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Jean VRP de la montagne
5 septembre 2008

2008-08-29 Ultra Trail du Mont Blanc P1

UTMB, l’Ultra Trail du Mont Blanc – Partie 1

Chamonix, sommet mondial de la course nature

Si vous souhaitez commencer par regarder la vidéo, elle est visible à la fin de la partie 2.

Voici les 3 courses qui auront lieu :

2008-08-27 002 CCC-UTMB

La CCC, Courmayeur Champex Chamonix (2 700 coureurs) - 98 km pour 5 600 m de D+ en 26 heures maximum (qui est la seconde partie de l’UTMB)

 

L’UTMB, Ultra Trail du Mont Blanc (2 300 coureurs) - 166 km pour 9 400 m de D+ en 46 heures maximum. C’est le Tour du Mont Blanc, que les randonneurs connaissent bien, il se réalise en moyenne en une dizaine de jours. L’UTMB parcourt les mêmes sentiers.

 

La PTL, la Petite Trotte à Léon, (50 équipes de 3 personnes), le Tour du Mont Blanc étendu - 220 km pour 17 000 m de D+ en 100 heures maximum à réaliser en autonomie complète par équipe de 3 (pas de classement à l’arrivée).

Ce début d’année a été des plus « compliqués » pour moi. La préparation pour cet évènement a été des plus chaotiques (voir dernier compte rendu). Nous voilà donc fin août à Chamonix, nous sommes logés dans un vaste appartement près du téléphérique de l’Aiguille du Midi, l’ambiance est joyeuse.

Etant arrivé tôt, avec Virginie, nous allons au retrait de dossard. Nous attendons notre tour au soleil, étant en espadrilles, je fais attention à ne pas prendre un coup de soleil sur les pieds, ce n’est pas le moment. Etant en possession du matériel obligatoire, nous avons nos dossards. Lorsque mes amis arrivent, je les accompagne pour leur retrait. Tout le monde est « ok », nos dossards en poche, nous retournons à l’appartement pour la préparation de nos sacs de courses et nos sacs de vie pour Courmayeur et Champex.

Retrait des dossards

Le lendemain matin, nous accompagnons Jean Louis et Bruno qui ont préféré, le « petit parcours ». Ils prennent un bus pour Courmayeur. Sur la CCC, ils auront 98 km pour 5 600 m de dénivelé positif à faire en 26 heures maximum. Le départ est fixé à 11H00.

Au retour, ultime vérification de nos sacs. Au programme l’après midi, une petite sieste, ou tout du moins du repos, pour ma part, je n’ai pas trouvé le sommeil, mais plutôt, beaucoup d’interrogations. Nous nous équipons, chacun de nous est concentré sur la manière de s’habiller, le stress monte doucement et ne demande qu’à s’évacuer. Nous nous équipons et toute l’équipe prend la direction du centre ville. L’équipe est composée de Maryse, Virginie, Alain, Bernard, François, Jackie, Jacques et moi pour cet UTMB, nous aurons 166 km pour 9 400 m de dénivelé positif  à faire en 46 heures maximum.

Nous déposons nos sacs dans une salle de sports où déjà, des centaines sont alignés comme un seul. Nous approchons du sas du départ et faisons nos « adieux » à nos accompagnants qui vont vivre à notre rythme le temps de la course. Nous pénétrons dans le sas de départ, nous sommes sur la Place du Triangle de l’amitié, assis sur les escaliers qui mènent à l’église. La place est bondée de coureurs, les alentours, de spectateurs, les places sont chères, même sur les balcons ! Il nous reste 1 heure avant le début des festivités.

La fine équipe

Alors que Bruno et Jean Louis sont dans le Val Ferret en Italie, nous 8 sommes, sur la Place du Triangle de l’amitié à Chamonix parmi 2 382 trailers de 51 nationalités face au Mont Blanc. En attendant, l’heure fatidique, nous écoutons les derniers conseils et recommandations des organisateurs, prévisions météo et autres. 18H30 approche, la musique de Vangelis (Conquest of paradise) du film sur Christophe Colomb monte doucement en puissance, tout comme l’émotion qui me gagne. Nous nous tapons dans les mains et souhaitons mutuellement bonne course.

