2021-07-27 GR5-Via Alpina-Mercantour J27
27 juillet
Au départ de Baisse Camp d’Argent (1 740 m)
Via : Baisse de la Déa, Baisse de Linière, Baisse de Fighièra
La nuit a été bonne, il n’y a pas eu de ronflement, aucun bruit, hier, tout le monde avait son compte. Suite aux trombes d’eau et malgré une bonne protection de mon sac, ce matin il est encore humide. Je décroche mon linge et le transfère sur mon sac à dos, je vais avoir fière allure !! Une très grande partie de mon linge est à l’extérieur !! J’enlève les journaux de mes chaussures et les enfile. Ce n’est pas très agréable, il ne me faut pas plus d’une minute pour ressentir l’humidité, elle a déjà traversé ma seule paire de chaussettes qui était sèche. Tous les vêtements que je ne porte pas sont encore bien humides, ce serait bien sympa qu’il ne pleuve pas aujourd’hui !
A 07h30, je suis le premier au petit déjeuner. Tout est prêt, une belle table avec un buffet bien achalandé. Pour commencer, je me régale par les yeux, pas mécontent de m’être rallier à l’heure du patron. La journée commence bien, du pain, de la confiture, du miel, du lait, du café, des céréales, rien à voir avec les biscottes italiennes !! Un excellent petit déjeuner, je suis paré pour un moment.
A 08h15, je quitte ce gîte simple mais bien suffisant pour moi, surtout avec un tel petit déjeuner. Il fait frais, la météo est belle (pour l’instant), mais la pluie est déjà annoncée pour 14 heures, une source de motivation pour ne pas perdre de temps. En attendant, j‘espère que la pluie d’hier ne freinera pas ma progression par des sentiers glissants ou étroits avec de hautes herbes. Même si le terrain est encore bien accidenté, l’étape d’hier a bien entamé la descente vers la mer, j’ai quitté progressivement les décors minéraux pour un décor plus doux avec les pelouses alpines à partir du Pas du Diable puis les forêts de sapins, les mélèzes, eux, se font plus rares. Aujourd’hui, je pars en direction de Sospel, c’est mon avant dernière étape, sur le papier, elle est courte, mais avec l’accumulation, cela reste une belle étape, 500 m D+ mais surtout près de 2 000 m de dénivelé négatif (aie aie aie les genoux !) pour 22 km. C’est une étape que j’ai prévue « facile » à la veille de la dernière étape qui devrait-être « difficile ».
Un coup d’œil sur le GPS et je reprends un bon rythme de marche, heureux de bientôt retrouver mon double, pour m’accompagner, les cigales chantent et m’enchantent ! Cette fois, j’en suis sûr, le grand sud m’appelle puis, ce sera le grand nord ! Sur cette partie, c’est roulant, il y a quelques petites côtes pour rejoindre des crêtes qui se succèdent m’offrant quelques beaux points de vue. Sur certains petits cols, il y a des petits blockhaus. Au Massif de l’Authion, il y a un monument en mémoire des soldats qui sont tombés pour notre liberté lors du débarquement de 1945 sur lequel il y a comme vestige, un char d’assaut Américain.
La descente vers la mer se fait doucement, des hexagones verts peints sur les roches m’indiquent que je quitte le cœur du Mercantour. En regardant le profil de l’étape, je suis à environ 8 km de Sospel et j’ai encore 1 500 m de dénivelé négatif ! Le moral est bon mais je crains un peu pour mes genoux. Pour l’instant, le temps ne m’inquiète pas, il fait grand beau et le soleil commence à chauffer. Il me faut trouver un point d’eau car je bois plus qu’habituellement et les sources sont rares sur mon parcours. D’autre part, la température risque encore de s’élever car le soleil n’est pas encore à son zénith. D’un autre côté mes chaussures sont presque sèches, enfin vu de l’extérieur car à l’intérieur ça mijote toujours !
Au fil des kilomètres, même s’il n’y a rien de technique, la descente commence à me peser surtout lors des portions sans ombre. Je pourrais faire une pause sous un olivier mais je préfère garder le rythme, même s’il est de plus en plus lent.
