Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jean VRP de la montagne
4 septembre 2019

2019-07-28 Trail des Fiz 8 Refuges

Trail des Fiz 8 Refuges

Si vous souhaitez commencer par regarder la vidéo, elle est visible à la fin de ce compte rendu.

Toujours avec en point de mire l’UTAT, l’aventure continue

Après la Glandass Trail, que s’est-il passé ??

Etant saisonnier à Pralognan la Vanoise, Maxime, a poussé la chansonnette en participant à l’Aravis Alpi Trail en duo : 35 km et 2 800 m D+ en 07H00. Cela lui a permis de passer le cap des 20 000 m de D+ en juin. Dénivelé qu’il égalera presque en juillet, impressionnant !

Yves, mon binôme d’escalade, voulant participer à l’UTAT et qui avait arrêté à la Glandass à cause d’un manque flagrant d’entraînement s’est relancé sur les Passerelles de Monteynard : 65 km et 3 300 m D+ en 10H26, ce qui lui donne le droit de se joindre à nous au Maroc, j’en suis très heureux

20190728_045425 (1)

Pourquoi Le Tour des Fiz ?

En fait, je me suis « laissé entraîner » par la bonne humeur d’Alex au retour du ski, me retrouver avec une bande de gais lurons avant et après la course c’est toujours tentant ! Pendant c’est souvent autre chose. Les inscriptions étant complètes, je me suis donc retrouvé second sur la liste d’attente, mais mon inscription fut validée sous quinzaine.

Ayant déjà parcouru quelques secteurs des Fiz, je retiens un début d’étape avec Christine entre le Refuge de Moëde Anterne et le Refuge de la Pierre à Bérard via le Col de Salenton où la Chaîne des Fiz était « en feu » avec le lever du soleil, mais aussi un arrière plan bleu nuit annonciateur d’orage que nous « dégusterons » plus tard, mais cela restera une journée exceptionnelle. Mais je n’oublie rien des passages magnifiques que j’espère revoir et revivre.

D’une manière générale, je consulte les caractéristiques de la course avant toute inscription mais là, pris d’une certaine euphorie, je ne m’en suis pas préoccupé. Pour moi, avec l’UTAT à l’horizon, cette course rentrait bien dans ma préparation avec un bon ratio km/D+. La semaine précédant ce week-end, j’ai regardé le site : tracé, dénivelé, barrières horaires et autres. A partir de cet instant l’euphorie du départ proche s’est quelque peu atténuée. En effet, les résultats des 3 dernières années montrent que les premiers terminent l’épreuve en, environ 8 heures alors que moi, je mets en moyenne, un peu plus que le double du premier, même si cela reste totalement théorique. Le temps de course maximum est fixé à 16 heures. Pour enfoncer le clou, en détaillant les résultats, ces 3 dernières années, il y a eu 2, 4 et 3 finishers en V3 !

La pression monte d’un cran 

Le Trail des Fiz, c’est la tête dans les nuages

20190726_185345 (1)

 

Qui n’a pas rêvé de faire de la randonnée dans une réserve naturelle et d’autant plus à l’entrée de la vallée de Chamonix avec en toile de fond, le Mont Blanc ? Eh bien nous, nous étions 6 du LNA à avoir cette chance, un trail avec la tête dans les nuages, le rêve !

Malheureusement, cette expression peut être trompeuse car nous avons eu la tête dans des millions de gouttelettes d’eau ! Des nuages quoi !! Et cela accompagné d’une pluie quasi continuelle ! Résultat, nous n’avons quasiment rien vu. Rien vu de la faune. Rien vu de la flore, courbée sous le poids de ces gouttelettes d’eau. Rien vu des vallées et vallons. Par contre, nous avons été comblés par de très nombreuses cascades et des torrents en furie.

