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Jean VRP de la montagne
10 juillet 2021

2021-07-10 GR5-Via Alpina-Mercantour J10

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10 juillet

Au départ du Refuge de l’Archeboc (2 027 m)

Via : Ste Foy Tarentaise, l’Echaillon, le Monal, Nancruet

05h00, je regarde par la petite fenêtre du dortoir, un bleu pétrole magnifique, le soleil est encore bas, derrière les montagnes, aucun nuage apparent. J’avoue que ce matin, je serais bien resté un peu dans mon duvet mais je préfère partir tôt et faire une sieste dès mon arrivée. Après avoir rangé mes affaires, je descends en salle pour le petit déjeuner, je suis seul, comme très souvent, les autres randonneurs démarrent probablement plus tard. Je déjeune dans le silence, une fois n’est pas coutume, je me régale de pain et de confiture. Tout en mangeant, je regarde des affiches sur un mur. L’une d’entre elles m’interpelle, il s’agit de la PTL 2015, il y a aussi une affiche du TOR des géants. Décidément, ce massif est un lieu de prédilection pour les grands trails. Aujourd’hui je mesure la performance réalisée par Guillaume et Martial pour leur PTL 2018, respect messieurs.

Dernier regard sur le Refuge de l'Archeboc et le Col du Mont

 

Lorsque je sors du refuge, les senteurs matinales sont très agréables, la lumière arrive doucement, quel plaisir d’être là, ce matin tout va bien, je suis optimiste pour une belle journée. L’idéal serait qu’en fin de journée, je trouve un magasin d’alimentation ainsi qu’un distributeur CB, ce serait le top. En attendant, je suis très heureux de partir avec du linge propre, des chaussettes propres mais aussi sèches sans oublier les chaussures qui sont sèches aussi, le pied ! Il faut peu de choses pour être heureux, surtout dans cet environnement ! D’autre part, le bleu s’affirme dans le ciel, une journée qui s’annonce belle, même si cela risque de chauffer sous la casquette.

 

20210710_072915

Cela fait un quart d’heure que je suis parti lorsque je franchis mon premier torrent sur les pierres. Je suis sur la Via Alpina mais aussi sur le GR de Pays du Tour de Haute Tarentaise mais, toujours seul ! Tout se passe bien, mes pieds restent au sec. Quelques minutes plus tard, j’entends le grondement d’un second torrent, plus j’avance, plus le bruit s’intensifie, lorsque je le découvre, je suis soulagé, il y a une passerelle. Et cela ne s’arrête pas là ! Il y en a un troisième à franchir, il est plus important que le premier et moins que le second. Il y a un semblant de passerelle, c’est un tronc semi immergé, je n’ose pas mettre le pied, je le suis la rive droite un moment avant de trouver un amas de rochers pour le franchir tout en préservant mes chaussures. Je continue et traverse le hameau des Savonnes, une dizaine de maisons avec une particularité, la plupart ont leurs toilettes à l’extérieur, cela me renvoie des années antérieures lorsque, gamin, j’allais chez mes grands parents, un peu une madeleine de Proust, une époque révolue mais, heureuse.

 

Le sentier est descendant, doucement je me dirige vers la vallée de Ste Foy Tarentaise, je rejoins un chemin de 4*4, qui au final, est une piste de ski, probablement rouge car bien pentue ! Je la descends en effectuant des lacets. Je fais une pause « genoux », j’en profite pour valider la trace sur le GPS mais, je suis hors trace !! Je peste, je me suis laisser guider par cette piste de ski ! Demi-tour, je remonte, c’est encore plus raide à la montée ! Mon téléphone sonne (étonnant car il aurait dû être en mode avion !), c’est Jean Louis qui vient aux nouvelles, la conversation est brève car je souffle comme jamais, je le rappellerai plus tard. Je reviens sur ma trace et trouve la bifurcation dans une petite sente dans des herbes hautes, ça y est le GPS « matche ». Quinze à trente minutes où j’ai laissé pas mal de calories ! Le principal est que je sois à nouveau au bon endroit !

20210710_080613

Me voilà reparti et je retrouve un nouveau chemin forestier descendant et une fois de plus je dévale à bonne allure sauf qu’aujourd’hui, « je baille aux alouettes » et je suis à nouveau trop bas ! Je fais à nouveau demi-tour pour revenir sur la trace. Je repars sur une sente et m’enfonce à travers bois pour y ressortir à la Chapelle du Monal. A la sortie du Monal, je complète mon eau à la fontaine de la Mère Denis ! Cette fontaine sert de lavoir, la brosse et le battoir sont encore présents, des ustensiles présents, fraîchement utilisés. Suit une école d’escalade et je reviens sur un chemin de 4*4, je garde le GPS en main car je n’ai pas envie d’en ajouter. Je reste sur ce chemin le temps de rejoindre le hameau de Nancruet puis, c’est une minuscule sente qui me guide, l’herbe est à peine piétinée. Je m’assieds dans ce petit paradis, je suis toujours seul, c’est le silence, le temps s’est arrêté, j’ai l’impression de vivre un instant intemporel. L’ombre d’un aigle plane dans un grand ciel bleu mais, au sol c’est la panique, des marmottes sifflent et alertent leurs congénères. Tous aux abris ! Après quelques minutes, ils ressortent dressées sur leurs pattes arrière, droites comme des « I », à l’affût du moindre danger.