J’arrive sur une petite route en bitume, le GPS m’indique qu’il me reste 3 km de descente. J’espère récupérer un sentier rapidement, avec des pieds à peine secs, ils se mettraient vite en surchauffe. Ouf, pas trop de bitume, je retrouve un chemin mais il est technique et en plus, raide ! Jamais content ! Cette fin d’étape me rend un peu rebelle, elle veut juste me finir les genoux ou simplement le bonhomme. Je croise un randonneur à peine aimable, il est hyper chargé, tout du moins avec un très gros sac. Je me demande vers où il monte avec un tel chargement alors qu’il fait vraiment chaud.
14h30, à la sortie d’un bois, j’aperçois les premières maisons de Sospel, la fin d’étape est proche et je m’en réjouis car je suis « dézingué », la chaleur, la fatigue et un manque d’eau ! J’ai eu l’opportunité de faire un complément mais cela m’imposait un petit détour ! Une grosse erreur ! Cette fois, le GPS m’indique 1 km avant de planter la tente, je passe sur un pont qui enjambe un grand lit de rivière, la Bévéra qui a un petit débit en cette saison. Sur l’autre rive, une terrasse ombragée au bord de la rivière. Je sais qu’une fois assis, je resterais un certain temps, mais qu’importe, je suis fatigué, assoiffé, je considère l’étape terminée donc je me pose.
Que c’est agréable de m’être libéré de mon sac à dos, d’être assis confortablement à l’ombre en attendant un rafraîchissement. Quelques minutes et voici ma pinte d’Affligem qui m’arrive. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, je commande une bruschetta. Ma bière fond comme neige au soleil, la bruschetta aussi mais……moi aussi ! Il fait chaud, j’avoue que je piquerai bien une petite sieste, mais sur la terrasse, ça ne se fait pas, déjà que je ne passe pas inaperçu avec toutes mes guenilles sur mon sac. Après une pause d’une petite heure, par nécessité, je quitte ce bel endroit, il faut que j’aille planter la tente à la sortie de Sospel.
Je longe les murs à la recherche du moindre coin d’ombre. Arrivé au camping municipal, il a l’air fermé ! Est-ce bien là ? Je ne sais pas, il y a un coin d’herbe à l’ombre, ce sera très bien pour moi. Je plante la tente, je fais le minimum, j’ai besoin de sommeil, je mets une alarme pour 1 heure de repos et je plonge sur mon matelas.
Aucun rêve, aucun souvenir de cette heure ! Si, juste l’impression que je me suis trompé en réglant mon téléphone, j’ai peut-être mis une minute plutôt qu’une heure !! J’ai un mal de tête et lorsque je m’extrais (difficilement) de ma tente, j’ai les jambes qui vacillent ! Un réveil vraiment difficile, la chaleur, la fatigue et l’Affligem, sans aucun doute !! 50 cl ce fût peut-être un peu de trop tout à l’heure ! J’ai voulu me faire plaisir, une récompense après cette journée chaude, cela m’a donné, le double effet Kiss Cool, un coup de chaud puis un coup dans le nez.
Je fais le tour du coin, je suis au bon endroit, je suis bien au terrain de camping municipal, seulement, il est abandonné ! Plus de sanitaire, plus de douche, plus d’eau, plus rien ! En marchant un peu pour me remettre les idées en place, je vois 2 campings un peu plus loin. Puis je reviens à ma tente et j’installe mon bivouac correctement. Hormis mes chaussettes, mon linge est sec, je reconditionne un peu mon sac. A 18h30, je me redirige vers le centre de Sospel, j’ai pris avec moi, mon camelbak et ma gourde. Avant de m’installer à une terrasse, à l’aide de mon GPS, je repère la sente qui me sortira de Sospel, c’est ici que je retrouve la Via Alpina pour Monaco. Une fois le repérage effectué, je prends place à la terrasse d’une pizzeria et, commande une plâtrée de spaghettis accompagnée d’une carafe d’eau. Dans l’entre deux, je passe aux toilettes remplir les gourdes et me rafraichir un peu. Après un bon repas, l’estomac plein, je retourne à ma tente.
Demain, c’est l’ultime journée et je ne finirai pas en « roue libre », la journée risque d’être longue et difficile 1 700 m de D+ et 2 000 de D-, si le soleil est bien présent, cela ne sera pas facile.
Aujourd’hui j’ai atteins la 2ème marche de mon podium, hors de question que je manque la première à Monaco
A 20h30, je me mets un masque sur les yeux, des boules quiès dans les oreilles et me laisse attirer par les bras de Morphée
La vidéo de la journée, c’est ICI (1'40'')