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Jean VRP de la montagne
2 juillet 2016

GR20-GR5 Du sud au nord. J16-J17

Mon voyage au travers de la Corse et des Alpes

Topo 2 – Le GR5 Sud/Nord, de Nice à Larche

A la fin du récit de chaque Jour vous trouverez les liens pour photos et vidéos.

Revenir sur J14 à J15

Vendredi 01 juillet :

Jour 16 : St Dalmas Valdeblore (1290 m) à la Vacherie de Roure (1883 m) Via : La Bolline – Rimplas – St Sauveur sur Tinée – Roure – Rougios – Vacherie de Roure

D+ : 1573 m - D- : 980 m - Altitude Max : 1883 m - Altitude Min : 496 m 

Aspremont, Ste Claire, Levens, Chapelle St Antoine, Col Castel Gineste, Brèche du Brec, Col de Gratteloup, Col des Fournès, Col d’Andrion, Collet des Trous, Baisse de la Combe, Le Perthus, Col des deux Caires, Col du Varaire, La Bolline, Rimplas, St Sauveur sur Tinée, Roure, Rougios, Vacherie de Roure, Portes de Longon, Col de Moulines, Col de Crousette, Col de Blainon, Auron, St Etienne de Tinée, Col d’Anelle, Col de la Colombière, Bousiéyas, Col des Fourches, Pas de la Cavale, Lac du Lauzanier, Pont Rouge, GR5
Un départ sous le soleil

Ce matin, cela aurait pu être grasse matinée, car nous devons avoir un colis à St Sauveur sur Tinée à 14H00 à 3 heures d’ici mais nous ne connaissons pas cette pratique et notre rythme est imprimé, nous nous levons au lever du soleil. Cela permet de laisser sécher la tente au soleil avant de la replier l’humidité au sol était importante. L’orage d’hier a fait dégringoler les températures et, ce matin, malgré un beau et grand soleil, il fait frais. Jusque La Bolline (995 m), effectivement ce n’est pas fantastique, entre petite route et chemin en parallèle de la départementale, le gérant du camping nous avait prévenus. Il n’y a rien de captivant mais cela fait partie du GR5, nous redescendons jusqu’au Planet une petite remontée de 200 m de D+ (dénivelé positif) pour rejoindre Rimplas (1 016 m) pour 500 m de (D-) dénivelé négatif pour rejoindre St Sauveur sur Tinée. Cette descente est vraiment très cool, un chemin sympa dans un environnement pourpre égayé par des châtaigneraies implantées dans des cultures étagées soutenues par des murets habilement assemblés, appelés ici, restanques. Nous descendons tranquillement et arrivons de bonne heure à St Sauveur sur Tinée (496 m), il est 12H30. Pour attendre l’ouverture de la poste, nous faisons quelques achats, pain, fromage et saucisson, quant au gaz, toujours rien, il y en a mais rien de compatible avec le nôtre (d’ailleurs je m’étais équipé de ce modèle car « c’était le plus répandu », dixit le vendeur !!). Qu’importe ! pour l’instant rien de grave en soi et je ne peux même pas m’en faire livrer par colis L. Philou étant un peu fatigué, nous décidons de nous rendre dans un bar, il est « d’époque », il est peut-être même possible que le film Marius de Marcel Pagnol ait été tourné ici même.

 

Le rythme est bon ce matin

Nous commandons un méga sandwich accompagné d’une bonne bière. Nous nous régalons, alors que nous nous léchons les babines, Philou me dit : « Je n’irai pas plus loin, je suis fatigué ». En une fraction de seconde, tout s’écroule autour de moi, j’avoue que j’ai « la haine ». Cela fait 1 an que nous avons projeté cette rando ensemble. Nous sommes à 1 mois de son 1er août, lui qui voulait faire « une vraie aventure, à la dure » selon ses propres mots et, au bout de 2 semaines, plus de bonhomme. Il n’y a rien de gratuit dans la vie, il faut donner de soi. Si l’on veut quelque chose, il faut le mériter, le conquérir. Oui Philou était fatigué, mais il était plus préoccupé par autre chose que par notre aventure, il n’avait plus envie. La question de se reposer un jour ou deux n’a même pas été évoquée, et celle de mon devenir non plus. Philou avait décidé d’abandonner, de m’abandonner, comme un enfant qui veut changer de jouet, je me trouvais bien dans la « m…. ».