Nous voilà donc partis en direction de Passy pour retrouver le reste de l’équipe LNA. Frédéric et Romain seront sur le Trail des 5 Refuges (30 km et 2 300 m D+). Karine, Alexandre et moi sur le Trail des 8 Refuges (61 km et 5 000 m D+). Jean-François nous accompagne n’ayant pu obtenir un dossard sur le 30 km, il espère le faire en off. Quant à Jackie, il devait aussi être présent sur le 60 km, mais un empêchement familial ne lui a  pas permis de nous accompagner.

Une fois installés dans notre logement, face à l’Aiguille de Varan, nous allons à la rencontre de la « Vieque family » installée au camping du Lac de Passy. Hormis Karine, tous sont là, visiblement heureux, pour l’instant le soleil brille même si les prévisions ne sont pas très optimistes. Nous nous fixons rendez-vous pour le retrait des dossards le lendemain.

Le dossard rend euphorique !Le lendemain matin, nous allons nous « imprégner » des 100 premiers et derniers mètres de ce trail à Plaine Joux. Nous en profitons de regarder le décollage de quelques parapentes avec une magnifique vue sur Passy, le Mont Blanc étant un peu caché par des nuages, puis allons (re)voir le Lac Vert. L’après midi, comme prévu, nous nous retrouvons au retrait des dossards. Pendant que chacun obtient son sésame, Jean-François arrive à obtenir un dossard sur le 30 km, nous sommes euphoriques, principalement les novices, pressés d’en découdre. Karine en profite pour se faire poser des bandes aux genoux par la méthode de kiné-siotaping. Le Kilomètre Vertical et la course des enfants ont été annulés, la cause, la météo ! Nous rentrons au gite préparer nos sacs de courses (et chasser les mouches pour Alex et Jean-François). Dehors, la pluie redouble, cela promet. Pour ma part, je me sens bien, je me sens prêt malgré toujours mes problèmes de nez bouché qui me complique la respiration. Cela fait plus de 50 ans que l’on opère à cœur ouvert mais, les différents médecins consultés n’ont toujours pas trouvé une solution à mes soucis ! 

 

02H30 : St Gervais

Le réveil nous sort de notre sommeil, nous prenons notre petit déjeuner et partons chercher Karine avant de nous rendre à Plaine Joux. Christine fait quelques photos puis nous laisse pour un mini briefing où l’on apprendra que le ravitaillement de Moëde Anterne est supprimé, le sentier a été partiellement emporté par les pluies torrentielles de la nuit.

 

Km 0 – 0 D+ Plaine Joux (Alt 1 350 m) 05H00 :

Au départ : Karine, Christine, Alex, Jean

Le starter nous lâche, Alex s’envole, Karine et moi partons plus prudemment. Le parcours détaillé sur Trace de Trail

 

Km 8 – 300 D+ Coudray (Alt 1 100 m) 06H10 :

Christine est là pour nous encourager, nous avons fait peu de dénivelé, mais, sa présence nous motive et c’est toujours agréable de la voir.

 Le jour se lève, il semblerait que la pluie s’estompe, j’enlève ma veste et sors les bâtons. Nous devrions nous revoir à Salvigny (Sixt Fer à Cheval), de l’autre côté de la montagne, côté Samoëns, dans 5 heures environ, en attendant, direction le premier refuge, le Refuge de Varan.

 

Km 11- 850 D+ Refuge de Varan (Alt 1 620 m) 06H52 – 269ème

Avec Karine au Refuge de Varan

Je reconnais bien ces lieux, avec Christine, nous avons dormi à deux reprises, lors de randonnées face au Mont Blanc, de très beaux souvenirs. Alex est passé il y a 20 mn, Karine me précède de quelques minutes, elle est plus efficace en montée et elle dégage un large sourire, elle est épanouie dans cet environnement. Il n’y a pas à dire, la pesanteur a plus d’effet sur moi que sur elle. Nous faisons un selfie puis je remets ma veste de pluie car la pluie revient et le ciel n’annonce rien de bon. Je repars avant Karine en direction du Refuge de Platé. Au Km 14, les trailers du 30 km nous rejoignent pour la partie commune. Des crampes aux quadris s’annoncent, je lève le pied et je bois abondamment, cette météo ne favorise pas une grande hydratation. Une fois n’est pas coutume, Karine me double dans la montée, mais je ne me démotive pas.

