indique que j’ai 600 m de D+ assez raide dès le départ, je ne suis donc pas très optimiste pour trouver un emplacement de bivouac tout de suite. La pluie se déchaîne, je me réfugie dans une maison sur un espace de jeux pour enfants, elle est étanche la petite maison pour lilliputiens. Cependant, avec un peu de souplesse, j’arrive à me changer complètement, me rendre moi aussi étanche.

 

Valgrisenche

Me voilà parti pour un nouveau début d’étape, elle passe au détour d’un ancien fort militaire, il tombe toujours des cordes ! Même en étant sous des mélèzes, ça mouille bien. Les bâtons sont de sortie, je m’arrache pour décamper de ce coin. Je fais des zigs et des zags par dizaines et ça commence à chauffer sous la goretex, elle est bien étanche ma veste mais elle respire bien moins que moi ! Une mini pause sous un des derniers mélèzes pour ouvrir la fermeture éclair qui est un peu coriace. Elle se coince avec la doublure, j’arrive difficilement à la descendre de quelques centimètres, mais cela me permet de passer ma veste comme un pull over, ouf. Il était temps ! La soupape allait se déclencher ! Après plusieurs manipulations, tout rentre dans l’ordre, je peux me rééquiper et repartir, la pluie ne cesse pas ! Cette montée bien que raide doit être bien sympa à faire sous une météo clémente, mais pas aujourd’hui !

 

Maintenant, je suis à découvert, la moindre goutte qui tombe est pour moi ! Cette fois, en quelques minutes, ça ruisselle sur moi, le sentier est gorgé d'eau, les chaussures ne supportent plus cette pluie, je n’ai plus à faire des écarts pour éviter les flaques d’eau. Au loin, au dessus du Lac de Beauregard, les éclairs précèdent le tonnerre, je compte pour savoir s’il m’approche, j’espère que j’aurai trouvé un abri avant que l’on se rencontre. Je rejoins un grand pierrier dans lequel un chemin de mulets a été tracé, il est probablement d’origine militaire. Les pierres ont été juxtaposées sur une largeur d’un bon mètre, avec des murs de soutien, un travail colossal ! Au moins ici, je ne patauge pas dans l’eau ! Les zigs et les zags se succèdent et toujours rien pour planter le bivouac, soit c’est pentu, soit c’est un champ de pierres donc je continue. Heureusement, même si la pluie ne s’arrête pas, elle a baissé d’intensité.

 

Ancien chemin militaire

Je suis une crête à 2 300 m d’altitude qui me permet d’avoir un petit point de vue selon le bon vouloir de la météo. Enfin, une éclaircie ! Pas dans la météo, mais sur mon devenir ! Au loin j’aperçois une grande ferme d’alpage et quelques chalets. Pour y arriver, je dois redescendre, ce n’est pas un problème, la trace m’y emmène, je reste prudent car la descente, sans être technique, est très glissante. Après 30 minutes je suis au premier chalet, il y en a une petite dizaine, ce sont des chalets résidentiels, il n’y a pas âme qui vive, à priori inoccupés, puis je me rabats sur le chalet d’alpage. J’en fais le tour, personne ! Toutes les portes sont fermées à clef sauf une pièce, sous la partie habitation, un peu à l’écart de la grande étable. Sur la porte, les clefs, j’appelle ! Personne ne répond ! Je rentre délicatement. C’est une pièce de 3 mètres sur 3, carrelée avec un vieux compresseur hors service et un grand bac en inox, peut-être cela servait pour le nettoyage des bidons de lait il y a encore quelques temps.

 

Je suis content, je suis à l’abri, un bel endroit pour passer la nuit au sec. Enfin, sans recevoir de pluie car, même si j’ai des encore des vêtements secs, beaucoup sont humides voire trempés. Dans l’encadrement de la porte, je regarde la pluie qui s’abat de plus belle, les éclairs transpercent le brouillard, la vallée n’est plus visible, les nuages en ont pris possession. Quel spectacle, surtout lorsque l’on est à l’abri ! Très heureux d’être ici.

 

Alpage d'Arp Vieille

Mon campement se faisant ici, je commence par me changer et étendre toutes mes affaires mouillées à un tuyau fixé au plafond, de petites flaques se forment sur le carrelage. Profitant d’un arrêt ou tout du moins d’une diminution des précipitations je vais chercher de l’eau à la fontaine une bonne centaine de mètres plus loin en emportant les clefs sur la porte puis, ayant repéré un banc sous un auvent, je le ramène dans ma tanière. Au retour, je mets les clefs dans la serrure mais cette fois, à l’intérieur.

 

Je fais le point sur mes batteries de montre et de téléphone, elles sont presque vides. Quant à ma batterie de secours, même si elle n’est pas vide, ce n’est pas suffisant pour les recharger totalement. De toute manière, il n’y a pas de moyen de communiquer, pas de réseau. Heureusement que le GPS, a la possibilité de fonctionner avec des piles et que j’en possède car c’est énergivore, 4 piles R6 tous les 3 jours.

 

Arp Vieille, une pièce ouverte, Ouf !

Toutes mes affaires sèches sont sur moi (les 2 polaires, les 2 buffs, le bonnet et autres) il ne reste que les gants qui ne sont pas de sortie. Il fait frais voire… je suis à 2 230 m d’altitude, l’orage et la pluie ont fait chuter la température, je pense que l’isotherme est descendu à 2 500 m, j’espère qu’il en restera là, sinon je vais laisser des calories au fond du duvet. A 18h30, il fait déjà sombre, j’aurais aimé boire une bonne soupe chaude, mais je n’ai pas de gamelle et encore moins de réchaud, question de choix, question de poids ! N’ayant pu faire d’achats à Valgrisenche, ce soir ce sera un repas léger : une barre de céréales, suivi d’une portion de petit déjeuner, soit un bol de lait (en poudre) avec des céréales. Pour demain, je n’ai pas grand espoir pour mes chaussettes et mes chaussures, elles seront encore mouillées. En attendant, je regarde les magnifiques éclairs au travers des nuages sur l’autre versant.

 

Après voir pris mon petit déjeuner au dîner !! Je prends quelques notes pour mon compte rendu puis je me glisse dans mon duvet tout habillé, la température baisse encore. Dehors l’orage se fait voir et entendre, il est bon d’être au sec.

La vue de mon logement, la neige a plaquée en altitude

Aujourd’hui, aura été le jour du contraste ! Entre ce matin où je me suis réveillé dans un lit avec un gros édredon à Cerrelaz et ce soir où je me couche sur mon matelas de 3 cm sur le carrelage dans le froid et l’humidité, si demain j’ai le choix, il est tout défini. D’autre part, dans ce lieu que j’apprécie grandement, cette ferme d’alpage à Arp Vieille qui doit abriter peut-être une centaine de vaches habituellement, boire du lait en poudre, c’est quand même un comble !!

 La vidéo de la journée, c’est ICI (5'35'')

 La suite, c'est ICI

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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