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Jean VRP de la montagne
18 juillet 2023

2023-07-18 Refuge de la Roselette - Refuge de Presset

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18 juillet 2023

Refuge de la Roselette – Refuge de Presset

Via Col du Bonhomme, Ref. la Croix du Bonhomme, les Chapieux, la Combe de la Neuva, Col du Grand Fond

05h00, ma montre vibre, je m’extrais de mon sac à viande. Je prends les quelques affaires et me rends dans le petit chalet où mon sac et mes chaussures sont rangées. Je suis seul à être matinal, Aziliz qui a le même objectif que moi a préféré profiter un peu plus de son duvet sous sa tente, elle va prendre son petit déjeuner à 07h00 avec les autres. Pour ma part, je préfère l’odeur matinale, être le premier à débusquer les marmottes, chamois voire bouquetins, même si pour l’instant, cela n’est pas payant. Par contre, être le premier c’est aussi moins subir les assauts du soleil.

 

Au Col de la Croix du Bonhomme

Lorsque je rentre dans la salle de restauration, mon petit déjeuner est prêt. Comme toujours, je me délecte dans un silence matinal. J’ai choisi la liaison Roselette/Presset car je ne souhaite pas m’arrêter au Refuge de la Croix du Bonhomme. Ce refuge, placé sur le Tour du Mont Blanc est immense, il possède 100 couchages, rien à voir avec le refuge tel que je l’imagine, alors ça valait bien quelques efforts. La journée va donc être est longue, l’étape est double, le topo prévoit 11h40.

A 06h00, je mets le sac à dos, il fait doux, la journée va être belle. Pour l’instant, le Mont Blanc est toujours caché. Tout guilleret, j’attaque la descente par une petite sente. La montagne est bien mieux réveillée que moi, les marmottes se font déjà entendre et au loin, ce sont les clarines. Je passe à côté du Refuge des Prés, c’est là que Corinne et Dominique arrivant du Refuge de la Croix de Pierre dormiront ce soir. La descente est tranquille, j’arrive assez vite au carrefour de la Cantine (1 910 m). Un panneau indique un « raccourci » sous risques de chutes de pierres ! Il longe la falaise et la courbe de niveau 1 900 m. Pas de gel/dégel, pas de pluie, pour moi pas de risque majeur. Seulement, je ne suis pas venu ici pour prendre un raccourci, je veux en avoir pour mon argent ! Donc je continue à descendre, je perds environ 120 m de dénivelé qu’il faut évidemment remonter. D’ici le sentier qui monte au Col du Bonhomme est bien visible, il y a déjà une trentaine de personnes, il y a même 3 VTT qui descendent ! Régulièrement, je regarde dernière moi en direction du Col de la Fenêtre espérant le voir mais, cette fenêtre si petite que je devine difficilement la sente dans un pierrier, que de bons souvenirs avec Christine. De cet endroit, je distingue les Contamines, Nant Borrant et le long chemin jusqu’au Refuge de la Balme.

 

Ruisseau de la Neuva

A une nouvelle intersection, je me retrouve un peu au-dessus du Refuge de Balme, c’est ici que le Tour du Beaufortain, le Tour du Mont Blanc et du GR5. Ici, aucun doute, je ne peux plus me perdre, le balisage jaune/rouge a été supplanté par le blanc/rouge, il y en a partout, je suis sur l’autoroute du Mont Blanc, l’autoroute car empruntée par des milliers de randonneurs, plus ou moins randonneurs d’ailleurs ! Les estimations sont de 20 à 25 000 randonneurs annuels. A cette heure, c’est relativement calme. Je m’emploie à avancer à un rythme régulier, seuls deux trailers m’ont doublé, sinon ma cadence est un peu plus rapide que les randonneurs présents. Lors d’une pause photos, j’aperçois les Lacs Jovets derrière moi perchés à 2 179 m d’altitude, au pied du Mont Tondu (3 196 m), un lieu de bivouac qui doit être sympa.