 

07H30 Départ Trail des 5 Refuges de Plaine Joux (Alt 1 350 m) :

30 km et 2 300 m de D+, une première pour Frédéric, Jean-François et Romain

 

Km 16 - 1 600 D+ Refuge de Platé (Alt 2 032 m) 08H30 :

J’arrive au Refuge de Platé (Alt 2 032 m), je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour Guillaume et Martial. En effet, l’an dernier, lors du 7ème jour de la PTL, ils sont passés ici après 280 km et 23 800 m D+, respect Messieurs.

Alex au Refuge de Sales

Après un ravitaillement « liquide », je continue ma route en direction du Col de Portette et nous entendons que les premiers du 30 km nous dépassent avec une grande aisance même s’ils ont 8 km et 800 m de D+ en moins, c’est un autre monde. Nous sommes donc beaucoup à atteindre le point haut de la course, mais aucune bousculade, tout le monde est « clean », chacun à son rythme. Pour y arriver, une multitude de lacets avec parfois une purge déclenchée par des coureurs et l’on entend, « pierre, pierre ». Dans ces conditions, il faut essayer de raser la montagne et ne pas traîner (si-possible). Malgré la pluie et le froid, il y a quelques spectateurs qui sont montés avec les clarines et aussi de la voix, cela fait du bien. Arrivé au Col de Portette (Alt 2 354 m) à 09H07, je prends le temps de faire un selfie, ce qui me permet aussi de souffler avant la descente qui ne me semble pas simple. Quant au parcours de la PTL 2018, il se dirige vers le Passage du Dérochoir. La descente est technique et très glissante, je rattrape très vite Karine qui est prudente car le terrain est très piégeux, il y a de nombreuses chutes, ce qui n’est pas mon cas pour l’instant. Je reste concentré sur mes pieds pour éviter toute erreur. Après cette partie technique, nous traversons un long plateau gorgé d’eau, le Désert de Platé, maintenant plus de doute, les pieds sont définitivement trempés. Le refuge est en vue, une pause de quelques minutes sera la bienvenue.

Km 21 – 1 900 D+ Refuge de Sales (Alt 1 886 m) 09H54 :

Je m’interdis de rentrer dans le refuge où paraît-il, il fait bien chaud, je ne veux pas céder à l’appel des sirènes, de l’eau j’en ai partout, d’ailleurs je complète mon camel bag, j’essaie de grignoter une barre de céréales mais cela ne « tire » pas. A l’intérieur, il y a, parait-il, un coureur avec le front ensanglanté qui se fait soigner. Au moment de repartir, Jean-François m’interpelle, nous échangeons un peu, faisons une photo et nous nous souhaitons bonne chance, Karine arrive au moment où je quitte le refuge.

Avec Jean François au Refuge de Sales

Pour rejoindre Salvigny, ce n’est que de la descente, 8 km, beaucoup de technique et peu de roulant. Dès le début, je double un coureur qui a une montre proéminente, je l’interpelle pour lui demander l’heure, 10H00. Il me reste donc 1 heure pour rejoindre Salvigny et sa barrière horaire à 11h00. Je mets mes jambes à mon cou et me concentre sur mes pieds. Ce qui me rassure est que je double beaucoup de concurrents. Je suis proche de la cascade de la Sauffaz, je passe la bifurcation séparant les 30 km et 60 km, et là, d’un seul coup, je me sens seul, la majorité des coureurs étaient sur le parcours du 5 Refuges, mais le moral est bon. Je double encore quelques concurrents, ici c’est roulant, je suis sur un chemin 4*4. J’arrive à la Cascade du Rouget, Christine est là, fidèle au poste, un bon point pour mon moral. Elle m’invite ou m’ordonne, je ne sais pas comment le prendre de me dépêcher de continuer afin d’atteindre Salvigny et sa barrière. Quelques minutes après, j’y arrive, Christine est déjà là, je suis encouragé par nombre de personnes. Je pointe à 11H00 précise pour une barrière à 11H00, « yes » ! Le contrôleur laissera passer encore quelques concurrents.