Pourtant, nous avions parlé que la chute de l’un entraînerait inévitablement la chute de l’autre. Et moi dans tout cela, dois-je laisser tomber, dois-je arrêter, dois-je suivre Philou ? Et bien NON, je le refuse. Fatigué je le suis aussi, mais l’envie est toujours là. Lorsque des personnes disent : « ça ne marchera pas », ce ne sont qu’uniquement des personnes qui nous jalousent, qui nous envient et qui n’ont aucune ambition.

Maintenant, la principale préoccupation de Philou est de rejoindre Nice par autocar pour un avion pour Nantes, maintenant c’est sûr, il sera rentré avant le 1er août, je pense qu’il a déjà tourné la page.

 

De nouveaux décors

Dès le départ du projet, Philou m’avait donné carte blanche, je ne prenais aucune décision d’importance sans son aval, tout avait été décidé ensemble d’une seule et unique voix et là, sans aucune discussion préalable, le couperet est tombé et j’avoue être tombé de haut, ce n’était pas dans la logique des choses. J’ai tout fait pour que tout se passe bien et je n’ai jamais forcé Philou à quoi que ce soit, j’ai été patient en Corse pour qu’il en sorte gagnant (c’était son projet initial), cela m’a « coûté » de ne pas profiter des magnifiques vasques rafraîchissantes. Oui, je me suis rendu compte que Philou n’était pas à l’aise  sur le caillou de méditerranée et je m’en suis préoccupé, il a eu un accompagnement personnalisé. Dès le 3ème jour il est arrivé au refuge d’Usciolu fatigué physiquement mais aussi fatigué par le stress généré par le vertige. Les fins d’étapes étaient parfois difficiles mais c’est pour tout le monde pareil. Le matin, nous repartions, le cœur joyeux, très heureux de notre sort conscient que peu de gens ont la chance de vivre de telles expériences. Peut-être, obnubilé par le succès de cette randonnée qui me tenait tant à cœur, j’en ai fait et demandé peut-être de trop, je ne sais pas. Je n’aurai probablement jamais la réponse.

Ne voulant pas que la situation s’envenime plus et ne voulant pas être désagréable, nous partons à la poste attendre les dernières minutes avant l’ouverture de celle-ci. Dès la réception de mon colis je ressors de la poste et je m’étale, je vide mon sac (à dos) ainsi que mon colis. Je demande à Philou de me donner la bâche de la tente, le reste de la partie commune je l’ai déjà. Je charge mon sac par ordre de priorité, le colis reçu par Christine prévu pour 6 jours rentre dans le sac au « chausse pied », je laisse quelques nourritures plaisirs à Philou, je ferme mon sac difficilement et encore plus difficilement je le hisse sur mes épaules, les 25 kg doivent être atteints, mes épaules sont laminées. Mon silence est proportionnel au ressentiment de la situation.

 

Aie !!

Sans me retourner, je quitte St Sauveur sur Tinée, amer, après avoir passé des moments de complicité merveilleux avec Philou, dégoûté de la fin de ce duo que nous formions, il faut que moi aussi, je tourne la page. Lui qui disait : « Nous partirons en ami et reviendrons en ami », ne facilite pas la situation. Chargé comme un forcené, je me dirige vers la Vacherie de Roure. Le topo indique environ 12 km et 1 400 m de D+, temps estimé sur le topo, 5 heures. La montée est rude, voire très rude le poids du sac a un gros impact sur mon rythme. En plus des épaules, j’ai le souffle coupé mais je ne lâche rien, je fais une pause à Roure (1096 m), très beau village perché avec un lavoir très rafraichissant. Je positive et fais quelques photos, courbe l’échine et reprends mon bâton de pèlerin. Je ne traîne pas cela fait, à peine 1 heure que j’ai quitté St Sauveur sur Tinée mais j’ai « gravi » 300 m de D+. Dans ma tête, je me chante une chanson de Johnny Hallyday, l’Envie (paroles), je serre les dents et ne « lâche » rien. Le temps s’assombrit, raison de plus pour mordre le mors.