A 09h00, je suis au Col du Bonhomme (2 329 m), satisfait de ma montée. Evidemment, la récompense est magnifique, face à moi et tout autour de moi des montagnes à perte de vue. Au fond de la vallée, le Lac de la Girotte vu sous un autre angle. Je reviens sur mes pas et jette un œil sur la table d’orientation qui me permet de me remémorer quelques sommets.

Maintenant, direction, la Croix du Bonhomme, pas de difficulté, il y a à peine 100 m de dénivelé jusqu’au refuge. Sur toute cette partie, la vue est vraiment sympa, il y a une pléthore de sommets, malheureusement, je ne connais pas les noms. Je rencontre un couple britannique, l’homme a sur son dos, un enfant d’un an maximum, il a mine radieuse mais, est-ce bien pour un enfant en bas-âge d’être à près de 2 500 m d’altitude ? Je ne sais pas. Je double un groupe de randonneurs très bruyants, aucun danger de débusquer un animal quelconque, ils doivent être bien loin !

Au Col de la Croix du Bonhomme (2 479 m), un polonais me demande le meilleur itinéraire pour rejoindre Courmayeur, pas satisfait de ma réponse, il demande à une autre personne qui lui donne la même réponse, mais à priori, ce n’est pas ce qu’il souhaite entendre. « L’autre personne », c’est Thibaut, je l’avais aperçu hier à La Roselette, c’est un belge bien sympa,  il vient des Lacs Jovets et se dirige vers Presset. J’échange aussi avec une personne qui fait le GR5. Nous faisons une pause au refuge, pour moi ce sera un café avec une barre. Sauf erreur, pour rejoindre le Refuge de Presset, il reste environ 1 000 m de D+ et de D-. A ce moment je ne sais pas encore quel itinéraire prendre, soit par la Crête des Gittes qui est magnifique, car prise lors de ma traversée en 2016 (mes 3 compères prendront cette variante demain, Romain arrivant du Refuge du Plan de la Lay et Corinne et Dominique du Refuge des Prés), soit l’itinéraire officiel en descendant vers les Chapieux que j’ai pris aussi, mais de nuit lors de l’UTMB 2009. Après hésitation, je m’engage dans la descente vers les Chapieux, Thibaut me suit à une centaine de mètres. Bien que pentue, les bâtons restent sur le sac et la descente se déroule bien, je double un groupe d’asiatiques et rencontre quelques personnes. Je suis content d’arriver aux Chalets de la Raja qui annonce la fin de ces 600 m de dénivelé négatif, Thibaut m’a rejoint. Pas à dire, par la Crête des Gittes, c’est nettement beaucoup plus beau !

 

Dans la Combe de la Neuva

Nous quittons les repères Blanc/Rouge et retrouvons nos couleurs Jaune/Rouge qui avaient totalement disparues depuis la Balme. Nous empruntons la route qui mène au Cormet de Roselend, il y a quelques campings car installés pour le passage du Tour de France demain. Nous rencontrons aussi un chasseur, juste un chasseur d’images, sa proie, les vipères aspic d’un type rare selon lui. Après un kilomètre, nous quittons cette route, faisons un complément d’eau à une fontaine et nous engageons sur la rive gauche d’un ruisseau dans la Combe de la Neuva. Thibaut marchant plus vite que moi passe devant mais je ne le perds pas de vue.

La Combe de la Neuva est à elle seule, un petit paradis, de grandes pelouses avec des fleurs multicolores et chatoyantes. Au milieu de cela un petit ruisseau avec ses clapotis et une petite sente qui serpente, seuls Thibaut et moi en profitons. En prenant de l’altitude la pelouse disparait progressivement laissant la place aux rhododendrons, certains sont encore en fleurs, un véritable jardin d’Eden ! La vallée est profonde et on n’en voit pas l’extrémité. Les zigzags entre les fleurs deviennent des zigzags entre les rochers. Je rattrape Thibaut qui est en pause déjeuner, il ne tardera pas à me rattraper. Je change de rive pour une nouvelle bosse qui se présente à moi, mais ce n’est pas le col, je n’y crois pas, je sais qu’en montagne derrière un ressaut, il y a toujours un autre ressaut et un autre… Pourtant j’aimerais bien, je commence à fatiguer.  Je n’ai pas prêté attention mais là où Thibaut faisait sa pause, une sente descendait du Passeur de Pralognan, un passage de la TDS, j’aurais aimé le voir, dommage.