Le zéro du décompte arrivé, il nous faudra attendre 5 bonnes minutes après que les premiers ne se soient élancés pour avancer, puis trottiner au travers des rues de Chamonix. En quelques instants, nous sommes noyés dans la foule, dans le bruit, dans l’euphorie, dans les larmes, je perds mes compagnons de vue. Qu’importe je les retrouverais bien plus tard !

Le départ, Place du Triangle de l'Amitié

Devant des milliers de spectateurs, nous sommes livrés à nous même, nous coureurs de l’inutile, qui voulons nous prouver je ne sais quoi, mais qui voulons aussi, nous retrouver sur un site unique où la nature est majestueuse. Après avoir traversé Chamonix, sous les acclamations des spectateurs, nous passons devant le rocher des Gaillands et en quelques mètres, le bruit change, une sorte de silence, haché par le bruit des pas et du cliquetis des bâtons sur le sol. Après avoir passé des toutes petites montagnes russes, nous rejoignons Les Houches.

Je suis « une aiguille dans une botte de foin », je suis « seul », je veux dire, dans la foule des coureurs. A l’entrée des Houches, nos accompagnants sont présents, ces quelques secondes nous font bien plaisir, en théorie, nous devrions les revoir demain midi. Aux Houches, c’est le 1er ravitaillement, après avoir avalé quelques verres d’eau et de coca, je poursuis ma route avec en cadeau, un superbe coucher de soleil sur le toit de l’Europe. Nous sommes des privilégiés devant ce spectacle aussi beau qu’éphémère. J’aperçois parfois un de mes compagnons mais aussitôt vu, aussitôt disparu, il y a encore une grande concentration de coureurs.

Arrivé à La Charme au km 15 avec 931 m de D+ (dénivelé positif cumulé), je pointe 1 073ème à 20H46. Je m’équipe de ma frontale pour ma première nuit, j’ai l’impression d’être à ma place, je suis bien, je prends la direction du col de Voza. Une fois passé le col, il ne faut pas longtemps pour apercevoir les lumières de St Gervais. La descente se fait avec un pas moins sûr, il faut que je m’adapte à l’obscurité, à la nuit.

 

Les Houches

Il me faudra encore patienter un peu pour arriver à St Gervais. J’y retrouve Maryse et Bernard, cela me fait plaisir, je ne suis pas « largué ». Ici aussi, des milliers de spectateurs nous attendent pour nous encourager. Il est 21H53, je suis au km 21 avec 937 m de D+, je suis 1 524ème (Depuis le col de Voza, nous avons descendu 1 000 m de dénivelé). Le ravitaillement est liquide et solide, chips, biscuits, fromage, et autres nous sont offerts pour faire le plein d’énergie. Un orchestre est aussi là pour rendre cet endroit encore plus festif. Nous quittons l’excitation de ce village pour filer vers les Contamines puis, Notre Dame de la Gorge. Le chemin est un peu raide dans des « singles » où il est bien difficile de doubler. Une fois n’est pas coutume, je perds de vue mes amis, tout le monde se ressemble, une silhouette avec une frontale sur la tête. Alors que Christine et moi avons parcouru ces chemins en 2002 lors du TPMB (Tour des Pays du Mont Blanc), je pense reconnaître certains endroits mais sans certitude.

Ravitaillement des Houches

Une heure plus tard, je rentre aux Contamines au km 31 avec 1 453 m de D+ où je pointe 1 886ème à 23H55, la barrière horaire est à 55 minutes, j’ai le ventre un peu barbouillé, des problèmes gastriques apparaissent. Je quitte le ravitaillement et après avoir fait quelques centaines de mètres, à la sortie des Contamines, je m’assieds sur un petit muret quelques minutes pour reprendre mon souffle, je regarde les trailers passer, je vois Virginie, je l’encourage à continuer son chemin sans se préoccuper de moi.

Lorsque l’on participe à une épreuve d’endurance à la limite de ses capacités, il faut que tout soit OK, le moindre grain de sable peut enrailler la machine et dans ce cas, tout bascule, c’est la déroute. Eh bien, j’ai fait une grossière erreur, lors des ravitaillements, je pense avoir bu des boissons trop froides, le résultat ne s’est pas fait attendre……….. Gastro !!!!