Km 29 – 2 000 D+ Salvigny (Alt 850 m) 11H00 – 281ème :

Karine, toujours avec la banane

Alex y est passé à 09H42, tout va bien pour lui et c’est très bien, il a suffisamment galéré. Karine, quant à elle, arrivera à 11H15, 15 minutes trop tard. Pour moi c’est juste, mais juste, c’est bon. Le pointage de cette barrière horaire est en sortie de ravitaillement, donc un ravitaillement que je n’ai pas droit. Un trailer en sortant, partage ce qu’il a dans les mains, une belle entente entre coureur. A cet instant, nous sommes une bonne dizaine à repartir vers le Refuge de Grenairon, une nouvelle barrière horaire est en vallée du côté des Chalets des Fonts, j’ai 02H30 pour réaliser 1 100 m de D+ et 1 000 m de D-. Même avec la fatigue, cela est jouable mais à la condition que cela ne soit pas trop technique. La première partie se passe bien, je double plus que me fais doubler, c’est toujours bon pour le moral. Quant à la deuxième partie, elle est boueuse voire très boueuse. Je double quelques concurrents sans bâton, j’en aide aussi, c’est très difficile de progresser. Je double aussi une randonneuse avec un enfant de 10 ans maximum, je me demande ce qu’elle fait ici avec une météo pareille ! 

Nous arrivons à coté d’une nouvelle cascade impressionnante, mais cette fois, nous la traversons, une corde nous sert de ligne de vie, nos baskets sont à nouveau propres, mais trempés. Un groupe de 4 trailers me double, me voyant dans la difficulté, l’un d’entre eux me dit que nous allons bientôt basculer sur le refuge, il reste à peine 3 km de montée ! Le temps d’un instant, je suis anéanti, je me reprends vite en essayant de relancer ma cadence. Je rattrape un âne de bât avec une randonneuse et deux enfants !! Je passe de nouveau quelques passages très boueux de terre glaise, c’est du sport le trail !! Et enfin je bascule sur l’autre vallée. Quelques centaines de mètres plus loin, le refuge se dégage des nuages. 

Passage de torrent

 

Km 35 – 3000 D+ Refuge de Grenairon (1974 m) 13H08 – 270ème :

Ravitaillement au Refuge de Grenairon

Je suis frigorifié comme les quelques trailers présents mais aussi les bénévoles qui nous encouragent. J’ai bien un tee-shirt de rechange dans mon sac mais, me mettre torse nu ne m’engage guère, je remets cela à plus tard. Je suis persuadé que quelques trailers ne repartiront pas d’ici, bien que je ne vois pas la tête que j’ai ! Je bois une soupe et repars aussi vite, pas de temps à perdre ! La pluie a diminué, c’est plutôt une bruine qui avec le vent nous balaye le visage. Nous prenons un chemin de montagne, je démarre prudemment puis je finis par bien dérouler, je rattrape des trailers par-ci par-là qui m’ont doublé dans la montée. Un début de crampe me met à l’esprit que je n’ai pas fait le plein d’eau au refuge, je peste sur moi-même. N’ayant pas la possibilité de faire demi-tour par manque de temps, je lève le pied en espérant que cette alerte n’est que passagère. Par chance, une fontaine ! Je m’arrête et remplis mon camel bag. Rassuré, je bois à grandes gorgées et me relance dans ma descente toujours en déroulant bien. Comme d’autres trailers, nous commençons à nous inquiéter de n’être toujours pas arrivés à cette barrière horaire. Nous ne relâchons pas nos efforts, maintenant, la descente est à priori terminée, le chemin « vallonne » sur 2 à 3 km avant que nous reprenions du dénivelé, le doute s’installe, nous rattrapons des coureurs et l’un d’eux nous interpelle : « A 14H30, il y a effectivement une barrière horaire, mais pas un contrôle. C'est-à-dire, qu’à 14H30, sur le chemin forestier, une personne de l’organisation arrêtera tous les coureurs arrivants ». Quelques instants plus tard nous arrivons au Refuge des Fonts, nous sommes totalement rassurés.