Bien entendu, derrière c’est un nouveau ressaut mais je le savais. Bon, il est un peu loin, mais c’est un nouvel objectif, j’aime avoir toujours de petits objectifs. Après avoir bien soufflé, je m’en approche, un vent frais m’accompagne, c’est bon signe, mes jambes commencent à y croire, le vent augmente, une des caractéristiques de passages de cols.

Lorsque j’arrive en haut de ce ressaut, je suis sans voix, ici aussi un ressaut cache un autre ressaut et, quel ressaut ! A 2 ou 3 kilomètres devant moi, se dresse littéralement une falaise protégée en son pied par de grands pierriers et à son haut par un grand névé qui paraît bien raide mais cette fois, j’en suis persuadé, derrière cette paroi, le refuge sera en vue. Je rentre dans un univers totalement minéral, la végétation y est rare.

 

Au Col du Grand fond

Comme prévu, Thibaut me rattrape et me double, le sentier est repéré en plus par de nombreux cairns qui le jalonnent, cela permet de visualiser le sentier un peu plus loin. Je double un groupe de 4 randonneurs, eux aussi fatiguent. Plus je m’approche, plus cette falaise devient presque « sympathique ». Probablement le fait aussi d’approcher du terme de cette étape. Le pierrier passé, c’est le névé qui se présente à moi, Thibaut est déjà dedans, la trace est bien faite. Je m’y emploie, pas de souci particulier, pas de précipitation, j’atteins le Col des Grands Fonds (2 671 m), les bâtons n’étaient pas indispensables. Thibaut est là, il m’attendait, nous faisons un selfie avec le refuge en contre bas, nous ne traînons pas, un vent froid souffle sur le col. Face à nous, le refuge et son lac, avec en arrière plan, la Pierra Menta (2 714 m).

La descente vers le lac est assez raide, des zigzags entre les pierres nous emmènent rapidement près du lac, ce paysage minéral est aussi beau qu’impressionnant, dommage qu’il manque un peu de lumière pour figer l’instant. Un dernier névé à plat et nous y sommes. Il est 15h30, nous sommes au Refuge de Presset (2 514 m). Certes un peu fatigué mais la journée a été longue, une fois n’est pas coutume, les bâtons sont restés sur le sac et je n’ai aucune douleur aux genoux, le top !

Le vent étant conséquent, Thibaut préfère continuer jusqu’au Lac d’Amour pour son bivouac, mais avant cela, nous trinquons à cette belle journée. Après son départ, je m’enregistre au refuge où l’on m’informe que le bivouac, bien que réservé, est toléré de 18h30 à 08h30. A noter que, j’ai dû signer une « charte bivouac », celle-ci interdit le bivouac dans le bassin versant avec une interdiction de puiser ou de toucher l’eau du lac. Ces interdictions font suite à un arrêté préfectoral. Le non-respect de cet arrêté de police est passible d’une amende de 150 €. Il y a moins de 10 bivouacs possibles autour du refuge.

En attendant, je vais faire connaissance avec d’autres randonneurs au chaud. De là où je suis, je vois le col et la descente vers le refuge, je surveille l’arrivée Aziliz qui ne devrait pas tarder, cela fait une bonne heure que je suis là. Lorsque je la vois, je vais l’accueillir, content de la voir, c’est réciproque me semble-t-il, la journée a été longue. Pour Aziliz, cela a fini en beauté car arrivée au col, elle s’est retrouvée face à un bouquetin. Quelques secondes qui lui ont semblé longues pour une première rencontre face à des cornes démesurées.