L'Echaillon

Il est midi, à mon tour, je me lève et reprends ma route. Quelques instants plus tard, j’aperçois presque le terme de mon étape, le Lac du Chevril retenu par le barrage de Tignes. Derrière le barrage, tout en bas, le camping des Boisses, là où je vais planter ma tente. Même si le point d’arrivée est presque visible, j’estime entre 2 et 3 heures de descente pour l’atteindre. Je continue mon petit bonhomme de chemin, passe à côté d’une petite cascade où l’eau s’éclate sur les rochers, ce qui donne un effet de brouillard, j’apprécie particulièrement ce rafraîchissement. Alors que je pensais descendre tranquillement, j’arrive face à un piton rocheux que je ne peux éviter, le sentier monte à nouveau, cela ne dure pas mais c’est bien pentu. Cette fois c’est la bonne, la descente est bien enclenchée. Alors que je suis dans mes pensées un aboiement me « réveille », un gros Patou. Il est un peu plus haut, tout comme les moutons, à l’ombre, assis sous un arbre à une vingtaine de mètres, il aboie sans relâche mais ne bouge pas. Comme ce n’est pas ma direction, il finit par se taire et aussi par me rassurer.

Le Monal

Je me rapproche à grands pas du barrage, tellement grand qu’un écureuil, avec une superbe queue en panache, me passe presque entre les jambes ! Je poursuis, enchanté d’être là, un peu plus loin, il y a une belle falaise avec, inévitablement, des grimpeurs tout proche des premières maisons du Chevril. Je retrouve le bitume qui m’emmène sur le Barrage de Tignes. De l’autre côté, sur la rive gauche de l’Isère, c’est le village des Boisses. Ici, il y a beaucoup de vie, j’en profite pour faire le plein de victuailles (pain, saucisson, fromage, céréales) et me laisse tenter par une terrasse pour une omelette jambon. Après cette belle pause, je remets le sac qui se trouve un peu plus lourd ! Il me reste à suivre la route qui, l’hiver, se convertit en piste de ski. D’ailleurs, je la suis scrupuleusement, ce qui me fait couper les lacets. C’est moins de distance mais pas de gains de temps, je suis obligé de faire des zigzags et de rester prudent. Toute cette descente, ce D-, se transformera demain en D+, un bon échauffement.

Le lavoir de la Mère Denis

Une fois au camping, je plante la tente, j’aère mes affaires au soleil, je sors aussi les dessins que Charline et Raphaël m’ont faits car ils sont un peu humides. Pour que le rituel soit complet, je passe aux sanitaires pour une excellente douche et un peu de lessive qui sera suivie d’une sieste et enfin une prise de notes pour mon compte rendu. En toute fin d’après midi, je me rends au fond du camping où se situe un chalet de jardin qui fait office de bar/restauration à côté d’une salle hors sac. Je commande un croque-monsieur salade et je m’installe sur une table occupée en partie par une personne.

 

Lac du Chevril

Au bout de quelques minutes, la conversation s’engage, nous nous racontons nos projets respectifs. Lui, fait la route des Grandes Alpes à vélo ! La charge emportée est équivalente à la mienne, 16 kg ! A ma demande, il m’avoue que c’est un ancien coureur à pied qui souhaite préserver ses genoux et qu’il n’est pas un « pro » dans ce genre de périple. Il complète ses propos en me disant : « Je ne sais pas si vous connaissez, je m’entraîne entre le Cap Blanc Nez et le Cap Gris Nez dans le Pas de Calais donc je connaîs les dénivelés courts et la pluie ne me dérange pas beaucoup y étant habitué, seule l’endurance peut me manquer mais pour l’instant tout va bien. Demain, je m’attaque au Col de l’Iseran, cela va être un beau morceau ! ». Lorsque je lui parle de mon origine, il est super content de partager un moment avec un Ch’ti ! Cela nous rapproche, deux Ch’tis en errance dans les Alpes ! Pour fêter notre rencontre, nous commandons une bière et il m’offre une crêpe au chocolat ! Il est bénévole pour la restauration du Fort d’Ambleteuse, il s’appelle François et m’invite à lui rendre visite au Fort. Notre soirée se termine précipitamment, l’orage s’invite à notre table que nous quittons sans traîner. Nous rejoignons nos tentes respectives au pas de course sans oublier de nous souhaiter une excellente continuation.

Mon bivouac et les dessins de Charline et Raphaël

Une fois dans la tente, je fais quelques étirements nécessaires pour me mettre dans le duvet, puis dodo. Enfin j’espère, car le clapotis de la pluie sur la tente s’intensifie. Le camping est au pied du barrage, sur la rive gauche de l’Isère, de chaque côté, des falaises, alors lorsque le premier éclair a illuminé l’intérieur de ma petite tente, je ne pouvais pas ignorer que quelques secondes plus tard, ça allait « péter ». Je serais bien ressorti pour voir la puissance de Dame Nature mais ça dégringole de trop ! Quel fracas ! Au final, ce fut une très belle journée qui se finit par un feu d’artifice. J’aurais fait un bon kilométrage représentant deux étapes de la Via Alpina (R120 et R121), toujours sans bâton, mon genou semble s’y faire à cet exercice quotidien. Dehors, Dame Nature n’en a pas encore fini, le vent s’est invité, juste pour secouer la tente, pas de danger que je puisse trouver le sommeil. Heureusement, lui a réussi à me trouver.

 

La vidéo de la journée, c’est ICI (2'19'')

 

 La suite, c'est ICI

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  • VRP, Voyager, Randonner, Pratiquer la montagne. Ce blog, a un seul but, partager la passion du Outdoor en montagne (randos, trails et autres) au travers de comptes rendus, de photos et de vidéos. Il y a plus de 100 publications, plus de 10 000 photos et de nombreuses vidéos. Pour être informé des publications, inscrivez-vous à la newsletter et n’hésitez pas de partager.
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