 

13H44 Trail des 5 Refuges :

Arrivée de Frédéric en 06H15, puis, 5 minutes après

Arrivée de Jean-François en 06H20

Km 43 – 3 360 D+ Refuge des Fonts (Alt 1 368 m) 14H53 :

Au refuge des Fonts

Je prends cinq minutes de pause car, la peur au ventre, je viens de bien donner. Une fois mon souffle revenu, j’informe le responsable du ravitaillement que le manque d’information sur cette barrière peut-être préjudiciable pour les personnes comme moi, proche des barrières horaires. Une nouvelle fois j’essaie de manger, sans succès, j’arriverai quand même à prendre un demi-gobelet de soupe. Je pars donc pour l’avant dernière difficulté, 700 m de D+, 4 km de montée et 2 km de descente. Je m’y emploie sans souci, certes je commence à fatiguer mais je suis déterminé. Je n’ai pas souvenir d’avoir peiné énormément à la montée de ce Petit Col d’Anterne (Alt 2 038 m), par contre la descente fut une nouvelle fois assez technique et toujours détrempée. J’étais si bien dans ma course que je suis presque surpris d’apercevoir le Refuge Alfred Wills. Une personne montant vers moi me demande si je n’ai pas aperçu un âne, deux dames avec des enfants, je lui réponds par l’affirmative mais il y a bien « longtemps » !

C’est ici que le parcours des 5 refuges rejoint celui des 8 refuges.

15H34 Trail des 5 Refuges :

Arrivée de Romain en 08H05

16H19 Trail des 8 Refuges :

Arrivée d’Alex en 11H20

Km 49 – 4000 D+ Refuge Alfred Wills (1810 m) 16H55 – 261ème :

Alex a passé l’arrivée, même si nous nous entraînons sur les mêmes Coteaux, ils n’ont pas les mêmes effets sur nous. Quatre heures de moins que moi ne me paraît pas anormal. 

Refuge d'Alfred Wills dans le brouillard

J’ai dormi ici, il y a déjà 3 ans lors de ma remontée sud/nord GR20-GR5. Je connais la fin du parcours mais en sens inverse, maintenant, plus rien ne peut m’arrêter. En arrivant, malgré que je sois content, j’ai quand même froid. Pour être heureux, il me faut quand même un peu de chaleur. Je n’ai besoin ni de complément d’eau, ni de nourriture, je demande simplement que l’on me remplisse mon gobelet d’eau chaude pour mes mains. Je repars presque tranquillement, mes mains entourant jalousement la chaleur du gobelet en direction du Col d’Anterne. Alors que j’ai parcouru peut-être 500 mètres, je rattrape deux trailers et une chose m’interpelle, ils ont des bâtons, je jure ! Demi-tour vers le refuge, cela me fera un kilomètre de plus, par chance, c’était sur du plat. Je lâche donc mon gobelet tout chaud et récupère mes bâtons. Cette fois, en route vers le Col d’Anterne via son lac éponyme. 300 m de D+, un peu de plat puis, 150 m de D+ avant une descente finale vers Plaine Joux. Cette première montée se fait bien, même si le froid me transperce, d’ailleurs c’est bien cela qui me motive pour trouver au plus vite une douche bien chaude.

