2021-07-23 GR5-Via Alpina-Mercantour J23

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23 juillet

Au départ de l’Hospice Sant’Anna di Vinadio (2 019 m)

Via : Colle della Lombarda - Baisse de Levens - Passo d'Orgials - Rifugio Malinvern - Bivio

Une nouvelle fois, c’est la montre qui me réveille, il est 5h00. Etant seul dans une chambre, je prends une douche sans le souci du bruit. Ce matin c’est un petit déjeuner sous vide, sans café. Ma lessive d’hier est sèche, j’ai vraiment du mal à émerger ce matin, je prépare le sac encore un peu endormi. Je sors de cette ancienne bâtisse militaire réhabilitée en hospice, le ciel est bleu, la météo semble partie pour le beau, une bonne chose !

Après 1h15 de préparation, je prends la direction du col de Lombardie, en sortant de l’hospice, ça monte directement sur une petite route bitumée. Après 5 bonnes minutes, je me rends compte que mon sac est mal fermé, une fermeture est restée ouverte, en plus, je n’ai pas démarré ma montre, décidemment, je suis mal réveillé. La tête est encore dans les songes et le physique est certainement moins vif, moins rapide au fil des jours. Côté moral, ça va bien, Christine n’y est pas étrangère, je l’ai au téléphone tous les deux jours. Il me reste 5 jours, « ça devrait le faire », encore une belle étape demain, après je serai aspiré par l’arrivée. Je quitte cette petite route pour une sente, une mise en jambe progressive, je contourne le petit lac Sant’Anna, traverse quelques pierriers avant de sortir à un collet herbeux matérialisé par un cairn, j’ai déjà 300 m de dénivelé positif au compteur. Le soleil est là aussi, un très bel environnement, maintenant le sentier est vallonné avec une herbe rase, c’est très beau. Après le démarrage laborieux de ce matin, cela me met du baume au cœur. Je suis sur une crête, des bornes délimitent la frontière franco-italienne, d’ici j’ai droit à de beaux points de vue avec une météo au top. 

Sur ma droite, direction sud-ouest, un « tas de cailloux » prédomine. Etant à la latitude du Mont Ventoux, c’est peut-être lui, mais cela me paraît loin, je pense aussi au Mont Mounier qui culmine à plus de 2 800 m, une table d’orientation m’aurait bien aidé mais cela manque ici, dommage, je n’aurai pas la réponse ! Sur ma gauche, en Italie, la vallée de la Stura di Demonte est encore plongée dans la brume. Après 4 à 5 kilomètres, sur la crête, à cheval sur la frontière sur un sentier tranquille, j’arrive au Col de Lombardie à 2 351 m. Une route qui ne fait guère plus de 3 mètres de large traverse la frontière, les croisements de véhicules doivent être parfois compliqués. Ce col surplombe Isola 2000 et sépare les vallées de la Tinée dans les Alpes-Maritimes et la vallée de la Stura di Demonte, au Piémont. Ici, il y a une multitude de chemins qui convergent, résultat je jardine pour trouver la bonne trace. C’est à nouveau vers l’Italie que je me dirige, la descente est tranquille même si je traverse quelques pierriers où je dérange des marmottes. Elles se font entendre mais je ne les vois pas. Je retrouve la route bitumée du col sur 500 m avant de bifurquer dans la caillasse, ici, pas un brin d’herbe.

Cette fois, ça monte réellement ! Alors que cela fait une dizaine de minutes que je souffle, j’aperçois plus bas, un couple qui prend la même direction que moi, cela me motive. A chaque lacet, je jette un œil à mes arrières, ils vont un peu plus vite que moi, d’un pas constant et sans faire de micro-pause. Néanmoins, je me fixe quand même comme objectif d’arriver à la Passo d’Orgials à 2 600 m avant eux. Depuis la route, c’est juste 300 m de dénivelé, mais quel rythme ! Une fois l’objectif atteint, je me retourne, ils sont 20 mètres derrière moi. Arrivé au col, je suis accueilli par un vent assez fort, je descends de quelques mètres pour m’abriter car, enfiler la polaire, c’est poser le sac et je n’en ai pas forcément envie. Satisfait de cette montée, je m’accorde quelques minutes de pause. Le couple arrive, ils ont une quarantaine d’années, équipés d’un petit sac à dos, ils randonnent à la journée. Nous discutons un peu, nous nous prenons en photos puis, je les laisse partir devant dans la descente, elle est particulièrement technique. Je ne veux prendre aucun risque.