 

Roure

Je quitte Roure par la route forestière de la Fracha surplombant toujours les gorges de la Tinée. Au fur et à mesure que je grimpe, les sapins cèdent la place aux mélèzes qui me caressent à mon passage, cela me fait grand bien. J’arrive dans une partie rocailleuse Rougios (1 467 m), j’ai une très bonne vue sur le ciel et rien de bon s’annonce, je continue à avancer et j’entre à nouveau en sous-bois, il me reste environ 400 m de D+, j’ai l’impression de piétiner. Une image me traverse la tête, une banderole vue lors d’un trail en Vallée de Chamonix : « Ne crains pas d’être lent, crains seulement d’être à l’arrêt », alors je m’emploie à mettre un pied devant l’autre et cela finit par payer, le terrain s’aplanit, je sors des mélèzes, « sautille » de rocher en rocher pour traverser un ruisseau et rentre dans l’alpage de Longon, il y a de nombreux moutons, vaches et chèvres. Sous un ciel gris anthracite avec des éclairs menaçants, j’arrive à la Vacherie de Roure (1 883 m), il est 19H00. Malgré la charge, je n’aurai mis que 04H30 (les temps des topos sont vraiment larges). S’il y avait un endroit où Philou devait abandonner, c’est bien au bas de cette montagne, je n’ose imaginer comment cette montée se serait passée, hormis à Rougios et Roure, aucun bivouac n’était possible depuis St Sauveur sur Tinée et aucun abri de fortune, pour ma part, je vais enfin pouvoir planter ma tente et me poser.

 

L'Alpage de Longon

Je me renseigne auprès du refuge et là, on m’annonce : « Si vous souhaitez planter la tente, il vous faut marcher environ 1 heure pour être à l’écart des troupeaux et être tranquille ». Avec cette annonce, quelques gouttes de pluie commencent à tomber, je suis épuisé, je demande s’il y a possibilité de couchage on me dit qu’il reste une place en demi-pension et que le repas est à 19H30, j’accepte !

Je prends une douche régénératrice, dès que je fais des mouvements « de contorsion » dans la douche, les épaules et le dos se font sentir. Lorsque je réapparais, 4 couples sont présents, les présentations se font autour d’un apéro qui nous est proposé, un verre de rosé accompagné par de la socca (spécialité Niçoise). Les 4 couples randonnent ensemble, ils vont vers le sud. L’apéro se faisant à l’extérieur, il ne dure pas très longtemps, la pluie venant troubler la fête. Une fois rentrés, nous passons directement à table où nous attend un beau plat de pâtes bolognaises, je me délecte, les randonneurs sont sympas, un peu bruyants, certainement l’air de la montagne et le vin qu’ils ont l’air d’apprécier. Après les pâtes le fromage, et quel plateau ! De la tomme de Roure, fromage de chèvre et autres, uniquement de la fabrication maison. Pour terminer ce festin, une  mousse au chocolat, sur ce point et uniquement sur ce point, celle de Mémé était bien meilleure (Mémé était le pseudo affectueux de ma Maman).

 

Un bel accueil

Ce refuge est géré par un couple d’éleveurs-fromagers, ils ont 2 filles de 8 et 11 ans. Ils vivent quasi en autarcie, les enfants ne vont pas à l’école, c’est la maman qui gère leur scolarité. Les 2 filles ont la charge du dortoir. Certes le dortoir d’un refuge c’est rudimentaire, mais il est propre, rien à dire. Le soir c’est elles qui servent et desservent les tables des randonneurs avec un grand sourire. Le papa, nous ne le verrons pas, il est parti la nuit précédente à 03h du matin avec 5 ânes de bât pour faire le plein de victuailles, ce week-end, ils sont complets. La soirée se déroule à merveille avec des rires qui me font un grand bien. Nous quittons la table pour le dortoir. Il me faudra quelques minutes pour m’enfiler dans mon duvet. Quant aux autres, il leur faudra bien 30 à 40 minutes à chercher je ne sais quoi dans leur sac à dos en balayant le dortoir avec des frontales surpuissantes. Mes paupières finissent par tomber, dehors l’orage se fait entendre, amplifié par l’écho des montagnes environnantes.