A partir de ce moment, le plaisir n’est plus ce qu’il devrait être, car les douleurs gastriques sont de plus en plus insistantes. Cela étant, il faut que je fasse le maximum pour tous ceux qui m’ont épaulé pour cette course. La barrière aux Contamines étant à 00H45, j’ai encore 50 minutes d’avance, bien mais pas génial malgré tout, surtout lorsque l’on est barbouillé, quant à la résurrection, je n’y crois pas ! Pour Christine, pour ma famille, pour mes compagnons de route aussi dans la montagne, je me dois de me surpasser, « aller au bout, au bout du bout ».

St Gervais

Je me ravitaille très légèrement car pour le ventre, ce n’est le top ! Pour rejoindre La Balme, je passe à Notre Dame de la Gorge, le hameau, le village aux multiples petites Chapelles, puis le torrent Nant-Borrant au lieu dit éponyme. J’ai le ventre en effervescence, la pression est à son comble, mes douleurs au ventre sont de plus en plus présentes et pressantes, je cherche un endroit pour m’échapper, pour me relâcher, pour me lâcher ! Pour éviter de perdre du temps, je demande aux nombreux spectateurs présents des kleenex et, j’attends un endroit tranquille et reposant pour me soulager. Sur ma droite, le torrent Le Bon Nant, sur ma gauche, cela ressemble à une falaise, dans le même temps, j’essaye de me séparer des trailers qui se regroupent pour la nuit. Après quelques centaines de mètres, je trouve finalement l’endroit qui me semble idéal. Je n’enlève pas mon sac à dos, je baisse mon collant en restant appuyer le dos sur un arbre et évacue le trop plein de je ne sais quoi ! Cela me libère. Je ne suis qu’à quelques mètres du sentier, la nuit me procure un peu d’intimité….. mais ce sera bref ! Alors que je me crois à l’abri des regards, tous les trailers passant sur le sentier m’envoient leur faisceau de leur lampe frontale au visage, ils sont attirés pas les parties phosphorescentes de mon collant, j’ai failli être tranquille ! Et, comme nous sommes en début de course, cela ne s’arrête pas ! Je ne suis pas prêt d’oublier cette anecdote ! Pas rigolo à l’instant « T », mais, après coup, ce sera, sans aucun doute, comique !

La sortie du ravitaillement de St Gervais

Arrivé au refuge de La Balme, je prends une pause obligée de 15 minutes dans les toilettes du refuge, je me force à prendre un peu de soupe, je passe au pointage, je suis 2 008ème, il est 02H15, nous sommes au km 39 avec 2 009 m de D+, la barrière horaire étant à 02H45, j’ai encore 30 minutes de bon. J’apprendrais plus tard qu’Alain n’a pas passé cette barrière horaire ! Le nouvel objectif est le col du Bonhomme, le chemin est long, je m’arrête souvent, les bâtons encastrés dans le creux de mes épaules et la tête pendant. Je me pose la question à plusieurs reprises, « est-ce bien raisonnable ? », je regarde derrière moi, il y a encore beaucoup de frontales, beaucoup de coureurs, beaucoup qui sont plus mal que moi, je continue. Chemin faisant, j’arrive à ce « maudit » Bonhomme, il est 04H28, je suis classé 2 131ème, nous sommes au km 42 et 2 632 m de D+ ont été fait. Cela fait 10 heures que je cours, que je trottine, que je marche, il faut être un peu fou..... Avant de descendre, il y a 500 mètres à parcourir dans un dédale de rochers, une fois fait, la descente du col vers les Chapieux paraît presque plus facile, mais ce n’est qu’un leurre. La descente est glissante avec des pierres qui semblent tranchantes, la chute m’est interdite, la concentration sur mes pieds dans mon halo de lumière me fait oublier quelque peu mes maux de ventre. Le ravitaillement des Chapieux est là, il se fait sous une grande tente, là aussi, nous retrouvons un ravitaillement complet, mais rien ne me donne envie, mon système digestif est en peine.

La suite, c’est ICI

 

2008-08-27 242 CCC-UTMB

 

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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