Mon nouvel objectif est le Refuge de Malinvern à 1 839 m d’altitude soit 760 m de dénivelé négatif. La descente est particulièrement raide et technique jusqu’au lac d’Orgials (2 291 m), heureusement car je suis moins rapide qu’à la montée ! Ici, je suis abrité du vent et aidé par la réverbération des roches, le soleil chauffe bien mes vieux os. Je fais de nombreux zigzags et finis par entrevoir tout en bas une grande bâtisse qui doit être le Refuge Malinvern. Momentanément, j’ai l’impression que le sentier tourne le dos à cette bâtisse mais, c’est pour décrire une grande courbe et rendre la descente moins raide, doucement je quitte le minéral et rentre dans l’ombre des majestueux mélèzes que je ne quitterais pas jusqu’au refuge.

J’y suis à 11h30, j’ai bien envie de faire une pause déjeuner car j’ai une petite faim. En terrasse, il y a 4 personnes. Je rentre dans le refuge et demande s’il est possible de manger, d’un air autoritaire, la gardienne, sans répondre à ma question me dit : « C’est à midi ! ». Je demande si je peux avoir quelque chose avant : « c’est pareil pour tout le monde » me dit-elle ! Midi, c’est dans 20 minutes, je prends malgré tout un coca et n’attends pas, j’aurais bien aimé une salade ou une omelette, mais l’accueil m’a refroidi ! Après, près de 760 m de dénivelé négatif pour arriver ici, dorénavant le même menu m’attend, mais cette fois, en positif pour rejoindre le Colletto di Valscura à 2 520 m d’altitude. Mon coca bu, je quitte sans regret cet endroit.

D’ici, la destination est visible, tout là-haut dans un « V », je passe sur une passerelle qui enjambe un torrent. Je change de rive et de versant puis, attaque un sentier raide qui monte au milieu des pâturages et de quelques mélèzes. Un peu énervé par la gardienne, j’adopte un bon rythme mais la sente est technique et il me faut 1 heure pour atteindre le lac Malinvern à 2 130 m pour juste 3 km et 300 m de D+. Ce lac n’est pas autrement que les autres, c’est juste magnifique. De l’autre côté du lac, c’est un beau ressaut qui m’attend, j’espère que le col est bien ce que je devine au loin. Je contourne le lac et rentre dans une partie minérale, particulièrement technique. Je double une personne qui, vraisemblablement est en balade. Je rencontre un couple d’Italiens mais l’échange est impossible, nous ne nous comprenons pas mais gardons le sourire. 2h30 après avoir quitté rapidement le Refuge Malinvern, je suis au Collet de Valscura à 2 520 m. Deux dames d’environ 60 ans arrivent sur le col en même temps que moi. Elles sont de la Vallée de la Vésubie, elles ont « la banane », elles se sauvent disent-elles, la vallée est en surchauffe ! Elles se font un we fraîcheur en bivouac. Nous faisons un échange traditionnel de photos et chacun descend de son côté. 

Du col, un très beau point de vue sur le nouveau vallon où un lac se détache dans un mélange d’ocre et de vert. Mon GPS me guide et je pars dans une succession de lacets qui me font vite perdre de l’altitude. Lorsque cela se calme, je suis à proximité du lac inférieur di Valscura. Je ne m’habitue pas à la beauté de ces lieux, c’est toujours magique, presque irréel ! Au bord du lac, un panneau indique le Refuge de Questa à 1 heure, une bonne nouvelle ! Voilà que ça remonte, pas longtemps, mais que c’est raide ! Je passe un éperon rocheux et là ! J’aperçois un chemin, en une fraction de seconde, j’ai l’impression d’être en Asie à quelques centaines de mètres de la muraille de Chine ! Je n’en crois pas mes yeux ! Je rentre dans un décor minéral, il y a bien ici ou là quelques brins d’herbes, mais vraiment rares. Je me rapproche de ce chemin de l’autre bout du monde. Plus je m’en approche, plus cela me semble imaginaire. Le chemin est bien large, il est réalisé par une juxtaposition de pierres en guise de pavés, aucun joint totalement bluffant ! C’est tellement bien réalisé que l’on pourrait circuler en voiture, aucun « nid de poule », c’est incroyable ! C’est une véritable œuvre d’art qui est le travail des militaires.