Pour le Jour 16, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (2'30'')

 

Samedi 02 juillet :

Jour 17 : Vacherie de Roure (1883 m) à Roya (1500 m) Via : Portes de Longon – Col de Moulines – Col de Crousette

D+ : 729 m - D- : 1112 m - Altitude Max : - 2480 m - Altitude Min : 1500 m

 

Aspremont, Ste Claire, Levens, Chapelle St Antoine, Col Castel Gineste, Brèche du Brec, Col de Gratteloup, Col des Fournès, Col d’Andrion, Collet des Trous, Baisse de la Combe, Le Perthus, Col des deux Caires, Col du Varaire, La Bolline, Rimplas, St Sauveur sur Tinée, Roure, Rougios, Vacherie de Roure, Portes de Longon, Col de Moulines, Col de Crousette, Col de Blainon, Auron, St Etienne de Tinée, Col d’Anelle, Col de la Colombière, Bousiéyas, Col des Fourches, Pas de la Cavale, Lac du Lauzanier, Pont Rouge, GR5
Refuge de Longon

Ce matin, j’ai du mal à « décoller », je suis cassé de partout, l’effort fourni hier après midi se ressent. Même si pendant la nuit, les bruits ronronnants n’ont pas cessé, elle a été réparatrice. Ce matin, je souhaitais récupérer un peu plus qu’habituellement mais à 5 heures, ils ont recommencé à trifouiller dans leur sac à dos, donc plus moyen de dormir, pire, cela commençait à m’énerver. Hier je les trouvais bien sympas, ce matin après une nuit et un réveil quelque peu agité, beaucoup moins.

A 6h00, je suis au petit déjeuner dans la partie privée du refuge, c’est impressionnant, je viens de sauter de 2 générations en arrière, incroyable, du sol au plafond, tout est d’époque, lorsque je vais me chercher un café dans une pièce accolée, même décor, plutôt même réalité. Je trouve cela « magnifique » parce que je suis de passage mais y vivre en permanence, je me pose la question. Le petit déjeuner est excellent avec différentes confitures maison, un régal. A 06H30, je suis d’attaque, motivé à avancer mais lorsque j’ai voulu mettre mon sac sur le dos, d’un seul coup, mon ardeur est tombée. Je m’y suis repris à deux reprises pour l’installer, j’ai la chance d’avoir un grand ciel bleu dans un alpage magnifique pour me booster après avoir fait quelques dizaines de mètres, je m’arrête et me retourne une dernière fois.

Un bel alpage d'altitude (1 900 m)

Je ne suis pas sur un chemin, je suis dans un alpage, des pâturages immenses où paissent des vaches, je suis seul au beau milieu, je suis bien, j’avance tranquillement. J’aimerais un jour connaître une transhumance sur ces terres, lorsque les bêtes après plusieurs mois à l’étable, retrouvent la « liberté » et les verts pâturages. Je profite de cet endroit calme où l’on entend ici ou là une marmotte dans le lointain pour faire une vidéo en rapport avec ma journée d’hier qui, malgré tout, m’obsède. Alors que je suis en train de filmer, plusieurs chiens de berger, des patous, arrivent sur moi en courant et en aboyant. J’avoue que voir 4 molosses d’une cinquantaine de kilos la gueule ouverte n’est pas très rassurant, j’arrête ma vidéo et j’évite tout mouvement qui pourrait être traduit par ces « beaux » patous comme un geste d’agressivité. Je ne m’arrête pas, pourtant il y en a un qui reste devant moi, à chaque pas, il recule en aboyant et je ne suis pas trop rassuré. A une centaine de mètres j’aperçois un enclos avec un troupeau de moutons, 5 patous les accompagnent, les loups n’ont qu’à bien se tenir. En attendant, moi je me tiens bien, d’ailleurs je contourne l’enclos à une bonne distance, 2 patous m’accompagnent puis retournent auprès des leurs. Je viens de franchir les Portes de Longon (1 952 m). Je reprends et termine ma vidéo, j’en enchaîne une seconde pour Christine. Je passe à proximité du hameau de Vignols avant de remonter au Col de Moulines (1 982 m) puis, je prends la direction du Col de Crousette (2 480 m) soit 600 m de D+. A cette altitude, plus aucun arbre, ni sapin, ni mélèze, uniquement de l’herbe, de l’herbe bien verte broutée par les animaux en cette saison estivale. A ma droite le Mt Mounier (2 817 m) et au loin, si je ne fais pas d’erreur, le Brec du Chambeyron qui s’impose à 3 389 m. Je profite de ce beau panorama pour une pause.

 

Aujourd’hui, je ne me suis pas fixé un réel objectif, je n’ai pas encore réfléchi à la nouvelle gestion imposée suite à l’arrêt de Philou, je m’offre un second petit déjeuner, quel plaisir, je savoure, de plus, tout ce qui est consommé de mon sac n’est plus à porter, alors j’en profite. C’est la première journée que je randonne seul, jamais je n’ai fait de projet d’une rando de plusieurs jours seul, peur d’être seul, peur de m’ennuyer, peur d’avoir peur, c’est complètement absurde mais c’est comme ça. Aujourd’hui, je le vis, par la force des choses, pour l’instant, je le vis bien. A cet instant, hormis mes épaules, la tête et le corps vont bien, demain, je verrai, de toute manière ce sera un jour à la fois, tant que je n’ai pas les pieds dans le lac Léman rien n’est gagné. Allez ! Fini de rêver, il me faut repartir. 