Au Refuge d'Alfred Wills

Cette montée achevée, j’arrive sur un « petit plateau » quelque peu marécageux où se trouve le Lac d’Anterne. Il est alimenté par un grand nombre de cascades environnantes. Pour l’instant, pas grand-chose de visible, j’entends seulement le bruit de ruissellement de l’eau sur 360°. D’ailleurs, un panneau nous signale : « Attention, zone humide », j’avoue que cela me fait sourire lorsque je vois mon état. Je trottine en sautant ici et là au-dessus de petits ruisseaux, même en ayant les pieds trempés. Parfois je suis quand même obligé de mettre un pied dedans mais je fais vite. Jusqu’au moment où le ruisseau devient large et profond d’une bonne vingtaine de centimètres. Je juge un passage qui me convient, il y a une grosse pierre au milieu dont j’ai testé la stabilité avec mon bâton. Aucune hésitation, je me lance et………. Plouf !! Je chute en plein milieu du ruisseau, je suis étalé sur le dos, l’eau me transperce au plus profond de moi-même. Je me relève aussi vite que je suis tombé. Deux trailers qui étaient à une centaine de mètres arrivent vers moi pour me proposer de l’aide, mais il n’y a aucun dommage. Après quelques échanges, nous reprenons notre route. Moi qui croyait que j’étais trempé par cette météo particulièrement humide, je sais maintenant qu’il y a une différence entre trempé et mouillé. Maintenant, je me dois d’essayer de mettre les bouchées doubles pour principalement me réchauffer, j’ai les fesses et le bas du dos glacés, mon sac m’ayant un peu protégé. Pas facile de courir ici, mais je marche de manière incisive, j’ai le mors aux dents. Je devine au travers de la brume un peu le Lac d’Anterne, ceux qui ne connaissent pas ne le verront pas, ni la superbe Chaîne des Fiz qui le domine, moi, j’ai la chance de connaître cet endroit magnifique. Pour ce décor de carte postale, il faudra donc revenir. J’attaque les derniers 150 m de D+ qui sont un peu plus compliqués que je pensais, en fait j’étais passé à cet endroit sur des névés donc sans aucune complication, juste quelques petites glissades facétieuses, mais là, c’est différent. Cela étant, le froid et le vent qui me prend aux tripes me donnent des forces pour arriver à ce dernier col.

Km 53 – 4 530 D+ Col d’Anterne (Alt 2 257 m) :

La descente du col d'Anterne, un beau bourbier

Là je me dis, maintenant c’est « presque » fini. En même temps, je sais que tant que l’arche d’arrivée n’est pas franchie, ce n’est jamais terminé. Lorsque je découvre la descente, je fais waouh, un bourbier raide, le passage d’un millier de coureurs est bien visible. Devant moi, je retrouve une dizaine de coureurs enlisés ou empêtrés dans la boue, voire sur les fesses. Je me lance à mon tour en prenant des trajectoires différentes voire opposées, car il n’y a plus de chemin, le seul objectif le Refuge de Moëde Anterne 300 m D- plus bas. Une partie très piégeuse où, au final, je m’en sors bien malgré une belle chute sans bobo.

Km 54 – 4 530 D+ Refuge de Moëde Anterne (Alt 1 996 m) 18H37 :

Au fond, le Refuge de Moëde Anterne

Nous passons à proximité du Refuge, dorénavant c’est un beau chemin de 4*4 descendant où, en théorie, je pourrais dérouler mais me sachant dans les délais impartis je préfère adapter une marche rapide. A plusieurs endroits, le chemin a été partiellement emporté par l’orage et la pluie de ces dernières 24 heures. Je double encore quelques coureurs qui finissent épuisés. Je passe à la Pierre de l’Ours et sa Cabane, à Fontaine Ayère puis j’arrive au 8ème et dernier refuge.