Il faut vraiment le voir pour le croire ! Je quitte ce chemin en lacets et longe plusieurs lacs dont le lac del clauss à 2 344 m, point central d’un cirque de montagne, les photographes se régaleraient avec cette lumière, toujours aussi belle. Ici, on m’annonce 20 minutes, pourtant le refuge n’est toujours pas en vue ! Depuis le collet de Valscura, je « longe » la frontière Franco-italienne, qui est au-delà de la barrière montagneuse à environ 1 kilomètre à vol d’oiseau. Je continue tranquillement et, au détour d’un gros rocher, légèrement en contrebas, le refuge de Questa surplombant le magnifique lac del Portette. Ouf ! Content d’être arrivé

Je suis accueilli par le gardien, un italien parfaitement francophone, le top ! Le refuge dispose de 30 couchages sur 2 niveaux. Autour du refuge, il y a un wc et aussi un lavabo en guise de salle de bain avec une splendide vue. Il y a aussi  3 petits chalets, 3 m * 3 m, ils sont destinés à la location pour dormir la tête dans les étoiles sans aucune pollution lumineuse car, ils ont un toit transparent. Il y a des documents qui témoignent des lieux, ce refuge est une ancienne petite bâtisse militaire transformée en 1925 en refuge, un vrai refuge de montagne. Après avoir mangé un sandwich, le gardien m’emmène au dortoir mais avant cela, il prend mon sac. Je comprends vite pourquoi ! Pour accéder au dortoir, c’est par une échelle droite terminant par une trappe de 50 centimètres de côté, il faut donc avoir l’habitude surtout avec un sac à dos. Une fois la trappe passée, il y a un dortoir de 5 couchages de chaque côté. En fait, je suis sous le toit, dans les combles ! Je me pose 30 minutes puis je redescends. Dans l’entrefait, d’autres randonneurs sont arrivés, des italiens et des français.

De la terrasse, une grande bâtisse est visible tout au fond de la vallée, d’ici, elle est toute petite. C’est l’ancienne maison de chasse de la famille royale Savoie avec le roi Vittorio Emmanuele II en 1857 (roi du Piémont-Sardaigne, prince de Piémont et comte de Nice de 1849 à 1861. Avec l'unification italienne, il est roi d'Italie du 17 mars 1861 à sa mort).

A 19 heures, le gardien nous invite à rentrer pour le repas, il y a 4 tables d’occupées, 2 tables italiennes et 2 françaises, un placement du gardien pour faciliter les échanges. A ma table, un couple de jeune qui font le Tour du grand Mercantour en mixte, tente et refuge et 2 copains du coin (25 ans) qui randonnent en tente sur le we (J’en déduis que c’est le we, car la notion des jours est très lointaine !!), ils voyagent en hyper léger, l’un des deux randonne en caleçon. Le week-end étant annoncé beau, ils sont en tente mais sans le toit, juste la moustiquaire. Ils mangent juste au refuge. Des jeunes qui ont déjà une belle expérience de randonnées. En fin de repas, j’apprends que sur l’autre table francophone, un groupe de français fait aussi la Via Alpina en suivant les mêmes infos que moi du blog de la Via Alpina mais du sud vers le nord. La différence, hormis le sens, est qu’ils font les étapes prévues sur le blog. De mon côté, mes étapes sont souvent doublées car, je souhaitais faire cela de manière un peu sportive mais aussi, remplir mes journées et boucler cela dans le mois.

Après un bon repas et une excellente soirée, vers 22 heures, tout le monde quitte la salle à manger en direction des tentes ou comme moi, en direction des dortoirs. Voilà ¼ d’heure que j’y suis, personne ne vient, j’en conclus que je serai seul. Avec la fatigue, pas besoin de personne pour me bercer.

La vidéo de la journée, c’est ICI (4'19'')

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