 

Au refuge de Presset

Vers 17h30, l’orage est annoncé en soirée, les campeurs sont autorisés à installer leur bivouac. A la sortie du refuge, je devine que cela va être du sport, le vent s’est renforcé. L’emplacement de mon bivouac est imposé, c’est le N°2, proche du refuge. Une fois à mon emplacement, je commence par rassembler quelques pierres. Elles me servent dès que j’ouvre mon sac, rien ne doit s’envoler. Les bourrasques de vent se prennent dans la tente, ce qui rend la tâche sportive. Au final, la tente est installée avec matelas et duvet, c’est la première fois que toutes mes sardines sont de sortie. Pour finaliser mon campement, je mets des pierres partout où cela me paraît nécessaire, pas de problème de stock !

« Une bonne chose de faite ! » J’espère que l’orage se détournera du massif. Je rentre dans ce chouette refuge, il appartient au CAF et a dû être refait dernièrement, il est moderne en gardant un décor intérieur tout de bois. Il en émane un climat reposant et chaleureux. La gardienne est enceinte de 5 à 6 mois et ne laisse pas sa part de travail dans la vie du refuge. A cette altitude, son bébé va être survitaminé.

Alors que tout le monde est dans le refuge, à l’extérieur, certains des locaux reprennent le terrain, il s’agit des bouquetins, un mâle avec deux jeunes sont d’ailleurs proches de ma tente, plus loin sur une butte, il y a même une harde d’une quinzaine d’individus qui est descendu des sommets.

A 19h00, nous nous retrouvons autour d’une table pour le repas, la table est située au bout de la salle face à une grande baie vitrée, elle-même face à L’Aiguille du Grand Fond et à son col éponyme. Autour de cette table, uniquement des personnes voyageant seules. Lorsqu’on voit la météo, nous croisons les doigts pour que les tentes tiennent. Je retrouve mon voisin de bivouac qui m’informe qu’il a redémonté sa tente pour trouver un endroit plus propice, beaucoup plus bas, sous le refuge.

 

Le Lac de Presset au pied du Col du Grand Fond

Au menu, une soupe aux légumes, accompagnée de croutons et de tomme, puis un mafé (plat sénégalais) suivi par une tarte chocolatée. Le repas est excellent tout comme l’ambiance.

A ce refuge, il est coutumier, à l’issue du repas, de faire le tour du lac, mais là, avec le vent, nous continuons à échanger à l’intérieur du refuge.

Après cette belle soirée conviviale, à 21h30, nous nous saluons et particulièrement avec Aziliz qui part demain au Refuge des Arolles, une nouvelle belle étape. Elle fait vraiment ce tour en rythme soutenu et en flux tendu, déjà, elle l’avait entamé après 16 heures de bus et, après les Arolles, elle va rejoindre Queige pour un nouveau voyage en bus pour rejoindre sa Bretagne, un sacré rythme pour une première expérience.

A mon retour au mon bivouac, la tente n’a pas bougé, ouf !! La nuit n’est pas tombée mais je me couche, la tente est secouée, malgré mes boules Quies, c’est bruyant alors pour la première fois j’utilise l’option sarcophage de mon duvet et finis par m’endormir. Bonne nuit !

Une belle journée en terme de km et D+ mais surtout ce Col du Grand Fond, ce refuge, cette ambiance, cet environnement, le top !

Demain, c’est une journée de « repos », l’objectif est de quelques centaines de D+, rien de plus.

18 juillet 2023 : Refuge de la Roselette – Refuge de Presset

Via Col du Bonhomme, Ref. la Croix du Bonhomme, les Chapieux, la Combe de la Neuva, Col du Grand Fond

Dénivelé négatif / positif : 1 285 D- / 1 905 D+

Altitude mini / maxi :         1 742 m / 2 671 m

Kilométrage :                     27 km

Durée :                              09h25

 La vidéo de ce 18 juillet (7'50'')

La suite, c'est ICI 

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Jean VRP de la montagne
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Jean VRP de la montagne
  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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