Km 60 – 4550 D+ Ref Châtelet d’Ayères (1425 m) 19H48 – 259ème :

Les bénévoles m’accueillent en faisant une haie d’honneur avec une « Ola ». Cela les réchauffe mais me fait plaisir. Je veux faire un selfie, mais mon portable refuse de fonctionner, il n’a pas dû aimer la baignade au Lac d’Anterne. Je continue sur le sentier, je surplombe le Lac Vert, toujours aussi beau, même par mauvais temps. Je continue étant comme aspiré par l’arrivée toute proche, une dernière petite montée et j’entends des voix.

Km 64 – 4 909 D+ Plaine Joux (Alt 1 350 m) 20H19 – 260ème :

Alex et Jean-François m’encouragent et m’accompagnent sur les derniers 100 m. Je passe l’arche dans le brouillard tel un zombi sortant de je ne sais où. Christine est toujours là, derrière l’arche pour figer ce moment. Cette fois c’est bel et bien terminé.

Alexandre

Jean

 Trail des 8 Refuges

(64 km 4 909 m D+)

Inscrits : 467 - Partants : 364 - Finisher : 277

Alex est classé 85ème et 17ème SEH en 11H20

Jean est classé 260ème et 5ème V3M en 15H19  

Karine arrêtée après 31 km et 2 000m D+ en 11H15

Pour info, le 1er de l’épreuve est Michel Lanne en 07H31, il fait partie de l’équipe Salomon, il a déjà gagné entre autre la CCC et la TDS à deux pas d’ici. Quant au 1er V3M, il termine en 09H46 !!

J’ai passé un très bon week-end, le bon esprit de l’équipe LNA et l’accompagnement de Christine qui elle, a été frigorifiée pendant 15H19 y ont fortement contribué. Même si Karine a été arrêtée à mi-parcours, elle n’a pas à rougir de sa prestation, ses genoux douloureux auraient payé très cher la seconde partie du parcours. Quant aux finishers du 30 km, bravo à eux, c’est une très belle entrée dans le monde du trail, surtout dans des conditions difficiles. Que dire d’Alex, le roi de la banane, pour lui, cela n’a été « Que du bonheur », un fer de lance du LNA, félicitations à tous.

C’est vraiment dommage que la météo ne nous ait pas fait de cadeau, je reviendrai pour admirer ces paysages du haut de la montagne, il paraît que nous sommes proches de Chamonix.

Voilà un trail de plus de coché sur ma liste, mais je dois reconnaître que je me suis quand même posé quelques questions existentielles dans la première partie mais j’ai réussi à chasser les démons et à m’accrocher et c’est cela qu’il faut retenir. Les années passent et, je suis de plus en plus sur la border line, si cela se confirme, je vais devoir penser à ma reconversion de trailer.

2019 07 28 Trail des Fiz 8 refuges (14'35'')

 

 Les photos, c'est ICI

Après la Glandass Trail, après les Fiz, maintenant, place à l’UTAT (105 km et 8 000 m de D+) dans l’Atlas du sud Marocain. Outre le kilométrage et le dénivelé positif, sa difficulté réside dans 5 passages au-dessus de 3 000 m d’altitude et 1 à 3 670 m. Ce sera le 05 octobre prochain, en espérant que le dicton : « Jamais deux sans trois » soit vérifié.

Liens dans le compte rendu : UTAT, Glandass Trail, Aravis Alpi TrailPasserelles de Monteynard, Trace de Trail, CR Glandass Trail

20190726_185345 (0)

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Jean VRP de la montagne
Publicité
Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 7 032
Mes liens
Prochainement
c'est dans : Cliquez ICI
Newsletter
Catégories principales
Derniers commentaires
Le Beaufortain

Pellicule 2

L'envie - La réussite

Pellicule

Publicité