Pour rejoindre Roya, 980 m de D- m’attendent, en montagne, le plus traumatisant est la descente, les chevilles, les genoux, le dos, sont les premières victimes et quand une charge de plus de 20 kg vous écrase les épaules, il faut être prudent, je descends donc sereinement. Dès que les passages techniques s’estompent, je lève la tête pour regarder, au près comme au loin, à la recherche du petit plus que l’on peut découvrir uniquement dans ces contrées lointaines. Tout vient à point à qui sait attendre, après avoir entendu des marmottes avant que les patous ne les fassent se cacher dans leur terrier, voici 3 vautours d’une envergure exceptionnelle qui profitent d’une aérologie favorable pour un balai aérien ascendant au son d’un concert de sifflements de marmottes, de toute beauté. Quelques minutes plus tard, ils se posent sur un petit promontoire que je contourne pour essayer de les approcher, mais ils sont bien plus malins que moi, et s’échappent bien avant que je puisse les approcher. Je repars et me dirige vers la Stèle Valette (2 587 m), 5 trailers en entraînement me doublent, ils ont un immense terrain de jeu du technique et du dénivelé, quoi de mieux pour un trailer. A la Stèle Valette, un nouveau point de vue s’offre à moi, j’ai la possibilité d’accéder au Mont Mounier qui culmine à 2 817 m mais je dois garder mes forces, je ne sais pas de quoi demain sera fait. Je quitte cette position chèrement acquise lors de la guerre 39-45 pour le Col de Crousette (2 480 m), que je distingue plus bas. Une descente peu technique me permet de chercher après mes 3 vautours observés peu avant. Ici que de la roche, pas d’arbre, arbrisseau et même de pelouse alpine, que de la rocaille, du minéral sur des kilomètres à la ronde, je croise à nouveau un randonneur au col, un peu d’air arrive de la vallée, cela semble bon.

 

Je me sens tout petit

Je continue la descente en direction de Roya (1 500 m) dans ce décor lunaire, après 1 heure de marche, au loin dans le ciel, j’aperçois à nouveau des vautours, peut-être aurai-je l’occasion de les voir de près s’ils venaient à se poser. Je continue ma balade tout en réfléchissant à mon futur proche, je reste serein, il y a des situations bien plus difficiles que la mienne alors je profite de l’instant présent. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que je retrouve mes vautours. A moins de 100 mètres, de l’autre côté d’un petit canyon que je longe, un vautour dépèce une proie et un second qui est un peu en recul, le regarde, je suis « scotché », c’est une première pour moi de voir une telle scène en milieu naturel. J’essaie de filmer mais le résultat est nul, je suis trop loin et je ne sais pas m’approcher. Après quelques minutes, je reprends mon chemin tout en regardant le festin de ces oiseaux, je passe à coté d’un abri de berger et d’un enclos où une cinquantaine de chèvres résident. Je suis tellement obsédé par cette scène que je m’égare doucement du chemin et je me retrouve au milieu d’un « champ » d’orties de 1,50 m, vu la bonne santé de cette plante, probablement l’ancien enclos des chèvres qui a favorisé cette « pépinière », une des rares plantes dans le vallon, c’est un vrai labyrinthe, j’utilise mes bâtons pour éviter les piqûres déplaisantes. A un endroit un petit peu plus large, je profite pour poser le sac pour enfiler un pantalon et me couvrir les bras. Je continue à marcher face à moi, au jugé, il me faudra encore 10 minutes pour me sortir de cet espace inhospitalier et retrouver le sentier une dizaine de mètres plus bas. Je relève la tête, me remets en tenue d’été et recherche mes vautours et là, surprise.

 

Je les compte, ce n’est pas 2, ni 3, ce sont 12 vautours qui sont à proximité de la proie, peut-être un mouton ou une chèvre, mais cela a l’air d’une grosse bête. 1 seul vautour festoie, 2 autres sont un peu en arrière, les 9 autres sont sur un petit monticule un peu plus loin. Voici les renseignements pris au refuge à mon arrivée à Roya à ce propos : « On observe qu’une certaine hiérarchie est établie lors des curées. Les adultes sont les premiers à avoir accès à la carcasse. Viennent ensuite les « subadultes » puis les immatures. Il n’y a pas par contre de hiérarchie au sien des adultes et autres groupes. Le premier arrivé est le premier servi. En période de disette, un immature peut évincer un adulte. Ensuite, c’est chacun pour soi ! ». Je reste ébahi devant cette scène. A chaque fois qu’un vautour cherche à se rapprocher de la proie, celui qui y est présent se jette dessus toutes griffes dehors, il repart donc avec ses congénères sur son monticule en attendant son tour.

Voilà 30 minutes que je les observe, je serai bien resté encore un peu mais il faut bien continuer ma route. Il me faudra encore une bonne heure pour arriver au refuge du hameau de Roya (1 500 m), le temps change doucement, je crois que ce soir je vais avoir droit à l’orage. Content, content d’être arrivé, le refuge a été établi dans l’ancienne école, il est très bien restauré, la dame qui m’accueille me propose de me poser avant de planter la tente, poser le sac surtout, comme hier, j’ai le dos et les épaules en compote. Je m’exécute, je mange une barre de céréales en commençant, comme (presque) chaque jour par ma prise de notes qui me permettra de faire un compte rendu à postériori. Je n’ai pas le temps de le terminer, l’orage s’est invité, il a une violence inouï, je me réfugie dans la salle hors sac et regarde ce déchaînement de vent et de pluie par la fenêtre, et cela, semble-t-il est parti pour durer. La question qui se pose est, quand vais-je pouvoir planter, la tente, j’ai bien repéré un coin sympa, mais sera-t-il encore exploitable après un orage pareil.

 

Une seconde question m’interpelle, durant cette journée, j’ai réfléchi comment pouvoir continuer cette randonnée dans de bonnes conditions et profiter pleinement de ce séjour. Mon sac est devenu trop lourd, lorsque je récupère mon colis, l’ajout de la nourriture et le plein d’eau, font que mon sac dépasse les 20 kg, sans compter qu’aujourd’hui, je n’ai toujours pas trouvé de gaz. Monter la tente seul ne me pose aucun problème, la plier convenablement pour qu’elle prenne un minimum de place, c’est autre chose et je ne peux m’appuyer sur une aide quelconque, depuis Nice, je suis le seul campeur et il me reste environ 30 fois cette opération à faire. Je prends donc la décision de ne plus bivouaquer, je dormirai en refuge, je garderai malgré tout mon duvet au cas où je devrais me réfugier dans une bergerie ou autre. Je consulte mon topo pour trouver une poste, il n’y a rien d’indiqué. Renseignements pris, il y a une poste à St Etienne sur Tinée, mais  demain, c’est dimanche, donc la poste suivante accessible sera, Larche à 3 jours d’ici. Si j’ai la forme et que la météo ne se dégrade pas, je vais doubler l’étape, le but, prendre un nouveau départ. Cela peut paraître bizarre, mais je suis content, content d’avoir entériné ma décision, cela me polluait l’esprit. Ce n’est pas ce que je souhaitais, chaque jour je pense à Philou à un moment ou à un autre de la journée, un jour de plus, il aurait peut-être passé un cap supplémentaire et aurait pu découvrir avec moi toute cette fabuleuse nature, sans aucun doute,  il a manqué quelque chose.

 

La Roya

Je reprends mon compte rendu et j’y inscris tout ce qui me passe par la tête, puis je sors mes lyophilisés et profite du gaz de la salle hors sac, je mange presque avec gourmandise, une fois rassasié, je prends possession de mon couchage. Ma voisine est une Néo Zélandaise d’une quarantaine d’années, elle fait le GR5 seule, elle à un sac minimaliste dans lequel il y a : un sac à viande, un fruit, une barre de céréales et 1 litre d’eau. Elle double, parfois triple les étapes. Au petit matin, le jour est à peine levé, ma voisine s’est déjà envolée, une sacrée sportive !

Pour le Jour 17, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (7'00'')

La suite, c’est ICI

 

Les liens dans ce compte rendu : La chanson de J Hallyday, l’Envie (paroles), our le Jour 16, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (2'30''), Pour le Jour 17, les photos, c'est ICI et la vidéo, c'est là (7'00''), La suite, c’est ICI

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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